Automobile - Voiture autonome, aujourd'hui ou demain ?

Si l’on lit l’actualité automobile de ces derniers mois, tous les constructeurs ne jurent que par ça : Dans 5 à 10 ans, la voiture sera totalement autonome. Entre sceptiques et utopistes, il faut faire le tri et regarder déjà ce qui existe.

L’exemple du passé

Pour bien comprendre ce qu’il peut se passer, il faut revenir 80 ans en arrière, lorsque l’on experimenta les premières boites automatiques. Symbole de la modernité pour beaucoup, elle n’a d’abord connu le succès qu’aux Etats-Unis pour des raisons économiques (consommation, surcout, …) puis psychologique ou comportementale. Aujourd’hui, l’Europe (surtout latine) fait encore de la résistance mais la progression de la boite automatique est conséquente depuis les derniers perfectionnement qui la rendent plus économe surtout. Elle est même gage de conduite plus zen, voir d’écoconduite avec des programmations récentes. Mais le “typage” reste justement le problème pour les constructeurs.

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La Voiture Mondiale, un mythe

Nous n’avons pourtant pas le même rapport à l’automobile, le même comportement à son volant et les mêmes contraintes d’infrastructures. Entre les larges highways américaines et les ruelles étroites de Tokyo, il n’y a pas de point commun, pas plus que les petites routes de campagne françaises. Il n’y a pas de rapport entre celui qui privilégie les Malls pour faire ses courses et celui qui va dans un commerce de proximité ou dans des convenient stores le soir venu. Le mythe de la “voiture mondiale” est encore présent, notamment parce que Ford s’y obstine toujours avec sa Focus, que Toyota semble le réussir avec la Corolla (alors qu’il y en a plusieurs variantes). Aussi fait-on vite un raccourci entre ce qui peut se passer aux Etats-unis, qui donnent souvent le La en matière de technologie, et le reste du monde. Et dans ce domaine, c’est bien du coté de la Silicon Valley qu’il faut tourner les yeux.

Une Origine Militaire

La plus grande avancée dans le domaine de la voiture autonome a été faite par un challenge d’origine militaire : Faire traverser un désert par un véhicule autonome. Le DARPA Grand Challenge a stimulé bon nombre de chercheurs qui voyaient enfin un financement possible. En deux ans seulement, le challenge a été relevé dans ce désert, avant que cela ne soit transporté en zone urbaine en 2007. Les lauréats, des universitaires de Carnegie-Mellon et Stanford ont sans doute été recrutés par des sociétés de la Silicon Valley car le projet Google Car est justement dirigé par un diplomé de Stanford vainqueur du DARPA Challenge. On parle aujourd’hui d’un projet Apple et on sait que les géants américains de l’Internet s’intéressent de près à l’automobile qui regorge aussi de “Big Data”. Le problème des constructeurs automobiles est en effet bien de développer une compétence totalement ignorée jusqu’à présent. Pour ce faire, la sous-traitance à un spécialiste paraît la solution la plus pertinente.

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Aujourd’hui…

Les informations remontées par les capteurs présents dans une voiture sont nombreuses. Si PSA savait “conduire automatiquement” un véhicule sur une piste d’essai aux trajectoires connues dans les années 80, la vitesse de traitement des données rend la tache plus facile. Ainsi, dans une voiture vendue aujourd’hui, on sait détecter la vitesse limite, s’ajuster à la vitesse des véhicules devant nous, détecter les voitures qui nous doublent, voir la nuit, détecter les piétons et les obstacles, freiner automatiquement, éviter de patiner, de bloquer ses freins, se garer tout seul ou presque. Le réseau véhicule a été adapté pour faire face à cet afflux de données, qui d’ailleurs seront enregistrées dans des boites noires. Toutes les pièces du puzzle semblent enfin là mais il reste des blocages législatifs concernant la sécurité de ces dispositifs, mais rien d’insurmontable lorsque l’on regarde ce qui se fait en aéronautique.

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La Sécurité

Récemment, le scandale des airbags Takata a fait beaucoup de bruit aux Etats-unis, montrant qu’un simple composant peut mettre en danger les passagers. Un défaut de calibrage de capteur de détection de distance et c’est tout le véhicule qui agit anormalement. Un défaut de l’accélèromètre détectant le choc et c’est l’airbag qui ne se déclenche pas… Devrait-on doubler alors les circuits comme pour l’aéronautique ? Les cas de véhicules “fous”, avérés ou pas, restent dans la tête du grand public et ajoutent un élément psychologique au risque réel. Mais de ce coté, on peut faire une certaine confiance à la NHTSA , l’agence américaine de sécurité routière, qui surveille attentivement cette évolution.

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Aujourd’hui, nous avons donc des véhicules conçus pour une clientèle très large, bardés de capteurs et de plus en plus “intelligents”. Pourtant, nous en sommes encore aux prémisses de l’autonomie, notamment parce que les normes sont encore en phase d’écriture. A l’image des autres “robots”, ce sont de nouveaux acteurs qui arrivent dans cette industrie en pleine évolution. Si les sociétés technologiques ne se présentent qu’en sous-traitants pour la programmation, rien ne dit qu’avec des valorisations boursières impressionnantes, elle ne prendront pas un rôle plus important. La passerelle semble étroite lorsqu’on regarde le cas Tesla. Et même en Chine, on peut voir des fabricants de batteries se lancer avec succès dans ce secteur (BYD) et des accords entre acteurs du net et constructeurs (BMW et Baidu ). Si on estime que la voiture automatique sera une réalité en 2020, elle risque de mettre du temps dans notre vieille Europe à être la normalité. Une perte de repères pour le client, voire une nouvelle clientèle. Car se posera un jour la question du permis…

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Ecrit le : 21/06/2015
Categorie : automobile
Tags : Automobile,voitureautonome

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