Cinéma - Blade Runner de Ridley Scott (1982)

J’étais resté sur un souvenir des années 80 pour ce film : Une ambiance, une musique, une histoire de P.K. Dick. Mais je craignais le poids des ans avant de le revoir en Director’s cut.

Et pourtant, immédiatement la magie a opéré avec ce Los Angeles qui rappelle à la fois un néo-Tokyo ou un New-York. Malgré quelques effets datés au début, tout est cohérent. Evidemment, un peu comme Brazil, certains matériels vus comme futuristes à l’époque paraissent banals ou passéistes aujourd’hui mais après tout, on fait bien du Steam Punk en SF aujourd’hui. Et ça se passe en 2019 : «Six réplicants du modèle Nexus-6, génération extrêmement perfectionnée d’une durée de vie limitée à quatre ans (pour éviter qu’ils ne s’humanisent) détournent un vaisseau spatial. Ils massacrent l’équipage et les passagers, avant de regagner la Terre. Ils essayent de s’infiltrer dans la Tyrell Corporation ; deux d’entre eux meurent lors de la tentative et les autres s’échappent. Plus tard, Dave Holden, un blade runner, fait passer le test de Voight-Kampff à Leon Kowalski, un nouvel employé de la Tyrell Corporation. Mal à l’aise, Leon, qui est l’un des réplicants impliqués dans l’évasion, lui tire dessus. On fait alors appel à un ancien Blade Runner, Rick Dekkard (Harrison Ford), pour retrouver ces renégats dont leur chef Roy Batty (Rudger Hauer).

Image On voit ici que nous sommes loins des lois de la robotique d’Asimov car ces robots aussi intelligents que l’homme ne veulent plus être des esclaves. La nouvelle de Dick qui a inspiré le film s’appellent «Les Robots rêvent-ils de moutons électriques». Tout un programme. Nous sommes loin du film d’action comme on en a l’habitude pour la SF. Le film a une ambiance de film noir classique avec ses bas-fonds, tout en y ajoutant une ambiance futuristes faite de néons, d’écrans, de brume et d’atmosphère moite. Si aujourd’hui cette ambiance a été revue dans d’autres films, il est ici précurseur. C’est un film plus psychologique, qui questionne sur ce qui fait l’humanité, notamment à travers le personnage de Rachel (Sean Young). Le personnage central de Eldon Tyrell (Joe Turkel) est inquiétant, sorte de Dr Frankenstein ou de Rotwang (Metropolis). Je n’avais pas remarqué lors de mon/mes premiers visionnages des années 80 la place des animaux dans le film, face à cette recherche d’humanité et … de liberté.

A l’époque, je fus très marqué par la musique de Vangelis, tantôt synthétique, tantôt ambient et jazz avec ce fameux thème au saxophone. Cela fonctionne toujours sur moi, Scott intégrant même cela très bien dans le film par la place du piano. Je n’avais par contre pas fait autant attention au placement produit omniprésent. Là aussi, précurseur ? Certains dialogues ont vieilli dans la perception du relationnel homme-femme que l’on a actuellement. Ce qui constitue la construction de la mémoire affective pour les réplicants peut aussi apparaître discutable dans un monde connecté comme le notre. Mais dans cette vision décadente du monde, il peut y avoir une certaine cohérence. Nous ne sommes pas dans un monde cyberpunk à la William Gibson. J’arrive à faire totalement abstraction de ces détails car justement le film est cohérent dans son ambiance prenante. Il est homogène entre son ambiance sonore et visuelle, même aujourd’hui. Étrangement, c’est le rythme qui surprend pour une durée de presque 2H. Il y a ce faux rythme qui nous embarque, nous captive par l’ambiance et nous inquiète même en attendant la rupture, la rencontre finale entre Hauer et Ford. Je pourrais épiloguer sur le magnétisme d’Hauer, acteur trop souvent oublié, face à un Ford finalement très classique.

Vous l’aurez compris, le Blade Runner originel vaut toujours le visionnage malgré tous les progrès du cinéma de science-fiction. Une sorte de Remake ou de suite a été faite par Denis Villeneuve mais le fallait-il vraiment pour ce film devenu culte et iconique ? Une autre question…qui vaut pour bien des suites et remakes.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

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Ecrit le : 14/08/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,science-fiction,1980s

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