Automobile - Le pétrole baisse, la pollution monte
Le marché US avait vu, lors de la crise, la part des “Trucks” et SUV diminuer, faisant ainsi progresser la baisse de la consommation moyenne par véhicule. Mais depuis la baisse des prix du pétrole, le marché automobile est transformé.
L’indicateur de consommation moyenne vient d’augmenter pour le 4ème mois consécutif. Les ventes de SUV, 4x4, Pick-ups, augmentent à nouveau pour atteindre une proportion jamais atteinte depuis 4 mois. L’agence pour l’environnement américaine (EPA) a publié un rapport sur les 40 dernières années. On y voit que le basculement vers des véhicules plus efficient a été fait en 2005.
pour mémoire, 24 MPG représente 9,8L/100km, 20 MPG représente 11,7L/100km
La crise de 2008 avait considérablement accéléré le mouvement, montrant que l’impact économique reste un moteur puissant pour des changements de comportement. Entre 2010 et 2015, les technologies ayant fait progressé ces chiffres ne sont pas celles que l’on imagine. S’il y a eu apparition de véhicules électriques, hybrides rechargeables et hybrides, il y a eu quasiment autant de Diesel (seulement 0,6% du marché). L’affaire VW, dont la portée reste finalement limitée en vente, a bouleversé la donne dans les investissements à venir. Mais la transformation la plus frappante est ailleurs. Les voitures particulières sont passées de la propulsion à la traction à partir du début des années 80. Mais depuis 2010, il y a eu une progression des véhicules à 4 roues motrices. Ceci est arrivé bien plus tôt sur les trucks où depuis les années 2000, c’est la majorité. Aujourd’hui, un tiers du marché américain est constitué de véhicules à 4 roues motrices, donc plus lourds et énergivores.(0,7l/100km en moyenne). Les moteurs ont moins de cylindres (6 en moyenne, contre 7,4 il y a 40 ans), mais leur cylindrée ne fait qu’osciller avec 3,7l de moyenne et la puissance augmente pour une valeur moyenne de 283ch, 2 fois plus qu’il y a 40 ans !
Heureusement, dans le monde, il n’en est pas de même. Toutefois, la tendance américain donne quelques pistes sur celle que nous connaîtront demain. Déjà aujourd’hui, on assiste à une explosion des véhicules de type SUV, Crossover en Europe et en Asie. La cylindrée des moteurs européens est en diminution tandis que la puissance a suivi la même courbe qu’aux Etats-unis, sans atteindre de telles moyennes. La consommation moyenne en Europe était aussi baissière depuis quelques années, mais la tendance a été ralentie par l’apparition de véhicules plus gros, plus lourds chez les constructeurs de petits véhicules, à peine compensée par la baisse chez les constructeurs Premium allemands. La tendance est jugulée par les normes, les primes au CO2 et autres incitations fiscales, mais aujourd’hui, il y a bien un cinquième du marché qui est un SUV, bientôt un quart, pour l’Europe. Que se passerait-il sans ces barrières fiscales ? La même chose qu’aux Etats-unis, sans nul doute (voir aussi la tendance asiatique).
La baisse du CO2/consommation s’est accélérée durant les 5 dernières années en Europe, à un rythme de près de 3% par an. L’effet électrique a joué chez Renault et Nissan, tandis que c’est l’hybridation chez Volvo. Toyota et PSA restent dans le trio de tête alors que Fiat paye son alliance avec Chrysler. Mais tous ces chiffres se basent évidemment sur les anciens cycles de pollution/consommation, ceux là même qui sont remis en cause après le scandale VW. Ils ne disent pas non plus que le recours des moteurs essence à la technologie d’injection directe induit aussi la montée d’autres types de polluants qu’il faut maintenant mesurer et controler. On sait pourtant que les objectifs définis seront atteints, du fait d’une norme permissive et de seuils visant une partie des polluants. La nouvelle norme impactant surtout l’hybridation, elle ne modifiera pas de manière profonde les données et ne sera applicable qu’en 2017, conjointement à la précédente pour assurer une comparaison. Les grands marchés européens ayant une taxation basée sur le CO2, cela concourt à une redieselisation des marchés peu acheteurs de diesel, tandis que la France fait le chemin inverse. Seuls les pays baltes et pays de l’est (source : ACEA) ne pratiquent pas de telle taxation, ce qui impact encore peu les chiffres européens.
Avec l’arrivée de boites automatiques moderne et impactant peu la consommation, le marché européen a vu enfin les ventes de ce type de transmission atteindre plus de 25% des ventes, se rapprochant peu à peu des Etats-unis. C’est donc bien une américanisation du marché qui peut faire craindre un ralentissement des progrès autour des polluants. L’Europe sanctionnant peu les contrevenants en trouvant des accords, il convient à chaque gouvernement d’être vigilant sur cette mutation du marché facilitée par les cours du pétrole. Les règles de libre échange ayant bon dos, le protectionnisme écologique n’est pas pour demain.