Cinéma - Metropolis de Fritz Lang (1927)
S’il est un film de l’ère du muet qui est souvent cité, c’est bien Metropolis de Fritz Lang. Il l’est d’une part comme témoignage de l’expressionnisme allemand dans le cinéma, pour ses différentes versions, pour son message social et pour sa modernité, sa longueur aussi.
Nous sommes en 1927 et le nazisme commence à poindre le bout de son nez en Allemagne mais le pays se redresse sous la république de Weimar. La crise n’est pas encore là et le milieu artistique est bouillonnant. Fritz Lang et sa compagne Thea Von Arbou vont écrire ce film de science fiction où la ville de Metropolis, en 2026 est divisée en 2 classes : Les travailleurs dans la ville basse face aux riches dirigeants qui peuplent la ville haute et ses gratte-ciels. Un des fils d’un dirigeant tombe amoureux d’une fille de la ville basse et essaye de convaincre en vain son père d’améliorer les conditions de travail. L’inventeur des machines qui alimentent la ville a pour projet de créer un robot, qui doit semer le trouble parmi les ouvriers qui veulent se révolter.
On voit bien la dimension sociale du film dans une période où l’Allemagne se reconstruit tout en étant ponctionnée par le Traité de Versailles. Une période aussi où l’on observe les résultats des théories marxistes dans la Russie toute proche.
Voilà qui explique ce scénario futuriste mais aussi la forme très soignée du film avec des décors monumentaux, des effets spéciaux jamais vus alors. Cette beauté plastique et la fascination qui émane du robot femme joué par Brigitte Helm, sont pour beaucoup dans le fait que le film est devenu indispensable. Car il est aussi vrai que c’est un film très long, trop “bavard”, au jeu parfois ampoulé. Il est vrai que l’histoire d’amour reste classique et que la science fiction n’a rien de celle déployée quelques années auparavant par Mélies. Sa place dans l’histoire même du monde est remarquable. Lang partira ensuite d’Allemagne pour fuir le nazisme tandis que sa femme y collaborera. Cette opposition de deux caractères et deux perceptions est pour beaucoup aussi dans ce que l’on peut ressentir d’ambivalence dans ce film.
Un film que l’on peut voir maintenant dans une version plus proche de l’original, malheureusement disparu. Giorgio Moroder avait également produit un montage plus court accompagné de musique New Wave dans les années 80 et qu’il n’est pas inutile de comparer.
Mais grace à Archive.org, on peut le voir gratuitement !