Réflexion - Expérience(s)
Le mot expérience a bien des sens… Que j’ai pu éprouver ces derniers temps. De l’écriture, au logiciel libre, en passant par la politique, tout est ….expérience(s)
Je me suis lancé un défi personnel la semaine dernière : Ecrire une nouvelle sur un sujet choisi par des diasporiens et tout cela en 2 semaines. Nous arrivons au terme des deux semaines et je suis arrivé à 2/3 de ce que je voulais écrire, suite à quelques impairs de la vie réelle. A travers cette expérience, donc, je voulais montrer que pour un récit qui peut paraître court, il faut du temps, déjà. Il s’agit de montrer qu’il y a au moins plus de temps à passer dans les corrections de la cohérence, les relectures (des volontaires?), les ponctuations, fautes d’orthographe et grammaire, que dans l’écriture proprement dite. Je suis déjà revenu sur certains points du récit pour l’enrichir. Si je m’étais consacré à temps plein à cette activité, j’aurais certainement réussi à sortir un récit correct à cette date. Tout ça pour dire à ceux qui veulent se lancer dans l’écriture auto-éditée, que pour atteindre la qualité des meilleurs auteurs, il y a beaucoup de travail en amont, plus que la petite rédaction faite à l’école.
Et justement, en parlant d’école, mon collègue blogueur Cyrille se penche une énième fois sur le cas du logiciel libre à l’école. Il sait de quoi il parle, en étant à la fois prof et utilisateur de xubuntu/debian….Son constat est sans appel : Linux et le logiciel libre ne pourront pas exploser à l’école sans l’aide des institutions et des professionnels. Il a raison de souligner que l’école manque souvent de professionnels compétents pour gérer l’informatique de l’établissement/rectorat. On se retrouve alors, faute de connaissances, à des sous-traitances, des contrats avec des multinationales, etc… J’entendais cette semaine des témoignages d’élèves ou d’anciens élèves fraichement arrivés dans la vie active témoigner de ce qu’ils ont vécu en terme de formation aux outils informatiques de tous les jours. Je devrais dire “pas vécu” car souvent on considère qu’ils savent déjà tout, qu’ils sont nés avec smartphone/tablette ou ordinateur et donc savent taper des rapports, faire des calculs avec des tableurs, maîtrisent les présentations, les recherches documentaires, etc… Il y a urgence à démystifier cela, à battre en brèche le mythe de la génération Y ou digital natives. Pour le voir tous les jours, nous sommes en train d’avoir des ignares dans les domaines numériques si personne ne donne quelques clés de compréhension. Seuls les plus curieux s’en sortent, et on voit par ailleurs les classements internationaux dans la pratique de l’anglais ou des matières scientifiques où la France chute… Même dans la langue de Victor Hugo. Toutefois, il faut prendre ces classements avec des pincettes. On a tendance à vouloir faire des élèves, de bons petits soldats au service des entreprises, donc à vouloir les formater. C’est assez typiquement le format d’éducation retenu en Corée du sud ou au Japon, pays souvent en tête de ces classements, avec les dégats que l’on connaît (suicide, sélection par l’argent via les cours du soir, …). Je constate certes des déficits sur des basiques utilisables tous les jours, tout autant que dans la culture générale. Mais il y a aussi d’autres connaissances que j’appellerai générationnelles, comme j’avais à leur âge et que mes parents ne pouvaient comprendre. Faire des classements, c’est déjà entrer dans un moule et comme tout indicateur, il faut en comprendre la formulation et le but. D’où la volonté d’en créer d’autres mais cela devient alors de la politique. Pourtant, et comme le dit Cyrille dans un autre billet, il y a un vrai problème d’apprentissage par le travail personnel et une perte du respect dû au corps enseignant. Et les discours politiques de tous bords ne vont pas dans le “bon sens”.
Et justement, cette semaine a été très marquée par la politique. Au point que mon collègue Frédéric s’est fendu d’un étonnant billet sur les primaires de droite. Ayant fermé Icezine, je me suis contenté d’un billet sur Diaspora. Mon billet a attiré un troll soit-disant néo-libéral, mais surtout néo-creux (pas un argument mais une critique sur la forme). Celui de Frédéric a attiré aussi son lot de rageux, trolls-de-bas-étages sans faire avancer le débat pour un sou. Infâmes gauchistes que nous sommes, ha ha…Il y a quelques temps, j’avais fait une autre expérience : Diffuser une image pour contrer les propagandes de extrême droite sur les réfugiés. Ces trois éléments réunis montrent que la société est devenue hystérique et qu’il est difficile de parler de vérités, notamment historiques. Dans les cas cités, les deux billets écrits convergeaient sur des faits historiques et une comparaison avec l’hystérisation des années 20-30 et du traitement post-crise de 1929. Malheureusement, nous remarquons un manque de connaissances de certains des commentateurs, tant historiques que géopolitiques (Frédéric fait par exemple un excellent rappel sur le nombre réel d’élus aux Etats-Unis par rapport à la France, dans ses commentaires…), autant que de la prise de distance nécessaire pour s’éloigner de sa propre condition. Cette ignorance générale, ou cette volonté de ne pas rouvrir la plaie du régime de Vichy par exemple, amène à des absences de dialogue. On en revient donc à la nécessité d’éduquer (et non de réécrire l’histoire). En dehors de cela, l’image issue de mon billet expérimental n’a pas pu beaucoup essaimé en dehors de Diaspora. Evidemment, beaucoup d’utilisateur ne sont pas ailleurs ou n’osent pas jeter de l’huile sur le feu twitter ou facebook, justement par peur d’un conflit. Et on en vient à de l’entre soi de plus en plus en cloisonnant nos réseaux. Pendant la campagne des primaires, on a vu par contre une diffusion très efficaces d’informations mensongères de la part de milieux d’extrème droite, et dont il est assez difficile aujourd’hui de mesurer l’impact sur le résultat. En Allemagne, Angela Merkel s’inquiète de ce type d’utilisation, vue aussi pendant les élections US. Ce n’est pas dans son coin que les choses changent mais la haine semble motiver plus que l’amour de son prochain.
Si le petit microcosme diasporien français semble moins touché (bien que fortement infiltré par des partis à tendance conspirationniste), cela tient à la fois au recul de ses utilisateurs sur les informations et à la maturité numérique. Les autres réseaux tendent à une infantilisation de l’utilisateur, mais ce ne sont que des outils, peu différents les uns des autres. Genma parle aussi de sa vision de twitter… Et oublie peu à peu Diaspora sans regarder la vanité de cette diffusion évangélique. Autour des trois sujets que je viens d’évoquer, il y a donc un point commun : Il faut aller voir derrière le miroir numérique, derrière la facilité apparente des choses.
Il est facile en apparence d’écrire et de publier. Il est facile de dire que des outils libres sont disponibles. Il est facile de faire des indicateurs de performance et des classements. Il est facile de dire la vérité et encore plus le mensonge…. Mais il est moins facile de faire tout cela de manière efficace et pertinente.