Musique - L7 - Bricks are Heavy (1992)
Le groupe vient juste de se reformer. Alors, pourquoi ne pas se repencher sur un de leurs albums, qui prouvait que le Grunge était aussi féminin.
En réalité, le groupe a été fondé bien avant cette période grunge qui leur collera un peu à la peau. En 1985, Donita Sparks et Suzi Gardner se réunissent pour créer L7, au nom argotique et visuel. Elles sont rejointes par la bassiste Jennifer Finch, qui aura croisé une certaine Courney Love dans un groupe précédent, et par Demetra Plakas à la batterie.
Le premier album sort en 1988 puis est suivi par Smell the Magic en 1990. Le son est à la fois punk, et metal. On retrouve un certain Mike Patton (Faith No More) sur ce second album, ce qui montre bien les influences qu’a le groupe. Mais surtout le groupe s’inscrit dans une veine politique du rock, fondant en parallèle le mouvement “Rock for Choice”, mouvement pour le choix des femmes à avorter qui est soutenu par des groupes emblématiques de l’époque : Pearl Jam, Nirvana… Et dans cette période d’émergence du mouvement grunge, les L7 retournent en studio pour enregistrer “Bricks are Heavy” en 1992 avec **Butch Vig, **celui là même qui produisait Nevermind quelques mois plus tôt. A noter que les L7 sont signées par Slash Records, label de leur ville de Los Angeles spécialisé dans le punk.
Dans cet album, on retrouve toute l’énergie punk du groupe mélé à un son plus évolué. C’est cash, c’est rentre dedans, c’est efficace comme cette ouverture avec “Wargasm”. On retrouve une sonorité bien dans son époque avec une musique qui est finalement très metal. Le rapprochement avec le grunge se fera plus pour l’attitude et le contenu des paroles. Mais avec un hit comme “Pretend we’re Dead” et son gimmick imparable, MTV fera des L7 des stars du moment. Un titre finalement assez différent du reste de l’album beaucoup plus metal. C’est finalement le paradoxe du groupe qui est au carrefour de ces musiques dont les fans hardcore se détestent parfois. Et dans un environnement très masculin, certains ne verront pas que Diet Pill ne parle pas que d’un problème de fille. Les L7 voient bien plus large, parlent de leurs semblables, de nous, sans mettre les formes, comme une claque pour nous réveiller. Les riffs sont basiques, puissants comme cette intro de “Everglade”, la voix de Donita Sparks est pleine de rage, autant que la rythmique imprimée par ses comparses. Et aujourd’hui, le message autant que la musique n’ont pas vieilli d’un pouce. Il fallait les voir d’ailleurs cette année de retour au Hellfest …
Si les années 90 et le succès achèveront le groupe qui se disloquera, elles vont continuer à apporter leur influence dans le rock feminin. Car avec leur feminisme assumé et leur musique efficace, elles ont tracé la route à bien des Riot Grrrls ! De quoi se rappeler “One more thing” sur sa “Shitlist”: Que contrairement à ce qu’elles disent, there is pleasure !