Musique - Castle Blak (1983-2019)
Laissez moi vous compter l’histoire d’un groupe qui n’a pas eu la chance d’avoir le succès qu’il méritait. Ce n’est parfois pas qu’une histoire de talent…
Car ce groupe, né en 1983 à San Francisco, aurait pu avoir autant de succès que bien des groupes de Hard-Rock qui essaimaient en Californie à cette époque. Leur premier album, Babes in Toyland, en 1985 avait déjà été un peu repéré mais signé chez un trop petit label (T.O.M. pour les US et Black Dragon Record pour la France). Ils avaient le producteur qui bossera aussi avec un certain Green Day ensuite. Comme tous les groupes, le line-up a changé au cours du temps (avec quelques drames au passage) mais il en reste l’ossature aujourd’hui, à savoir le leader et chanteur, Regent St Claire, Matthias Montgomery, le batteur, et Brian Crow, le guitariste arrivé un peu plus tard. Si j’ai connu ce groupe, c’est évidemment grace à ma chère et tendre qui eut la chance de rencontrer le groupe lors d’un passage à Paris et a continué à les suivre et correspondre avec Regent st Claire. Car après un deuxième album en 1986, Another Dark carnival, les choses n’ont pas forcément tourné correctement. Le Style glam s’est éteint peu à peu et no Bed of Roses est sorti en 1992 dans l’anonymat le plus complet, sous le nom de Blak en plus.
En bons fans de KISS ou bien d’Aerosmith, ce groupe avait des hits en puissance, particulièrement radiophoniques. Les connaisseurs de cette époque s’en souviennent parfois mais malgré un bon look, le groupe n’a pas eu la chance de percer. Peut-être aurait-il fallu que ces kids de frisco soient découverts un an plus tôt. Ils n’ont pas profité du retour à la mode de ces groupes non plus. Il faut dire que pendant ce temps, la vie a suivi son cours et qu’il fallait bien qu’ils travaillent pour manger et élever une famille. Pour certains, ce fut même la rue. Un parcours qui me rappelle celui d’un autre groupe “maudit”, Anvil, dont un film a permis la résurrection. Mais il n’y a pas eu de films sur Castle Blak. Regent St Claire a juste eu la bonne idée il y a une dizaine d’années de sortir un joli coffret, Glamour And Damnation: Greatest Hits & Dirty Little Secrets, édité par lui même, avec l’ensemble des titres du groupe. En fait, un label avait promis une compilation durant les années 2000 mais n’a jamais tenu parole. J’en ai évidemment un exemplaire et j’ai vu que l’on peut en trouver en occasion sur les sites spécialisés. Un cadeau hautement recommandable pour tout fan de Hard Rock.
Et puis Regent St Claire a fait plaisir aux quelques fans qu’ils restent en publiant encore à son compte un album “solo” qui fut chroniqué sur Histozic par mon acolyte de l’époque (parti depuis avec ses chroniques dans le même anonymat que le groupe). Et voilà que notre ami Regent a fait peut-être la dernière tournée de son groupe et immortalisé ce moment dans un CD auto-édité. Inutile de le chercher dans le commerce, il n’est pas à vendre et il n’en existera que 500 exemplaires. Il est plutôt amer et réaliste sur le monde de la musique aujourd’hui. Ses fans ne veulent plus payer de CD, préférant le streaming et sa pseudo gratuité. Sauf qu’un petit groupe n’a aucune chance de toucher le moindre denier des écoutes en streaming. Je ne lui ai pas parlé de Bandcamp non plus car de toute façon, l’album est une sorte de conclusion à cette aventure.
Enregistré dans un petit bar durant cette tournée où ils faisaient un set d’une heure, le résultat de ce live brut de fonderie est plutôt très bon. Si le chanteur ne monte plus aussi haut dans les aigus, sa voix est bien encore là avec son timbre à part. L’énergie est là aussi, malgré les années et voici donc une des vidéos présentant cet album One more sin …. Live !
Vous allez me dire, à quoi bon parler d’un groupe dont on ne peut pas acheter l’album ? Déjà pour qu’ils aient un peu droit à la lumière qui les a fuit et pour garder leur nom dans l’histoire de cette musique. J’en ai croisé des bien moins talentueux qui ont eu , eux, la chance de rencontrer la bonne personne au bon moment. Et puis aussi parce que Regent St Claire a toujours été un gars gentil, passionné par la musique, ouvert à la discussion, même quand la santé n’était pas au top. Même s’il dit qu’après ça, c’est fini, je ne serais pas étonné qu’il rempile pour quelques dates ou bœufs avec des amis. Le site est en berne et il reste peu d’animation sur la page facebook aussi.
Reste pour moi à parler de ces titres live qui sont comme un best-of du groupe. Il y a évidemment une reprise de KISS, Shout it out loud. Mais comment résister à l’introduction par Ten High, un de leurs hits. Le son a le bon goût d’être vraiment live avec juste le bon mixage derrière. On entend bien le solo, la batterie qui se détache, les chœurs. Aujourd’hui avec toutes les post-productions qui lissent le son, ça paraît presque anormal. Et avec Babes in toyland, titre plus glam, on assure pour une sacrée intro de concert où l’on reprend en choeur les refrains en agitant… oui bon, en bougeant sa tête, maintenant. On reste d’ailleurs sur le même album sur ce qui suit, avec des arpèges particulièrement réussis. Ce n’est qu’avec Strangers againqu’on en vient au dernier album studio en date dans une balade acoustique du plus bel effet. Peut-être cette pause intervient-elle trop tôt ? Avec un gros public, ça aurait été top. On reste sur le même album sur le titre suivant, I know you’re a bitch…On sent quelques inspirations plus sombres de ces années 90. Je préfère le Castle Blak des débuts, comme pour Ready Willing & Able. Voilà un titre énergique, catchy à souhait avec des chœurs qu’on reprend dans le public. Mais il faut aussi ce hit No Bed of Roses qui donna le titre au troisième album. Je lui trouve un côté Bon Jovi (de la meilleure époque…) par moment, je ne sais pourquoi, ha ha …Oui bon, elle était facile.
On a donc dépassé la moitié du set sans s’ennuyer. The Hits just keep on comin’retentit et je ne peux que penser qu’à un Guns n’ Roses de l’époque, tant c’est efficace. Le Don’t tell me about your boyfriendest dispensable même si très frais, très radiophonique. Il n’apparaissait pas sur les albums mais date de 1986…(présent dans le coffret). Il y a décidément bien des titres du dernier album comme Sleep with the angels, plus dans l’émotion, à défaut d’originalité. Mais la conclusion vaut le détour avec ce titre inoubliable qu’est Never Enough. L’enregistrement original est bien sûr encore plus incroyable mais quel refrain, tout de même. Ça parait simple mais c’est diaboliquement efficace. Et en bons fans, ils terminent donc par la reprise de KISS déjà citée.
Tout ça nous donne un goût de trop peu et énormément de regrets pour ce groupe. Reste donc les quelques albums encore en circulation, les vidéos sur Youtube et autres captations de fans pour les saluer comme il se doit.