Géopolitique - Terre de migrants

Ils font l’actualité bien malgré eux entre la Méditerranée, la Manche ou les détroits d’Asie du Sud-est. On leur dresse des obstacles, murs, barbelés mais rien n’y fait : Nous sommes sur une terre de Migrants.

L’histoire de la terre a été faite de migrations. Nous sommes tous des enfants de migrants (cf carte ) et de grands pays d’aujourd’hui se sont battis sur ces migrations, au pris de massacres des autochtones. Elles ont été économiques, écologiques, religieuses, causées par des guerres ou des catastrophes naturelles et aujourd’hui on estime à 232 Millions (légaux et illégaux) le nombre de migrants dans le monde, soit 3% de la population mondiale. 60% vivent dans les pays du nord et les migrations se sont accélérées dans les années 2000 alors même que, selon ces mêmes statistiques, la pauvreté a diminué dans le monde. C’est justement que ce n’est pas le seul facteur de migration, contrairement aux mythes entretenus. D’ailleurs, sur ces dernières années, le nombre de migrant a plus vite cru dans les pays du sud, notamment l’Asie. En 2012, les pays accueillant le plus de migrants sont (Source OCDE) :

(on notera qu’en Suisse, la migration concerne aussi nos propres ressortissants français ! ). Pour être exact, il faudrait corriger les chiffres aujourd’hui en Jordanie, Liban et Turquie qui accueillent chacun plusieurs millions de réfugiés Syriens, jusqu’à 25% de la population globale.

Bon, voilà, fini avec les chiffres ! Passons maintenant au concret… Que faire face à ces migrations ? Il y a visiblement deux écoles, dont une prédomine actuellement : Refuser et se barricader devant les migrants. On a vu des murs se bâtir, des miradors, des armées utilisées pour ça et pourtant, les candidats à la migration sont de plus en plus nombreux. En France aujourd’hui, on nous parle de ces milliers de migrants qui veulent rejoindre leur eldorado (pour des raisons familiales, linguistiques, historiques), l’Angleterre. Avant ils ont traversé d’autres pays comme l’Italie, des mers, des déserts, des montagnes, avec à chaque fois un bon pourcentage de morts, et des sommes qu’une vie aurait du mal à rembourser parfois. Compte tenu de ces épreuves, l’autre pensée serait de les laisser arriver à leur but sans entrave, ceci déjouant aussi le rôle des passeurs. Sur le lot, on peut penser raisonnablement que quelques déçus reviendront par eux-même dans leur pays d’origine, parmi les migrants économiques (40% des migrants). Mais la peur de “l’appel d’air”, même de courte durée, reste compréhensible. Cependant la reconduite à la frontière ou dans leur pays d’origine des illégaux, a non seulement un coût, mais ne montre pas d’efficacité. Pour beaucoup c’est la mort, la misère car ils ne peuvent revenir dans leur village/ville d’origine. D’autant que, pour la France, les règles définies pour l’obtention de papiers sont si restrictives que le refugié politique ne peut travailler et se trouve de ce fait dans un vide juridique organisé pendant la longue période d’attente de jugement de son dossier. Ces entraves n’ont pas permis de dissuader les candidats à la migration. Ceux qui reviennent au pays ne racontent que rarement la réalité de leur situation, les galères de logement, le froid, l’esclavagisme “moderne”, …

Entre ces deux solutions opposées, il semble ne rien exister. Les politiques d’aide aux pays pauvres ne portent que modérément leurs fruits, entre corruption et développement de productions destinées aux pays riches. Les conflits qui amènent près de 25% des migrants sur les routes sont souvent causés indirectement par des pays riches pour des raisons énergétiques et géo-politiques (cf rôle de l’occident dans la montée en puissance de l’organisation Etat Islamique, les minerais enjeux de conflits dans la région des grands lacs, etc…). Remonter aux causes racines des migrations dites de contraintes revient à s’interroger sur nos politiques extérieures et sur la mondialisation du commerce. La consommation ayant baissée dans les pays riches durant la crise, elle a pesé sur les importations en provenance des pays pauvres et donc accentué les migrations économiques. Cette interdépendance renforcée de jour en jour induit donc une plus vaste complexité pour “règler” ces flux migratoires.

En France, le premier ministre Manuel Valls s’est refusé à repenser la politique au niveau européen comme cela a été proposé, à savoir créer une politique de quotas en fonction des niveaux de population et de la “richesse” des membres de l’UE, soit donc une solidarité européenne… En Asie du Sud-Est et en Océanie, il y a encore moins d’entente entre les pays. Et si l’on regarde l’exemple de la Chine, il y a déjà une politique intérieure pour lutter contre les flux migratoires entre régions, avec en fond une volonté d’unifier le pays autour de l’ethnie majoritaire, les Han (90% de la population).

Notre monde de migrants ne va faire que s’accélérer avec la montée de la catégorie des réfugiés écologiques (désertification, disparition d’iles, inondations…). Dans un espace devenu unique et de plus en plus exsangue, l’humain cherche à la fois sa place vis à vis de la nature et vis à vis de ses congénères. Son comportement est finalement le même : Se barricader et asservir les plus faibles. C’est tout un schéma de pensée qu’il faut revoir pour retrouver l’harmonie. Et malheureusement, aucun “leader” ne se profile aujourd’hui dans les pays industrialisés pour mener cela à bien et créer cette solidarité nécessaire. Plus que le réchauffement climatique, c’est là le vrai défi du 21ème siècle : Partager notre planète.


Ecrit le : 24/08/2015
Categorie : geopolitique
Tags : écologie,europe,france,Geopolitique,immigration,migrants,migration,monde,Réflexion,réfugiés,terre

Commentaires : par Mastodon ou E-Mail.