Web - Anonymat, Pseudonymat, et caetera
Le débat est continuelsur le pourquoi de l’utilisation d’un pseudo au lieu de son propre nom dans une activité numérique. Ayant utilisé les deux, je trouve opportun d’exprimer un avis sur la question.
Si j’ai utilisé les deux modes d’expression, c’est parce qu’il ne s’agissait pas de la même activité. Entre écrire des articles culturels et généralistes, faire de l’activisme et parler dans son domaine professionnel, il y a plusieurs approches.
Dans le premier cas, je n’ai pas trouvé la nécessité de protéger mon identité. Faire une critique littéraire, cinématographique ou musicale n’implique pas l’auteur autant que pour le reste. Il est rare d’avoir des problèmes autour de ces sujets et qu’importe si cela donne quelques informations sur nos goûts. Ce sont des sujets dont on parle autant dans le domaine professionnel que privé. Pour le domaine technique et informatique, je pourrai tout à fait utiliser mon propre nom. Mais ici, je traite d’autres sujets plus sensibles.
C’est déjà plus difficile d’afficher son identité dans l’activisme, surtout s’il s’agit d’une activité titillant particulièrement un premier ministre français, si vous voyez ce que je veux dire. Il est probable qu’après quelques manifestations, bien que discret, je sois l’objet d’une fiche aux RG, même partiel. Ma proximité toute relative avec quelques “leaders” du mouvement concerné fait que j’ai bien nettoyé, autant que possible, les traces faisant le lien entre cet activisme et le reste. Si cet activisme n’affecte ni ma vie privée ni ma vie professionnelle, c’est justement en créant des barrières à travers noms, surnoms et pseudos.
Et puis il y a le sujet professionnel. Si je ne dévoile jamais des secrets concernant mon métier, il m’arrive de parler, ici et ailleurs, de ce que je vois, de ce que je pressens, de ce que je sais. Je ne peux utiliser mon propre nom pour donner un avis, ni même dévoiler pour qui je travaille, ce qui polluerai les sujets traités en faisant croire à un parti-pris. Le mélange des genres serait aussi malvenu que si j’affichais un positionnement politique haut et fort dans mon activité. J’affiche déjà fièrement mon végétarisme et mon militantisme animal , c’est déjà bien suffisant.
Dans le blog politique et géopolitique que je tiens très épisodiquement, j’utilise évidemment un pseudo. Beaucoup de blogueurs et commentateurs politiques le font aussi, à moins d’avoir une volonté d’être eux même en politique. Je n’ai pas de volonté d’en faire une profession, de travailler dans la diplomatie, donc je marque là aussi une frontière entre cette activité et les autres. De plus, mon pseudo étant plutôt courant, il est finalement pratique en laissant planer le doute sur le fait que ce soit moi ou pas sur tel ou tel forum. J’ai même des homonymes avec mon vrai nom sur Facebook.
Utiliser des pseudos ou être dans l’anonymat est important à conserver. Dans un monde où les libertés sont en régression, où l’on a peur des autres et même de son voisin, cela nous protège (un minimum). Qui sait si demain nous ne serons pas à la place de ces activistes, militants et résistants dans des pays sous dictatures. Si l’on nous privait de cet anonymat, si nous n’apprenions pas à faire la séparation entre ces différentes activités numériques, cela serait un véritable danger. On a le droit de penser que j’ai une vision catastrophiste et sombre de l’avenir et pourtant c’est l’histoire qui nous rappelle l’utilisation de l’anonymat et des pseudos. Tout le monde ne donne pas dans l’activisme ou la politique de toute façon et personne n’est forcé d’user de cet anonymat. Certains en abusent même en trollant. Mais pour la génération Y, Z ou ce qu’il y aura après, il convient d’apprendre à user de cela à bon escient.