Musique - Mother’s Finest – Iron Age (1981)
Les années 80 ont été passionnantes, musicalement parlant, pour bien des raisons. Il y a eu à la fois des expérimentations musicales pour les instruments mais aussi pour les styles. Alors quand le meilleur de la soul et du funk rencontre le hard rock, cela fait des étincelles pour nous donner un album souvent oublié : Le Iron Age du groupe Mother’s Finest.
Mais qui est ce groupe justement ? Le groupe est fondé à Atlanta au début des années 70 par deux musiciens et chanteurs noirs, Joyce Kennedy et Glenn Murdock, rejoint par des musiciens blancs comme Gary Moore (rien à voir avec celui de Thin Lizzy) pour jouer du Funk Rock. Qui dit Funk rock dit donc un mélange entre le rock des blancs et le funk des noirs ce qui n’est pas courant à l’époque. En effet, les radios sont encore très orientées entre les communautés et faire le lien entre les deux n’est pas possible. Leur premier album éponyme lance d’ailleurs une pique contre cela avec le titre Nigizz Can’t Sing Rock’n Roll. Le groupe se fait vite une réputation qui leur permet d’ouvrir pour les Who en tournée au canada. Leurs prestations scéniques sont hautes en couleur et chorégraphiées, un peu à la manière de ce qui se fait en disco et en funk. Si ils se font connaître en Allemagne, par exemple, ce n’est pas le grand succès aux Etats-unis et ils s’orientent peu à peu vers des albums plus soul, bien aidés par la voix de leur chanteuse “Baby Jean” Kennedy. Mais l’envie initiale de mêler rock et funk est trop forte et le succès grandissant du hard rock les poussent à sortir un nouvel album, baptisé Iron Age.
Et d’entrée, il n’y a aucun doute avec le hit Movin’ on où la voix de Baby Jean répond aux puissants riffs de « Moses Mo ». Le morceau est une parfaite alliance entre le groove du funk, avec une ligne de basse très présente, et la rage du hard rock US de l’époque. Que dire ensuite d’un morceau comme Luv Drug avec son intro rock n roll et son refrain très soul. Baby Jean donne de sa voix à la Tina Turner par des cris et des phrases répondant aux soli de guitare. Rock ‘n roll 2 nite est lui complètement rock et c’est Murdock qui s’y colle. Autre petit chef d’œuvre de cet album que ce U turn me on avec son intro aux percussions et un son qui n’est pas sans rappeler les premiers ZZ Top. Nous sommes bien dans du hard rock’n roll sudiste mais avec un groove sans pareil. All the way est plus bluesy avec encore une fois un chant porté au sommet par Joyce Kennedy. Evolution est totalement dans cette veine hard bluesy que les anglais eux même exploraient de l’autre coté de l’Atlantique. Mais des morceaux comme Illusion apportent encore plus avec la funky touch d’Atlanta mélée à un solo terriblement prenant, des riffs dansant et rageurs. Time fait immédiatement penser au boogie blues par sa rythmique répétitive mais ici c’est à la guitare électrique saturée qu’on a droit. Gone with th’ rain est un classique rock n roll interprété par Murdock mais avec des breaks groovy et rageurs car le son est délibérément poussé sur les basses. Comment ne pas conclure par un rock ‘n roll endiablé comme Earthling avec des chœurs et des voix qui sont autant d’instruments supplémentaires. Et on voit aussi l’apparition de scratchs et de samples sur ce morceau, ce qui est très rare à cette époque où le hip hop n’est qu’à ses débuts.
Il faudra attendre Michael Jackson pour que la fusion entre le funk et le rock blanc soit acceptée par tous et diffusée largement. Mais ce ne sera qu’un an plus tard avec Thriller que le virage sera définitivement tourné. Mother’s finest n’aura pas la chance d’être reconnu à cette époque comme tel et ni les radios noires ne voudront diffuser ce qui est un album metal, ni les radios blanches qui ne passent pas de funk. Déçu par cela, le groupe retourne à son cher funk et à sa soul et le hard devient FM tandis que le funk s’harmonise avec la pop et le rock. Le groupe continue pourtant une prolifique carrière avec quelques réminiscences rock dans les années 90 ou même hip hop dans les années 2000. On retrouve Joyce Kennedy dans la tournée Daughters of soul aux cotés de filles de célèbres artistes soul.
Membres : Joyce “Baby Jean” Kennedy, Glenn “Doc” Murdock, Gary “Moses Mo” Moore, Barry “B.B. Queen” Borden, Jerry “Wyzard” Seay, Mike Keck
- Movin’ On
- Luv Drug
- Rock ‘N’ Roll2 Nite
- U Turn Me On
- All the Way
- Evolution
- Illusion (C’mon Over to My House)
- Time
- Gone With th’ Rain
- Earthling