Blog - Rustinage et Pérennité
Pendant que Frédéric parle de l’abandon des distributions en 32bits, je me bagarre avec du matériel récalcitrant ou bien je vois que la durée de vie de nos matériels diminue.
Je vous écris cet article sur ce bon vieux Netbook de 2009 et je ne suis pas peu fier d’avoir un portable de 8 ans. Car de nos jours ça devient rare un matériel électronique de cet age. Tenez, mon smartphone a déjà eu un changement de batterie et va sur ses 4 ans. Pendant ce temps, je me bagarre avec Sony qui ne sait pas réparer un modèle plus récent où la prise magnétique ne charge plus rien et où la réparation est sous-traitée à des gens qui font toutes les marques… mais surtout font mal leur boulot. J’ai encore 1 an de garantie dessus mais j’ai déjà pu constater que le métier de la maintenance se perd. Tenez, mon sèche linge, lui aussi sous garantie : Au bout d’un an et demi, panne. Le réparateur a changé le moteur, la courroie d’entrainement, est revenu 4 fois avant de trouver la panne : Le panneau de commande. Bref, à part la carcasse, il a changé toutes les pièces et je suis resté un mois et demi sans pouvoir m’en servir (ouf, c’était l’été). Mais il a avoué lui même qu’un échange standard aurait coûté moins cher. Un bon retour atelier permet parfois de voir les problèmes sans la pression du temps.
Mais même sans cela, le choix entre rustinage et changement s’impose à nous. Il s’est imposé à moi il y a quelques mois dans la reprise d’une installation d’essais créée il y a 20 ans avec du matériel encore plus ancien. Il faut s’approprier la méthodologie évidemment, trouver les failles, les sources d’erreur. J’avais dès le départ l’intuition qu’il aurait fallu tout changer car les conditions d’essais étaient plus sévères. Mais là, on te répond qu’il faut faire vite, avec peu de budget. Et j’ai donc rustiné, trouvé des problèmes pas à pas, jusqu’à finalement casser le dernier élément du système, ce qui a failli me casser aussi mes éléments récents. Plus de peur que de mal mais on risque d’en revenir à ma solution initiale. Quelque part, c’est de ma faute, j’aurais du refuser, insister, imposer ma solution. Bilan, on a perdu du temps et de l’argent et ce déverminage ressemble un peu à ce que l’on fait en programmation.
Parfois on reprend aussi un outil logiciel d’une autre personne, il faut comprendre soit le code, soit la logique, le pire étant que ça ne soit pas commenté. Se pose alors la question de modifier l’existant ou de repartir sur une base nouvelle, plus optimisée. Il faut dans ce cas ne pas oublier l’utilisateur final qui peut être perturbé. J’ai eu ce choix il y a 5 ans avec un outil excel bourré de Macros et qui était extrêmement lourd à charger ou à passer à l’année suivante. Comme je ne suis pas fan des macros (c’est propriétaire, beurk) et que j’aime la légèreté, je suis parti sur un système ayant la même forme (du Excel) mais plus basique (portable sur Libre Office/open Office) ce qui divisa par 5 la taille des fichiers sans perturber l’utilisateur. Depuis 3 ans, plus aucun changement et n’importe qui (ou presque) sait le mettre à jour pour chaque fin d’année. Pourtant, on pense à automatiser tout cela (code barre, etc…) et dans ce cas se posera à nouveau des questions de poursuivre sur un même outil ou sur quelque chose de conçu pour cette utilisation différente.
J’ai l’impression aujourd’hui que la question se pose pour quelques outils “libres” qui nous accompagnent. Le moteur Gecko de notre ami le panda roux, par exemple, date de 1998. Blink, son concurrent bien connu puisqu’au coeur de Chrome, n’a que 3 ans, mais lui est basé sur Webkit, qui a le même age que Gecko. La question n’est pas seulement l’âge mais ce que le fork a pu apporter comme refonte du code. Je parlais du choix d’Opera en 2013 de participer à Blink plutôt que de continuer avec son propre outil. Sur le moment, j’ai regretté ce choix. Mais je dois avouer que j’ai eu tort, au regarde de l’efficacité de leur produit (500 au HTML5Test contre 439 à mon Firefox et plus rapidement). Je n’ai pas été fan de Vivaldi pour l’instant mais j’en comprends l’existence au vu des capitaux d’Opera depuis 1 an. Il est très possible que dans un an Vivaldi soit bien optimisé et conçu, donc, après une optimisation de son code, sans doute trop proche aujourd’hui de ses “modèles”. Je me pose aussi la question sur quelques “environnement de bureau” de GNU/Linux qui me semblent en bout de course aujourd’hui, malgré tous les services qu’ils rendent encore. Mais pour le panda roux, on attend toujours Servo… hum
Dans un monde ou tout va très vite, j’ai l’impression qu’on tombe vite dans les extrêmes : Tout changer tout le temps sans aller au bout de la vie du produit (ce qui conduit à ne plus optimiser le code par exemple), ou rustiner et réparer jusqu’à l’excès quelque chose qui ne le mérite plus. On va trouver des raisons économiques, des indicateurs pour justifier à chaque fois tout ça, mais aussi un attachement sentimental, moral même. C’est un peu comme ceux qui trouvent que les blogs sont morts mais pas l’idée de partage. Je ne suis pas de cet avis tout simplement parce que certains exercices, certains domaines ne peuvent convenir à la vidéo. Il faut juste se reposer la question du contenu et de la justification d’une forme écrite. Je n’ai par exemple pas vu d’attrait pour une chronique littéraire par vidéo, alors que l’on peut débattre autour d’un livre dans une vidéo par contre, mais le critiquer par écrit. La pérennité de ces formats me paraît évidente, mais dans des dimensions moindres que les dominations d’hier et d’aujourd’hui. Il en est de même pour les outils, périphériques que nous utilisons. Nous devrions prendre plus de temps pour peser le pour et le contre lorsque l’on jette ou prolonge les choses, matériels ou pas.