Réflexion - Etre "sociable", aujourd'hui ou rester en cercle
Ce billet est l’occasion de parler à la fois d’un film (The Circle) mais aussi de la place d’internet aujourd’hui, dans notre vie de tous les jours. Mon marronnier à moi…
… car j’ai déjà parlé de nombreuses fois de ce sujet qui tient à coeur à beaucoup de libristes. Le film The Circle a mis ça à nouveau en lumière. Réalisé par James Ponsoldt, avec Emma Watson et Tom Hanks, c’est l’adaptation du livre de Dave Eggers, le Cercle. Le sujet ? Mae Holland(Emma Watson) est engagée dans le groupe de services technologiques le plus important au monde, appelé Le Cercle. Elle est bientôt encouragée par le créateur, Eamon Bailey, à participer à une expérience de transparence totale, c’est à dire être filmée 24h sur 24, pour montrer les apports de cette transparence dans la démocratie. The Circle commercialise des caméras miniatures qui peuvent diffuser partout et tout le temps, un réseau social, un moteur de recherche, un cloud, des périphériques…. Bref, c’est Facebook réuni avec Alphabet/Google et Apple. Car les utilisateurs de The Cloud ont tendance à se conduire comme dans une secte… suivant servilement les directives de leurs dirigeants qui tiennent une réunion de motivation le vendredi, façon Keynote de Steve Jobs… Si le film est très moyen, n’allant pas très loin dans sa critique, il n’en met pas moins, une fois de plus le sujet sur la table. Une scène me revient particulièrement en mémoire :
L’héroïne vient d’être embauchée et voit la visite de deux collègues qui la trouve “mal intégrée”. En effet, elle est mystérieuse (pour eux) car elle ne dévoile pas ses faits et gestes sur le réseau social, donc elle ne fait pas la publicité de son entreprise. Elle ne donne pas non plus envie de s’y faire embaucher, malgré son assiduité et ses performances. Alors ils la harcèlent de question sur ses hobbies, ses amis, sa famille, et comme elle vient d’arriver, elle ne trouve rien à redire à cela, car “tout le monde fait ça ici”. Là voilà donc à partager tout, comme ses collègues, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de barrières. Un de ses amis dont elle fait la pub se fait harceler par des “haters”, comme on dit maintenant, et cesse de la voir. Je ne vous révèle pas la suite mais ça semble curieusement familier, non? On abolit les barrières entre vie privée et vie publique sous prétexte de transparence.
“le mystère c’est le mensonge”, dit un personnage. Si le film est caricatural, nous n’en sommes pas loin, même si aujourd’hui Facebook est bien plus verrouillé par les utilisateurs qu’autrefois. C’est toujours “the place to be” pour beaucoup d’activité et j’ai même droit à un “réseau social d’entreprise” à mon boulot, sur ce modèle. Ca ne prend pas vraiment dans mon secteur mais je suis convaincu que certains services avec des profils plus “marketing” sont déjà accrocs au truc et forcent à “s’intégrer” comme dans le film. Les messages que j’ai vu passé au lancement le font croire en tout cas. En plus général, on se retrouve avec des contradictions avec d’un coté la sécurité qui veut cloisonner vie privée et vie publique et de l’autre le marketing qui pousse à l’inverse pour rameuter des clients par réseautage, ou je ne sais quelle lubie…
Dans le film, le créateur de The Circle s’aperçoit qu’ il a créé un monstre, qui se révèle peu à peu dans une domination hégémonique mais aussi dans le comportement des humains (ça m’a rappelé des évènements récents avec des.gens qui filaient des policiers traquant des terroristes). Aujourd’hui, Internet a effectivement créé des monstres : Facebook et Alphabet essentiellement, par qui tout passe. Nous les avons créé, nous- même en nous laissant berner(moi le premier comme early adopter/primo utilisateur ) par de faux messages sur la facilité, la liberté, le partage, la sociabilité…. Au point de ne plus l’être dans la vie réelle. J’ai déjà parlé du temps qui est pris sur le reste, à moins d’être passif en automatisant, ce qui n’a pas un énorme intérêt, au final en dehors de l’égo et du concours de celui qui a la plus grande…liste d’amis. J’ai fait le choix de me couper de tout cela sans me couper du monde ce qui me fait paraître marginal aujourd’hui, vis à vis de beaucoup de gens de ma génération (pas tant que ça…) ou des plus jeunes. Mes sources d’information sont pourtant suffisamment riches et d’obédiences variées pour avoir une vision pas trop déconnante de ce qui se passe dans le monde. Il faut se forcer un peu, parfois à sortir de sa bulle. Mais surtout, je ne subis pas autant la haine, et n’ait pas trop envie d’y participer…
Les sources d’information en 2017?
Ce que je veux dire c’est que déjà à l’époque des forums, petits ou grands, j’avais remarqué cette tendance de l’humain à la meute, à un comportement de groupe qui trouve souvent des boucs-émissaires. Pas besoin d’internet pour ça, l’histoire nous l’a montré depuis des millénaires mais là, c’est visible à l’écran. Les réseaux sociaux, libres ou privatifs, ne sont qu’une loupe et avec en plus une tendance au repli sur un microcosme, un entre-soi, cela accentue le phénomène. J’ai cessé d’être dans pas mal de forums aussi, et le dernier dans lequel j’étais il y a encore quelques jours, m’a montré les mêmes signes. Des signes qui me disent que la sociabilité d’aujourd’hui est justement de revenir à la simplicité, à s’éloigner de la masse pour mieux voir et comprendre. Et commenter la haine, ça l’alimente…. surtout quand on le fait à travers des réseaux. (note de la fée clochette : euh, y’a un message là?)
