Musique - Quel avenir pour les musiciens ?

C’est suite à un article de Frederic Bezies, lui même par rapport à un dessin de Péhä, que je me lance à mon tour à parler d’avenir de la musique. C’est aussi parce que je ne pouvais aborder ce sujet sur Histozic.fr, site consacré à la découverte d’artistes et de musiques.

J’avais déjà parlé de la situation des artistes, actuellement, de leurs vrais revenus lorsqu’ils sont sous contrat dans des majors. Ce n’était déjà pas par les ventes qu’ils gagnaient leur vie. C’est encore moins le cas, paradoxalement, avec le numérique. Paradoxalement car cela devrait leur permettre de se réapproprier leur musique, de traiter plus directement avec leur public. Il n’en est rien….du moins sur les grandes plateformes comme itunes, amazon mp3, etc,et encore moins sur celles de streaming, tenues à la gorge par ces mêmes majors.

Car comme le souligne Frederic, il y a maintenant d’autres choix pour ceux qui n’écoutent plus trop les radios commerciales, qui aiment découvrir par eux même. J’avais parlé, il y a très longtemps, de Jon Crosby (V.A.S.T.) qui avait sa propre plateforme de vente et même de crowfunding avant l’heure pour financer ses albums à des prix défiant toute concurrence (moins de 7 Euros souvent). Un ami musicien amateur m’avait fait découvrir Jamendo mais je n’ai jamais vraiment accroché à l’interface, surtout qu’à l’époque je n’avais pas les moyens d’écouter en streaming où je le voulais. Aujourd’hui, en dehors des horribles Deezer et Spotify (beurk, le flash..), il y a bien soundcloud pour les mixs mais c’est surtout Bandcamp qui m’a fait craquer. Je citerais aussi à une moindre échelle CD Baby qui a du mal à sortir du giron nord-américain, voir scandinave. Plus que des sites pour artistes indépendants, ou des plateformes de streaming, ce sont surtout des moyens pour les artistes d’être directement en prise avec un public plutôt pointu et curieux mais surtout un public qui accepte de payer un juste prix pour leur oeuvre.

Car si on pirate parfois un single radiophonique sympa, on veut bien payer 6, 7, ou 10 Euros pour un album quand on sait que ce ne sont pas 70 centimes qui seront versés à l’artiste mais plus de 80% du prix versé. Ces plateformes centralisent, facilitent sans être le jouet de machines marketing. C’est véritablement à l’artiste de faire ses preuves, de faire sa promo par ses réseaux et de capter l’attention. Comme Frédéric, mes derniers achats et vraies découvertes se sont faites ici, même si je suis aussi d’autres artistes de renom ou d’anciennes découvertes toujours en recherche de notoriété. Mon collègue de webzine utilise plus des techniques traditionnelles : forums spécialisés, petits labels indépendants, bouche à oreille et magazines. Qu’importe finalement tant que l’on sort des sentiers trop balisés.

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Il y a heureusement encore quelques surprises issues des circuits purement commerciaux. Je ne vais pas caricaturer non plus en disant que tout ce qui est underground c’est bien. Mais j’observe une scission du marché du numérique vers du qualitatif plus que du quantitatif. Il y a déjà la possibilité de choisir un format autre que Aac ou Mp3. Pour ma part, c’est Ogg Vorbis ou rien, à la limite le Flac mais je le trouve trop gros. C’est aussi l’écoute au casque (même si là aussi je fais des compromis avec mes Koss et Sennheiser). Etant plus éclectique que madame (la superspécialiste du hard et du metal dans la famille), j’aime avoir une plateforme qui offre de la diversité. Pour ça je suis servi avec Bandcamp (mais aussi Jamendo si je le souhaitais). Je pense que j’aurais pu m’intéresser à Qobuz mais le site n’a jamais pu me séduire par ses formules et sa profusion de bandeaux . Je n’ai pas envie d’être abonné et donc attaché à un service. Je n’ai pas envie de DRM, j’aime butiner dans un style, aller au hasard. J’aime quelque chose de simple, d’épuré et surtout savoir à qui va l’argent que je donne.

Alors je ne pense absolument pas être un cas majoritaire ni même quelqu’un de puriste au niveau du son….donc je suis dans une niche du marché. Les majors permettent de mettre en branle leur machine marketing pour aborder le grand public et remplir des salles de concert. Mais elles se nourrissent bien trop sur la bête jusqu’à tuer la musique par leurs pratiques. C’est finalement un équilibre à trouver. Je me remémore l’histoire d’une artiste comme Beth Hart qui a mis du temps à faire son trou, et qui maintenant est clairement dans une optique grand public avec une musique moins originale qu’auparavant, plus consensuelle. On trouvera des tonnes d’exemples du même tonneau (Green Day, Linkin Park…ok j’exagère) et entre la liberté de l’auditeur et celle de l’artiste, il y a des points communs. Le vivier de création reste sur ces plateformes indépendantes qui vont se développer, se regrouper, vivre et mourir, et puis nourrir ensuite ces machines infernales pour les “meilleurs” d’entre eux. Dans les interviews avec ces jeunes artistes, je pose souvent des questions sur ce sujet de l’avenir, du rôle des médias sociaux,…Beaucoup sont très réalistes, et ce qui compte surtout c’est qu’il fasse leur art pour de bonnes raisons, surtout une : La passion. En vivre, c’est un peu comme les sites web : Où tu vends ton âme, où tu te contentes d’un public plus limité, plus fidèle qui voudra bien te suivre live. A condition que les “tourneurs” ne soient pas trop gourmands aussi.


Ecrit le : 27/08/2015
Categorie : musique, reflexion
Tags : art,blog,internet,Musique,piratage

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