Musique - Pink Floyd - The Wall (1979)

Difficile de parler d’un chef d’oeuvre quasi-unanimement reconnu. L”album “The Wall” des Pink Floyd en est un et il est loin d’être aussi simple d’accès que l’on pourrait penser. Il faut à la fois comprendre le concept autour de l’album, l’histoire du groupe mais aussi le contexte de l’époque qui va amener à cette oeuvre unique, doublée d’un film.

Pink Floyd est officiellement formé à Londres en 1964 par Syd Barrett à la guitare, Roger Waters à la basse, Nick Mason aux percussions et Richard Wright aux claviers. Ils sortent de leur période étudiante en cette période où le rock est psychédélique.

C’est tout d’abord Syd qui est l’auteur des compositions du groupe. Le groupe s’inscrit totalement dans la mouvance pyschédélique britannique, tantôt folk, tantôt plus rock comme leurs confrères américains. En 1967, ils sont signés chez EMI et leur premier album, The Piper at the Gates of Dawn, sort dans la foulée. C’est un succès relatif mais le groupe est déjà miné par des problèmes de drogue. Syd est devenu instable et souffre de schizophrénie, amplifié certainement par les substances qu’il ingurgite. Pour palier aux absences de Barett, le groupe fait appel à un de ses amis d’enfance, David Gilmour. Mais l’inévitable arrive : Syd Barett quitte le groupe et pour le deuxième album, A Saucerful of Secrets, il n’y a quasiment rien de lui. Le son devient plus rock tout en restant très expérimental. Ces exépérimentations trouvent leur apogée dans Ummagamma sorti en 1969. Décidément prolifique, le groupe sort Atom Heart Mother en 1970, dans un style rock avant-gardiste qui voit se méler instrumentation orchestrale classique et enregistrements de sons de la vie quotidienne. Parallèlement, le groupe a été utilisé pour des musiques de films : Barbet Shroeder pour More ou Michelangelo Antonioni pour Zabriskie Point. Difficile pourtant de classer The Pink Floyd dans les groupes populaires avec des morceaux dépassant les 20 minutes. C’est encore le cas sur leur album Meddle en 1971 qui pourtant les consacre déjà comme un groupe majeur de leur époque. Leur musique est devenu un rock progressif avec des morceaux complexes et divisés en plusieurs parties.

En 1973, le groupe sort Dark Side of the Moon avec sa pochette noire décoré d’un prisme triangulaire et un certain Alan Parsons aux manettes. Il reste un des plus grands albums du groupe et son premier véritable succès planétaire avec le titre Money. Moins planant mais toujours avec l’utilisation d’échantillons sonores, il s’inscrit aussi dans les thèmes en vogue en ce milieu des années 70 alors que la crise pétrolière n’a pas encore eu lieu. Mais difficile de repartir après un tel succès. Le groupe expérimente dans tous les sens et semble perdre l’inspiration. Ce n’est dont qu’en 1975 que sort Wish you were here et son titre pierre angulaire qu’est Shine on you crazy diamonds, hommage déguisé à Syd Barrett. En 1977, Animals donne une place plus importante aux guitares mais est aussi une satyre de la société représentée par 3 castes d’animaux.

En 1978, Roger Waters présente un projet d’album qu’il a baptisé The Wall et articulé autour de l’idée du mur séparant l’artiste de son public. En effet, Waters a du mal à supporter la barrière qu’il y a entre sa vision de sa musique et la manière dont peut la recevoir son public. Pour ce projet ambitieux qu’il voit à la fois comme une oeuvre scénique et un film, il fait appel à Bob Ezrin, alors avec Kiss et Alice Cooper et James Guthrie, collaborateur de Parsons et qu’ils ont déjà croisé. Mais la trame a déjà été batie par Waters. Le groupe travaille pendant huit mois pour ce double album et construit une oeuvre complexe avec l’apport non négligeable de David Gilmour.

