Environnement - Négawatt, entre utopie écologique et réalisme économique

L’association Negawatt a publié son scénario 2011 pour une sortie du nucléaire et une évolution de la consommation énergétique en France. Utopie pour certains, réaliste pour d’autres…Qu’en est-il réellement ?

Le document de cette association est de présenter des pistes pour sortir du nucléaire et améliorer l’efficacité énergétique de la France et de la comparer à l’évolution naturelle, appelée “tendanciel”. Tout le document montre les deux résultats, le scénario négawatt cumulant le résultat de toutes les politiques possibles, sans apporter de coût économique en face. Ce point explique le fait qu’on traite le projet d’utopie. Pourtant, si l’on utilise correctement le rapport, il est une base intéressante pour mieux définir les axes de progrès en fonction de leur apport à l’économie d’énergie. Chacun devra alors mettre en face le coût des mesures pour, par exemple, définir les choix de sources d’énergie dans le cadre d’un débat national.

Le second problème du document est de se focaliser sur deux points majeurs : la sortie des énergies fossiles et la sortie du nucléaire. Le modèle utilisé est une France indépendante de l’extérieurà l’image d’un calcul théorique de rendement énergétique. Le facteur économique n’étant pas pris en compte, l’impact du document s’en trouve réduit. C’est pourtant un point essentiel qui peut influencer les mentalités et permettre ou non de valider les politiques choisies. Ainsi la sortie des énergies fossiles et du nucléaire ne seront validables qu’en montrant qu’il y a aussi un fort risque de renchérissement de ces énergies à travers la fourniture de matière première, le problème des déchets, la géopolitique.

Voyons maintenant les éléments de calcul et les pistes choisies.

Sur ces points, Négawatt a donc une vision réel des axes de progrès mais utopique dans leur progression car ils sont extrèmement dépendants de politiques volontaristes, coûteuses et dépendantes de l’extérieur. La situation économique ne plaide pas pour cela avec des industries pensant au profit immédiat et pas au long terme.

Voyons maintenant l’évolution des sources d’énergie : Négawatt liste les sources possibles et n’en oublie aucune, insistant sur le fait que la France est privilégiée pour l’hydroélectricité, ses côtes pour l’énergie maritime, la possibilité du recours à l’éolien dans les zones venteuses, le solaire thermique, totalement sous-exploité et laissé pour compte par NKM et la biomasse dont nous avons déjà parlé il y a quelques semaines. Là encore, Négawatt est réaliste sur les possibilités d’évolution mais moins dans la rapidité de l’évolution qui comprend un temps de l’instance pour l’installation de ces moyens, même avec une politique rapide et efficace. Le cas des pays nordiques le prouve avec des politiques lancées il y a plus de 10 ans et qui ont porté leur fruits petit à petit avant de réellement prendre de l’importance.

Négawatt se base évidemment sur tous les points précédents pour bâtir un scénario de transition énergétique, un abandon du fossile et du nucléaire d’ici à 2050. Même dans sa vision la plus utopique, certaines phases montrent un manque d’énergie produite, sachant que nous importons déjà de l’électricité dans les périodes de fortes consommation. Car le scénario Négawatt, comme tous les autres et ceux d’Areva compris, lisse le besoin annuel sans tenir compte des pics. Des évolutions sont possibles pour améliorer cette dépendance aux saisons et mettre en place des “réseaux intelligents”. Ce dernier aspect est abordé dans la déperdition d’énergie à la production et à la distribution.

Deux schémas très complexes à lire résument le tendanciel et le scénario Négawatt. S’ils sont inexploitables en l’état par des politiques, ils ont le mérite de montrer les relations entre tous les éléments cités. Les deux ne sont pas viables et c’est entre les deux que nous devrons choisir d’aller selon nos moyens. A l’heure actuel, il n’est pas réaliste de dire que le scénario Négawatt valide des sorties immédiates du fossile et du nucléaire, tant le retard pris est conséquent. Le Grenelle de l’environnement est l’arbre qui a caché la forêt et le peu de mesures prises sont des gouttes d’eau dans un océan de mesures. La démarche Négawatt, aussi criticable soit-elle, permet de prendre conscience de l’absence de politique volontariste et concertée dans le domaine énergétique. Pour faire évoluer nos mentalités, il faudra la rendre lisible, présenter des cibles chiffrées et réalistes économiquement, la réponse de nos politiques et industriels étant le plus souvent : NON, c’est trop cher.

Car non, ce n’est pas forcément cher si les dépenses deviennent des gains sur 30 ans. Quelques exemples :

Ce ne sont que quelques exemples des possibilités qui sont trop souvent balayées du revers de la main. Le scénario Négawatt ne sera accepté qu’avec cet aspect économique sinon nous aurons encore droit à : “L’écologie, ça va comme ça….” (N. Sarkozy)


Ecrit le : 05/12/2011
Categorie : environnement
Tags : écologie,énergie,environnement,pollution

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