Cinéma - Mysterious Skin de Greg Araki (2004)
Je n’ai pas pour habitude d’écrire à chaud des chroniques de films. Mais parfois, il y a des ovnis, des films extraordinaires qui bouleversent, qui choquent. Mysterious Skin, du cinéaste Greg Araki est de ceux là.
Après The Doom Generation, le cineaste californien revient sur une histoire d’adolescents perturbés. Comment parler du scénario sans en gâcher l’impact. Araki a réussi le tour de force d’aborder des thèmes gravissimes avec une pudeur et une force remarquable. Servi par un casting de jeunes acteurs peu connus, le film nous fait suivre l’histoire de deux adolescents du Kansas qui chacun cherchent à comprendre ce qui les a amené à devenir ce qu’ils sont. L’un pousse toujours plus loin son enfer tandis que l’autre essaie de s’en sortir. Cette recherche finira par les réunir alors que tous les opposaient.
Araki utilise la musique comme personne. A la fois hypnotique et choquante, chaleureuse et nauséabonde, elle est aussi un personnage du film. La photo choisie n’est pas froide comme on pourrait l’imaginer vu le mysterieux sujet traité. Elle a un coté chaleureux et irréel, comme ce terrible secret. Et c’est tout cela qui nous met mal à l’aise. Car le diable a le visage d’un ange, c’est bien connu.
Depuis Requiem for a dream, je n’avais ressenti un tel choc sur un film. Pas de pleurs, pas de rires. Seulement un choc, un questionnement sur soi même, sur ce que l’on est, sur notre environnement. Car si les personnages de Mysterious Skin paraissent tous paumés, marginaux, décalés, il a suffit de si peu pour les faire basculer dans cette abysse.
Mon seul regret vient de la fin du film un peu abrupte. Et en même temps, je n’en vois pas d’autre. Car ce cauchemar n’aura jamais de fin pour les héros du film. Il n’a de fin pour personnes victimes ou coupables.