L’album, comme tout concept, s’articule autour d’une histoire : Celle de Pink, jeune homme orphelin de son père tué à la guerre et à la mère omniprésente. Il est tyranisé par des professeurs qui veulent le fondre dans un moule qu’il ne veut pas. Il se réfugie alors dans son imaginaire et se construit un mur pour se protéger du monde. Paradoxalement, il devient aussi une rock star et son mur, batti par ses mauvaises expériences, finit par l’éloigner de ses proches. Il sombre dans la folie et son entourage le drogue pour qu’il puisse assurer ses prestations, cela continuant de l’isoler dans un imaginaire qu’il ne maîtrise plus. Il devient avide de pouvoir, dictatorial et voudrait manipuler et diriger son public. Quel sera l’issue pour parvenir à détruire ce mur ?

Cette histoire nous est racontée à travers cet enchaînement de morceaux tantôt rock, tantôt planants, tantôt orchestraux et épiques. Il y a évidemment une part autobiographique importante dans cette oeuvre, que cela soit dans la propre vie de Waters mais aussi dans celle d’autres membres du groupe et on sent toujours l’ombre de Syd Barrett. Si une première écoute peut faire penser à un enchevêtrement de musiques hétéroclytes, il faut se laisser aller à ouvrir cette petite porte dans le mur pour comprendre l’histoire elle même. Les nombreux échantillons sonores utilisés aident d’ailleurs en cela. Evidemment, le jeu de basse de Waters est très présent mais la cohésion avec le jeu aérien et inspiré de Gilmour est totale. En cela, le morceau “Confortably Numb” de Gilmour est un des pièces maîtresses de l’album. Le long solo de guitare devient une voie supplémentaire qui répond à celles de Waters et Gilmour qui représentent celles du héros et du médecin qui administre les drogue. Le thème récurrent, “Another Brick in the Wall” est parsemé tout au long de l’album et une version single en sera tirée. Le film (réalisé en 1982 par Alan Parker) et le clip qui accompagnent plus tard l’album vont évidemment grandir le succès, tandis que quelques concerts à la scénarisation complexe finiront d’assoir la légende. Le succès est à la fois critique et public et en fait le deuxième plus grand succès du groupe après Dark side of the Moon.

Mais comment continuer après une oeuvre aussi majeure qui semble puiser dans le tréfond des membres du groupe. L’enregistrement de l’album laisse des traces. Waters a la main mise sur le groupe et en 1983, The Final Cut est plus un album solo. Waters quitte finalement le groupe en 85, qu’il pense ainsi dissoudre. Mais Mason et Gilmour continuent en enregistrant en 87 A Momentary Lapse of Reason, un album qui retrouve le style de Gilmour, à savoir une place importante donnée à la guitare et à la musique. Un dernier album, The Division Bell clotûre l’aventure Pink Floyd, en demi teinte certe mais avec une monumentale tournée comme adieu. Syd Barett décède en 2006 et Richard Wright en 2008.

En video : video

Disque 1 :

  1. In the Flesh ?
  2. The Thin Ice
  3. Another Brick in the Wall, Part I
  4. The Happiest Days of Our Lives
  5. Another Brick in the Wall, Part II
  6. Mother
  7. Goodbye Blue Sky
  8. Empty Spaces
  9. Young Lust
  10. One of My Turns
  11. Don’t Leave Me Now
  12. Another Brick in the Wall, Part III
  13. Goodbye Cruel World

Disque 2 :

  1. Hey You
  2. Is There Anybody Out There ?
  3. Nobody Home
  4. Vera
  5. Bring the Boys Back Home
  6. Comfortably Numb
  7. The Show Must Go on
  8. In the Flesh
  9. Run Like Hell
  10. Waiting for the Worms
  11. Stop Roger Waters
  12. The Trial
  13. Outside the Wall

cover


Ecrit le : 18/08/2010
Categorie : musique
Tags : musique,rock,1970s,

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