Histoire - Hiroshima, 70 ans... et un anime
Le 6 août 1945, une bombe atomique explosait sur Hiroshima. 70 ans plus tard, comment montrer l’horreur de ce jour?
On connaît déjà le chef d’Oeuvre de Takahata Isao, Le Tombeau des Lucioles, qui traite de la seconde guerre mondiale vécue par les civils japonais. Mais il s’agissait ici d’un bombardement à Kobe. Pour trouver une oeuvre qui décrive bien ce qui s’est passé à Hiroshima, il faut aller voir le manga “Hadashi no Gen” de Nakazawa Keiji, paru en 1973 et qui se focalise là encore sur le sort de deux enfants. A la fin de la parution de ce manga, un studio japonais a décidé de le mettre en images animées. Madhouse a confié cela à Shinzaki Mamoru.
Le réalisateur n’a pas hésité à montrer toute la cruauté de ces instants qui déjà avaient fait du manga une oeuvre majeure. Si les deux films qui en sont issus (Gen D’Hiroshima et Gen D’Hiroshima 2 en français) conservent un style typique des productions japonaises des années 80, ils gardent une puissance très supérieure à de nombreux films de guerre. Le fait que les héros soient des enfants rajoute au pathos, tout comme les scènes où l’on voit des mères et leurs enfants irradiés. Mais on a peine à imaginer les conséquences de cette bombe sans cela. Quelques coupes (parfois regrettables) ont été faites pour fluidifier le récit et se concentrer sur l’horreur de ces cadavres ambulants, de ces chairs en décomposition, de l’angoisse des survivants, des discriminations dont ils étaient victimes, bouleversant au passage l’image d’un japon solidaire et uni.
Évidemment, c’est un discours pacifiste qui prédomine dans cette œuvre. Elle accable presque plus le Japon que les Américains, dont on sait maintenant qu’ils avaient des alternatives crédibles à cette issue. Le rôle des militaires et de l’empereur n’est pas masqué, autant que le racisme envers les coréens, et ensuite contre les irradiés. Le second volet est d’ailleurs plus axé sur ce thème, sur la survie et jusqu’où il faut aller dans la transgression des règles inculquées pour survivre. A l’heure où des conflits continuent à essaimer à travers le monde, où le racisme grandit et la solidarité disparaît, il n’est pas inutile de replonger dans ces heures sombres à travers une œuvre aussi accessible.