Blog - Le libre, un truc de bobo masochiste alors ?
Etrange coïncidence que ces deux articles de Cyrille et Frédéric, alors que justement je m’interrogeais sur ma pratique du libre, suite à un article d’un autre sur tous les petits outils libres utilisés sous windows
En fait, il faut différencier le libre en tant que système d’exploitation et le libre en tant que somme d’outils. C’est plutôt curieux que l’un fonctionne finalement mieux que l’autre. Je pense que tous les utilisateurs PC sous Windows ou de Mac ont au moins un logiciel libre sur leur poste. Je pense que tous les utilisateurs de smartphone/tablette ont aussi un logiciel libre aussi. Mais la plupart du temps, c’est en totale ignorance, par recopie d’un comportement vu ailleurs, sur le conseil de quelqu’un. Bizarrement, ça ne prend pas avec l’OS pour remplacer son Windows ou son OSX, malgré la gratuité, etc…. J’en lisais un qui me disait que si Windows reste dominant (ce qui sera à voir dans 10 ans…), c’est grace à la puissance marketing de Microsoft. Je lui rappellerai juste l’histoire de cette société et du PC qui a fait qu’à un moment, Apple a raté le coche et que Microsoft a raflé la mise avec l’aide d’un certain IBM. On ne change pas des comportements aussi installés depuis des décennies et Windows fait partie du paysage, comme OSX et le Mac dans certaines professions (édition, médical…). L’émergence du mobile a permis une redistribution et là, justement, Windows est passé à la trappe, Google s’imposant avec des outils…libres face à un Apple….Bon je m’égare mais c’est pour dire que le libre a raté le coche surtout par manque de finition, par dispersion des forces, comme ne manque jamais de le souligner Frédéric, …. et moi, par la même occasion. Quand au problème de la reconnaissance matériel, des pilotes, il faudrait là aussi faire miroiter un système plus unifié pour que les constructeurs jouent le jeu.
Parce que là, on tourne vite au masochisme lorsqu’on a un matériel reconnu par une distribution et bizarrement pas par une autre qui en est pourtant dérivée, ou vice versa. On perd immédiatement le fameux client lambda et on se retrouve déjà dans une niche. Une niche de Bobo, alors ? Dans un certain sens oui, puisqu’on recycle souvent du matériel, on chine de la pièce détachée pour rebâtir une config à pas cher et en tirer la substantifique moelle. On dit qu’on fait ça pour la planète, aussi, on troque, on refile ça aux copains, etc….soit. Mais ça serait oublier que c’est aussi une solution pour ceux qui ont peu de fric. Après c’est vrai aussi qu’en même temps on utilise joyeusement des produits pas très libres, voir très espions sur les téléphones, les PC boulot, etc. Facebook ? Oui, c’est sympa pour garder des contacts, essayer vainement de les convaincre de passer du coté clair de la force, voir faire une page pour une association ou un site. Twitter, ça fait veille technologique, une sorte de RSS interactif. Android ? Il faut bien avouer que ça reste plus performant que les ubuntu et firefox OS, quand même, surtout si on veut jouer comme sur une console, et utiliser des applications, gratuites et non libres, pour faire un tas de choses. Par contre niveau données, on ne sait pas trop ce qu’il se passe, même en mettant un firewall. Disons que le root et le firewall devraient déjà être un minimum. Et je passe les outils de cloud pas très clairs, et autres moyens de conserver des idées un peu partout. Nous sommes donc pleins de contradictions, comme l’écolo qui bouffe du steak de boeuf nourri aux OGM,…
Genma nous parle d’ailleurs d’une autre contradiction qui montre cette boboïtude du libre : L’autohébergement. C’est cool d’avoir son serveur chez soi, malgré tous les risques que l’on ne maîtrise pas. Mais justement, il faut en chier pour faire ça correctement, comme ce que déploient les hébergements pro. Je ne me lancerai pas là dedans de si tôt, et donc me voilà à laisser des données chez quelqu’un que je ne connais pas, une autre contradiction du libre. Finalement, c’est bien comme une religion avec une implication qui dépend des capacités de chacun. On entre dans les ordres du libre complètement en se coupant de beaucoup de choses pour que ça marche, ou alors on en fait un peu, comme aller à la messe ou à la prière dans une religion. C’est pas aussi cool que le bouddhisme chez les bobos des années 90, à moins de porter un signe distinctif, de mettre des pingouins partout, une barbe à la RMS (c’est mode la barbe…), etc.
Bref, tout ça pour dire qu’on peut toujours critiquer l’autre parce qu’il a un truc pas libre dans sa vie. Personne ne l’est totalement, même le grand GNU, si on creuse un peu. On passe pourtant du temps à des petites guerres à la con sur ce sujet, sur le “plus libre que moi, tu meurs”, sur “c’est moi qui est le plus gros….truc libre”. Franchement? ON S’EN FOUT ! Ce qui compte c’est vraiment d’offrir des alternatives crédibles, un peu comme le repas végétarien à la cantine (désolé, fallait que je le case). Et là, il y a clairement du boulot. Parce que j’en ai marre, perso, d’avoir des trucs mal finis, avec des versions finales qui ne sont que des bétas, quelque soit l’OS, sous pretexte que c’est gratuit. J’en ai marre d’avoir des versions rempompées d’un autre programme avec juste un changement de logo et une fonction en plus qui fait tout planter. J’en ai marre d’avoir la double peine entre payer un programme et contribuer à enrichir un compte d’une société aux iles caïmans via mes données. J’en ai marre de devoir changer de machine parce qu’on a simplement décider de pourrir de mises à jour obligatoires pour tout ralentir (à ce sujet, je viens de faire radical sur le vieux ZTE Blade 1 qui continue de fonctionner en Gingerbread…). Bref, le libre, c’est aussi se passer des trucs et astuces, collaborer entre nous pour un but commun : Le… bien commun, une valeur en voie de disparition. Et ça, c’est ni bobo, ni maso.