Au cinéma, le Tout Nouveau Testament est le dernier film de Jaco Van Dormael. Certains en feront la critique, ils ne manqueront pas d’évoquer une fable poétique, parleront des surprises du casting, de la photographie soignée, de la bande-son… laissez tomber tout cela ! Il y a beaucoup mieux !

Il faudrait ne retenir finalement qu’une chose de cette interprétation biblique belge : que feriez-vous si vous connaissiez la date de votre mort ?

C’est en effet l’idée centrale du film et ce qui devrait, éventuellement, vous pousser à aller le voir. Sélectionné à Cannes pour la quinzaine des réalisateurs, il aurait pu figurer dans un palmarès. Il n’est pas trop tard pour qu’il figure dans le vôtre pour le meilleur film de l’année.

Autour de cette idée se dévoile une galerie de personnages parfaitement incarnés par des acteurs souvent à contre-emploi. Et c’est déjà la première trouvaille de Van Dormael : nous toucher par un personnage qui nous ressemble un peu. Entre le bureaucrate désabusé, la beauté fragile, la riche femme dans sa tour d’ivoire et l’homme déçu des relations humaines, il y a un peu de nous quelque part. En amenant cela, le réalisateur nous propose des issues, des pistes pour une autre vie, parfois totalement délirantes, souvent rêveuses. On y trouvera de vrais moments de grâce.

Ne veut-on pas vivre ces moments nous-mêmes ? Que sont devenus nos rêves dans un monde où nous ressemblons à des engrenages dans une machine bien huilée, où les rêves d’enfance dorment sous la poussière d’une étagère ? Van Dormael provoque cela chez le spectateur qui a encore quelque chose de vivant en lui. Nous ne vous demanderons pas, lecteurs, de répondre ici à cette question, de nous faire part de vos rêves enfouis. Mais entre rire, colère, dégoût et sourires, nous aimerions voir cette poésie vous toucher, comme tant d’œuvres culturelles que nous vous proposons chaque semaine. Et si Dieu habite Bruxelles, il passe aussi un peu de temps près de chez vous.

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