BD - Michel Vaillant 2 - Le pilote sans visage de Jean Graton (1960)
Non, je ne vais pas faire tous les tomes mais le deuxième vaut aussi le détour. Evidemment, il y a des raisons historiques, car c’est presque comme aller voir une course de VHC (véhicule historique de compétition).
Ici on a un mystérieux pilote avec un voiture aussi mystérieuse qui s’entraîne sur des circuits avant d’apparaître en course. Mais qui est il?
On retrouve, dans ce deuxième volume de la série, le style des BD de l’époque, à savoir des bulles très fournies, voires même des cases intermédiaires constituées de texte explicatif. Cela donne évidemment beaucoup de richesse pour se plonger dans cette époque du monde de la course automobile. Le style des véhicules est très marqué par les voitures américaines, alors dans leur période “ailerons”. Avec la Marathon déjà vue au premier épisode, on retrouve donc d’immenses berlines et coupés (comme la Cote d’Azur) qui viennent donner de la matière à l’histoire de la marque vaillante.
Feuilleter un tel album, c’est un peu comme regarder un vieux film. Ce n’est plus du tout le style qui plait, c’est parfois kitsch, mais c’est aussi ce qui fait le charme. Ici, c’est feuilleter un peu d’histoire, car elle s’invite dans l’album. Aussi trouve-t-on une allusion à la mort de Mike Hawthorn, éphémère champion du monde de F1 anglais, décédé dans un accident de la route. On voit aussi que les modèles de voitures de course ne changeaient pas encore chaque année mais évoluaient peu à peu. Nous ne sommes donc pas si loin des modèles apparus en 1954, avec des évolutions moteurs et aérodynamiques. Et puis Jean Graton fait de son héros un sportif accompli, curieux de tout, mais humain. Il participe à une course de “hors Bord”, ces petits bateaux très à la mode à l’époque, qu’on peut comparer aujourd’hui aux bateaux de course nautique sur fleuve.
Il ménage son suspens, puisque ce fameux pilote sans visage joue les arlésiennes pendant un tiers de l’album. C’est plutôt habile pour introduire un twist dans l’histoire, qui sinon, aurait été banale. A noter quand même que la guerre froide s’invite dans l’histoire. Evidemment, comme je connais le fin mot de l’histoire, à la relecture, ça marche moins bien….non, n’insistez pas, je ne dirai rien. Avec le recul, je me dis que cette voiture mystère aurait pu être bien autrement, car on s’apprête à vivre la révolution du moteur central arrière…. grace à Cooper. Il y en a justement une dans cette histoire.
Je dois avouer que si on n’est pas passionné de voiture et de course automobile, l’intérêt de l’album retombe beaucoup. L’histoire est trop séquencée (pour la parution initiale de l’époque, sans doute) et aurait pu être réduite un peu. Ces séquences servent plus à constuire le personnage de Michel Vaillant qu’à alimenter cette belle intrigue. A chacun de voir, selon ses affinités.