Cinéma - A Serbian Film de Srdjan Spasojevic (2010)
Que peut-il y avoir de pire à montrer au cinéma ? La violence, le gore, des pratiques sexuelles interdites ? Le Snuff-movie, entre légende urbaine et fantasme, est certainement le pire du pire et A Serbian Film, du réalisateur Sjrdan Spasojevic traite, à sa manière de ce sujet.
The Brave, de Johnny Depp, avait esquissé ce sujet en se plaçant du coté d’une victime. Mais cette fois c’est du coté des tortionnaires que nous nous retrouvons. Il nous propose de suivre un ancien acteur porno, devenu père de famille, et qui accepte un contrat pour un film “d’art” avec un mystérieux réalisateur qui le paye grassement. Son frère est un policier corrompu et le réalisateur n’aurait jamais rien tourné mais vit dans le luxe et entretient des liens avec une sorte de mafia à l’allure martiale.
Le film a été censuré et interdit dans bon nombre de pays. Le réalisateur le vend comme une satyre sociale de son propre pays mais il faut bien constater qu’il y accumule le pire du pire : Pédophilie, zoophilie suggérée, SM, nécrophilie et surtout deux scènes parmi les plus affreuses : Une relation sexuelle avec une femme se faisant décapiter et avec un bébé. Oui, vous avez bien lu et pourtant je ne fais pas de spoiler sur l’intrigue ! Techniquement, le film est bien réalisé et le scénario reste habile avec de bons dialogues laissant planer le mystère et le suspens. Mais devait-on en arriver jusqu’à ces extrémités pour dénoncer, soit disant, une situation ? Ou n’est-ce finalement qu’un moyen de faire parler de soi. Il est vrai que la Serbie a connu le traumatisme de la guerre civile avec son cortège d’horreurs traumatisantes. On peut donc y voir une résurgence de ces images et l’aspect martial de l’équipe de tournage de ce snuff-movie rappelle les milices para militaires ayant commis des massacres. Pourtant le discours revendicateur apparaît pauvre. Il est plus intéressant de constater le retournement final….
La barbarie qui se dégage du film est d’autant plus dérangeante qu’elle semble “naturelle” chez les protagonistes, en dehors du héros qui est drogué dans ces scènes. Cette violence poussée au paroxysme est-elle montrée pour justement dévoiler à quel point l’humain peut être un monstre, même sous les plus beaux atours ? C’est le malaise qui entoure le film. On se demande en effet, si certains y trouveront de l’excitation ou détourneront le regard devant ces scènes.
On peut croire que c’est encore du grand n’importe quoi dans le genre gore. Mais ce film reste pourtant largement meilleur que les ridicules productions américaines du genre comme Hostel. Le recommandera-t-on pour autant ? Juste pour celui qui n’est pas convaincu que l’homme est un nuisible en puissance pour cette planète, alors.