Il ne faut plus minimiser l’impact des réseaux sociaux dans nos activités de tous les jours. En effet, ils se livrent à un harcèlement plus sournois que ce que subit l’héroïne du film et presque plus efficace. On sauvegarde ses jeux mobiles, on se connecte à un peu tout, ce qui dispense éditeurs et hébergeurs de quelques gigas de données….mais qui nourrit la bête. Même les commentaires (rares) sur les sites passent par cela, quand ce n’est pas tout simplement reporté sur le réseau social dominant. L’effet boule de neige fonctionne : Les créateurs de contenu se tirent une balle dans le pied en allant vers la foule pour l’audience, la pub, jusqu’à ce qu’ils soient avalés… et n’ont même plus de débats et conversations, tant cela devient le domaine des rageux, comme on dit en français aujourd’hui.
Oui, ce n’est pas très gai, tout cela, et je comprends même qu’on jette momentanément l’éponge sur un blog, ou seulement sur certains sujets. (suivez mon regarde dans le sud…). Le film dont je parle n’est guère optimiste non plus, si j’en ai bien compris la fin en queue de poisson. Pourtant, j’en ai de l’optimisme, en me disant, par exemple, que les contenus professionnels, les supports, que je manipule aujourd’hui pourraient gagner en multimédia, sans tomber dans les travers de l’internet. Plutôt que de s’inspirer des comportements chronophages, il faudrait penser pratique, moderne, didactique…selon ses moyens et le profil d’utilisateur. Car j’en parlais avec quelques jeunes collègues (20-30 ans) et ils avouent, eux aussi, que la vidéo ne fait pas tout en matière de tuto, et surtout ne fait pas gagner du temps. Ce qui revient à revenir aux sources de la création du réseau des réseaux, si austère, mais sans revenir à l’austérité, juste en garder l’esprit. Le Wiki, les fiches, les vidéos didacticielles, donner l’envie de découvrir, d’essayer, voilà pour moi la sociabilité d’aujourd’hui, celle qu’on oublie. On parle bien plus du profit, des fortunes réalisées (surtout pour ce qui a été fondé il y a 10 ans en fait), que du reste… au point que des collègues blogueurs rêvent encore de monétiser, ha ah . Bon, il y a bien les MOOC , si massifs qu’ils n’ont pas la chaleur d’un véritable enseignement, mais j’aurais l’occasion d’y revenir dans un prochain article. On a en effet tendance à suivre une mode n’importe comment, comme souvent.
Alors la période est propice à la réflexion, à se demander pourquoi on blogue, si on le fait bien ou mal, à défaire et refaire. Cette année, je n’ai rien cassé, rien refait juste optimisé en cherchant un thème pratique et léger, et en retravaillant des détails…pour gagner en confort et rapidité. Mais une chose est sûre, je n’attends rien en retour. Même joyeux végé continue sa petite vie tranquille et continue de rendre service. Oui, je m’astreins à un vrai billet de blog hebdomadaire, parce que pour l’instant je suis inspiré…mais si je ne m’amuse plus à le faire, j’arrêterai cette routine. J’avais déjà décidé de ne pas faire de critiques de ce que je n’aimais pas, autant en musique que le reste, donc je m’y tiens. J’ai vu que certains descendent le Valérian, en reprenant des arguments que je sens préfabriqués ailleurs. Je trouve ça dommage et une petite note négative sur les sites de cinéma suffit bien. Mais bon, ce n’est pas parce que je n’ai pas parlé des Gardiens de la Galaxie vol 2, que ce n’est pas bien, tiens. Dans la série “mes collègues blogueurs ont du talent”, le gagnant est encore Alias pour le coup et il l’a fait il y a un paquet de temps avec argumentation et tout ça, et des commentaires dessous qui contredisent un peu son avis : C’est le jeu. Je pourrais aussi reprendre des sujets plus polémiques, comme parler du sort des populations civiles dans les conflits au moyen orient, sur l’utilisation des munitions au phosphore blanc par la coalition qui pourrait constituer un crime contre l’humanité….Ce simple petit lien suffit, pour l’instant. Le sujet plus global a déjà été développé ici et là, entre autres. Et pas plus tard qu’hier, j’ai eu d’autres sujets en tête dans tous les genres. Mais effectivement, comme quelqu’un d’autre, si je reste proche de l’esprit du logiciel libre (des tutoriels iront encore dans ce sens bientôt), je n’aime pas me cantonner à un genre, à un cercle ! (même à mon travail diront mes collègues)
Ce billet devient un peu long pour un cerveau d’internaute d’aujourd’hui, justement. Mais je ne manquerai pas de revenir à l’ombre de mon marronnier, pour mieux l’abattre (ndlfc : c’est mal ça…!). Je devais terminer en musique, non ? Pourquoi pas le titre qui m’a accompagné en écriture…Je trouve les paroles adaptées à ce monde.