Cinéma - Django Unchained de Quentin Tarantino (2012)

Dans la filmographie de Tarantino, j’ai mis un peu de temps à apprécier ce Western moderne et improbable. C’est pourtant son plus grand succès au box office.

Au moment où il est sorti, j’en avais un peu marre des effets d’hémoglobine et de la violence de ce monde. Pourtant, j’avais apprécié ses cultissimes premiers films, surtout Jackie Brown, passé à travers Death Proof et trouvé de bonnes choses dans les Inglorious basterds. C’est dans ce dernier que l’on découvrait le méchant Christoph Waltz, et déjà il avait pressenti Leonardo Di Caprio dans un rôle. Bref, j’avais l’habitude de voir de la cervelle gicler, de voir défourailler à tout va le tout sur des musiques prenantes. Pour ce fan des films d’exploitation des années 60-70, des séries B et aussi du cinéma Hong-kongais (cf Kill Bill et Il était une fois à Hollywood un peu plus tard), c’était assez normal de mettre ça à l’écran. Mais de là à en faire un western ?! C’est un genre qui a aussi marquer sa jeunesse (ceux de Sergio Leone surtout)…sauf que méler avec des souvenirs de Blaxploitation, ça donne ça !

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Au Texas en 1858, un curieux dentiste, le Dr King Schulz (Christoph Waltz) libère un esclave, Django (Jamie Foxx) pour identifier des fugitifs. Il est en réalité un chasseur de prime et finit par engager Django comme partenaire car il est très doué avec des armes à feu. Django part à la recherche de sa femme qui a été revendu à un grand propriétaire terrien, Calvin Candie (Leonardo Di Caprio). Mais comment la libérer de cet esclavagiste mégalo ?

Le film est un étrange mélange. Il y a bien le coté jubilatoire des duels et combats des western-spaghetti. C’est encore plus violent que les originaux avec les très caricaturales gerbes de sang et de chair. Et puis il faut des dialogues grandiloquents pour Waltz qui déroule un personnage cynique et truculent d’émigré allemand cherchant fortune sans arrières pensées. Ah si, il n’aime pas l’esclavage et a un sens de l’honneur très personnel. Jamie Foxx est curieusement mutique face à lui, assez loin des biopics ou même de Collatéral, ce qui confirme l’étendue de son talent. Et comme d’habitude Tarantino trouve de merveilleux seconds rôles comme celui de Don Johnson en membre du KKK, ou Denix Christopher en avocat de Mr Candie. N’allez pas chercher du réalisme historique ou quoi que ce soit de crédible dans ces combats et ces scènes. On n’est pas là pour ça mais pour du spectacle, du fun…avec une pointe d’acidité sur cette sombre période de l’histoire états-unienne. Et puis c’est aussi un Revenge Movie, un film de vengeance, le genre que le cinéaste préfère si l’on en croit ses récents écrits.

Nous sommes alors quelques années avant la montée de Trump mais déjà les suprémacistes blancs, les racistes font à nouveau parler d’eux. Voir un cowboy noir dérange forcément…et même dans les rangs noirs d’ailleurs car qu’un blanc s’empare d’une histoire fictive sur l’esclavagisme et montre un seul héros noir face à d’autres esclaves résignés, ça dérange un peu. Il y a en effet le rôle de Stephen le majordome, joué par Samuel L. Jackson dont on a l’impression qu’il veut préserver son statut. Ce serait donner trop d’importance historique à un film qui n’en a pas la prétention. Il faut plutôt le voir comme un Western façon Shaft, le détective privé noir des années 70. Après tout, l’anglais John Guillermin traitait aussi de l’esclavage dans Shaft contre les trafiquants d’hommes. C’est “too much” aussi jusque dans le costume porté initialement par Django dans la plantation de Don Johnson.

Quand je l’ai vu la première fois, je n’avais pas le bon état d’esprit justement, cherchant soit un western plus réaliste, comme ça avait été le cas quelques années auparavant par un certain Kevin Costner, par exemple. Ou alors je cherchais une dénonciation un peu plus claire de l’esclavagisme, sans toute l’esbroufe de Tarantino. Et puis j’ai repensé aussi à ses collabs avec Roberto Rodriguez, puis relu un peu de sa propre bio pour mieux comprendre où il voulait en venir. Je me suis laissé simplement porté par le film, cette jubilation à les voir réduire en charpie les méchants racistes et esclavagistes. J’ai repensé à des films de jeunesse où l’on ne comptait même plus les macchabée, tant il y en avait. On surpasse alors cette violence qui devient irréelle et presque salvatrice. Alors à ce moment, j’ai pu aussi mieux apprécier la structure du scénario qui a besoin de près de 2h30 pour arriver à son but. La fin me questionne quand même et je ne fais pas le même procès d’intention que ses détracteurs. Mais je ne devrais peut-être pas trop chercher et prendre cela comme ça vient pour ce grand film d’un réalisateur qui a définitivement son style. Et je suis donc passé du rejet à l’admiration.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

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Ecrit le : 12/05/2016
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,western,2010s,Tarantino

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