Culture - Son prix à travers le monde
Après un dernier article où un lecteur habitant au Brésil nous accusait d’être avare, nous avons regardé le prix des livres dans différents pays du monde. Effectivement, le France n’est pas à plaindre sur ce point même s’il faut prendre garde au dérive. Mais il est intéressant de dresser un panorama des prix des différents supports culturels que sont la musique, la littérature et le cinéma dans les différents pays du monde.
Nous avons choisi de prendre les 20 plus grands pays ainsi que quelques pays représentatifs de chaque continent. Pour chacun, nous avons prix le prix d’une place de cinéma, le prix d’un livre et le prix d’un CD de musique, en moyenne. Nous avons mis cela en rapport avec le salaire moyen du pays le tout ramené en Euros pour plus de facilité de comparaison, au cours actuel. Enfin nous nous sommes basé sur la consommation moyenne d’un français : 3 films par an, 4 livres par an et 2 disques par an.
Malgré les grosses disparités dans les salaires, mal représentées par le salaire moyen, il est possible de voir que la culture est très souvent un luxe et le plus souvent, c’est le livre qui est le plus luxueux. Il est vrai que nous avons utilisé les prix des circuits officiels et non les prix des disques piratés et des cinémas officieux dans les campagnes. Ainsi, la Chine est très défavorisée en terme de cinéma. Mais le prix du livre est particulièrement cher dans les pays africains avec le record pour le Mali où c’est 60% du salaire moyen ! A comparer aux 0,2% du Japon ou 0,3% de la France.
Pour le cinéma, nous voyons que le Japon paye très cher le démantèlement de son industrie cinématographique maintenant essentiellement tournée vers le sexe tandis que l’Inde est très bon marché grace à sa puissante industrie cinématrographique. Le Brésil, comme l’avait soulevé un lecteur, est particulièrement cher pour tous les produits culturels, bien plus que l’Argentine par exemple ou la Chine, l’Inde et même le Vietnam. A noter qu’il a été très difficile de trouver des informations pertinentes en Arabie saoudite ou au Mali du fait du peu de développement du web d’un coté ou du manque de repères sur des oeuvres “occidentales”. Il faut rappeler en effet que les oeuvres locales sont plus ou moins favorisées selon les pays. Là encore, les pays riches ont la chance souvent de diffuser leur culture à travers le monde. Ainsi, malgré la puissance du cinéma indien, ou de la Chine dans son ensemble, leur rayonnement culturel dans le monde est moindre que les pays les plus riches… du moins pour l’instant car il en va aussi de la volonté politique. Ainsi voit on que le Japon diffuse ses mangas très largement ou que la Corée du sud se fait une petite place à traver musique, cinéma et même manga depuis sa montée en puissance.
Mais si on se base sur la consommation moyenne d’un Français, les disparités s’amenuisent un peu.
La culture coute donc 107 fois plus à un Malien qu’à un Américain. Le fait que la musique et le cinéma soient un peu moins cher aux USA accentue l’écart avec les autres pays riches qui sont sensiblement équivalents. Il faut toutefois prendre en compte les fortes disparités à l’intérieur des pays entre campagne et ville par exemple où le salaire peut être divisé par 10. L’Afrique du sud obtient un très mauvais résultat montrant que l’accès à la culture y est très difficile. Par rapport à l’Hexagone, le rapport est de 3,5 avec l’Algérie ou le Brésil ou 3 avec le Vietnam. Nous pourrions presque résumer : Plus les pays sont riches, moins la culture est chère.
S’il était plus facile d’accèder gratuitement aux oeuvres du domaine public, cela ne résoudrait pas pour autant le problème car il subsiste une fracture numérique encore plus importante au même titre qu’une fracture sur l’alphabetisation. Et nous avons vu que certains profitent de cette excuse de la fracture numérique pour expédier des déchets dans ces pays pauvres. Plus que jamais numérique et culture sont liés pour ces pays défavorisés et la main mise sur la culture chez nous aura un impact sur la diffusion de cette culture chez eux. Defendre cette liberté, c’est aussi permettre une meilleure diffusion de l’éducation et de la culture ailleurs dans le monde