Géopolitique - Les Conflits oubliés 2019

S’il ne devait rester qu’un article géopolitique sur ce blog, ça serait celui-là..Le monde n’a jamais semblé autant sur le point d’imploser que cette année, comme une nouvelle ou des nouvelles guerres froides…Et comme chaque année, je procède par continent. Je constate hélas que beaucoup de ces conflits ne sont pas traités par des publications spécialisées comme le Monde Diplomatique. Mes liens orientent donc vers des sites d’actualités.

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source Wikipedia …. une carte qui ne change pas vraiment

Afrique

Entre la corne de l’Afrique et la Région des Grands lacs, les conflits continuent malgré une reconstruction et des tentatives de réconcilations dans certains de ces pays. La clarification sur le rôle des occidentaux dans les conflits passés et présents, n’a toujours pas été faite. Et puis derrière tout cela, il y a des gisements de minerais et ressources en hydrocarbures. A commencer par la guerre en Somalie, depuis 25 ans, sur fond de possession des gisements et qui cause des milliers de morts chaque année. Entre rivalités ethniques et religieuses, tout est bon pour continuer à diviser ce pays et brandir le nationalisme pour le réunir. Le Nigeriaest aussi oublié, même lorsqu’on parle des enlèvements et meurtres de Boko Haram. Avec la désertification et les gisements, sur fond de rivalités ethniques et religieuses, l’appât du gain cause la mort de moins de 200 personnes officiellement, ce qui pourrait rassurer mais les premières victimes sont les femmes, avec le viol comme arme de guerre. Le Darfour continue à être une zone de conflit au Soudan, mais 2019 confirme l’accalmie de 2018. Et toujours au Soudan, il ne faut pas oublier la rivalité lié au pétrole pour le Sud Soudan. On oublie totalement les exactions de Boko Haram au Cameroun(pris aussi dans une crise avec la population anglophone), au Tchadet au Niger. En Libye, la guerre civile a été encore plus meurtrière en 2019 avec plus de 1000 victimes. Ce ne sont pas que les populations migrantes qui sont victimes (avec de l’esclavage d’ailleurs) puisque l’on parle même d’une cission du pays, comme évoqué déjà comme risque lors de “l’assassinat commandité” de l’encombrant dictateur Khadafi. Là encore, ce sont 2000 morts qui payent notre appât du gain. La guerre s’est calmée au Burundi **dans le Kivu. Au **Mozambique,2019 continue dans l’accalmie qu’on espère définitive. En République Démocratique du Congo, le sud est en proie à des luttes ethniques et à de l’esclavage mais on continue dans l’accalmie. Depuis 2003, la République Centrafricaineest en proie à une guerre civile meurtrière dont l’impact se diminue mais reste présente en 2019. En Angola, on espère que le calme persiste dans le conflit Cabinda qui ne fait “que “ 12 victimes. Le conflit entre Erithrée et Ethiopie semble à mettre au passé mais humanitairement, la situation reste difficile. Au Maliet jusqu’au sud de la Tunisie, de l’Algérie, on a des actes terroristes et des rébellions touaregs causant quelques centaines de morts que la présence française n’empêche nullement, surtout qu’on ne propose rien pour la continuité après cette vague pacification. Au Sud du Maroc, le contrôle du Sahara Occidental reste un conflit latent mais sans victime aujourd’hui.

Moyen Orient

C’est le Yemen qui a occupé (enfin) l’actualité avec derrière le conflit entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Les Emirats arabes unis ont plus ou moins lâché les saoudiens comme soutien dans ce bourbier où les populations civiles payent le prix fort. Mais avec un blocus américain en Iran qui exacerbe le nationalisme et renforce les durs du régime, on peut craindre une escalade que les modérés n’arrivent plus à juguler et des effets de bord…. Si l’Irak essaye de se stabiliser, il reste toujours des foyers de guerre civile et de rébellion qui reprennent en cette fin d’année car la construction démocratique du pays est en cause entre sunnites, chiites et … kurdes. Le problème du Kurdistan n’est pas réglé, dans toute la région, malgré/à cause les offensives turques. S’il touche surtout le kurdistan syrien, on peut craindre l’embrasement sur les autres entités kurdes de la région. En Syrie, l’Etat Islamique n’est pas mort mais juste en sommeil, préférant conquérir d’autres pays avec ses idées. Le pays n’est aucunement unifié et en proie à des influences locales que l’armée ne sait encore contenir. Le conflit israelo-palestinienen serait presque oublié, avec des effets de bord au Liban(qui a déjà la Syrie à subir) pour une centaine de morts, notamment dans les manifestations à Gaza, dans des attaques sporadiques entre Hamas et état juif. A cela s’ajoute un fort ressentiment de la population jeune vis à vis de ses dirigeants et une situation économique qui n’aide pas. Le Sinai **égyptien **est aussi le théatre d’un conflit depuis la chute de Mubarak, sur fond de terrorisme et de rivalités tribales anciennes, mais cela tend à se calmer (10 fois moins de morts)… à moins que l’on taise les vrais chiffres sous l’emprise d’un régime autoritaire qui tente d’éviter un nouveau printemps arabe.

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Reproduction en faience du Guernica de Pablo Picasso (1937) - Wikimedia

Asie

Si on entend parler encore un peu de la Corée du nordet des conflits en Mer de Chine ou mer de l’est (impliquant Philippines, Vietnam, Brunei, Chine, Malaisie), il y a d’autres conflits latents ou anciens dans le plus grand continent, comme la Papouasie occidentale en Indonésie. A commencer par l’Afghanistan, dont on parle moins depuis la disparition de Ben Laden. Les Talibans sont plus que jamais présents et la culture de l’opium et du haschich joue aussi un rôle conséquent dans ce conflit qui fait 24000 morts par an. Mais personne ne parle du conflit au Balochistanentre Iran et Pakistan qui cause encore des centaines de morts, mais un peu plus du Cachemireentre Inde et Pakistan, soient près de 400 morts par an avec une montée des tensions politiques due aux élections indiennes. Le Myanmar(Birmanie) est aussi touché par des conflits ethniques et religieux qui trouvent écho jusqu’en l’Inde aujourd’hui avec plus de 600 morts par an, si on compte aussi les révoltes maoistes au nord mais qui s’est calmé sur 2019 avec moins de 100 morts. Après un pic en fin 2017, la situation est plus apaisée en 2019 mais toujours critique surtout que les victimes ne sont pas facilement comptabilisées avec les déplacements de population. La Thailande reste une destination de carte postale mais aussi en proie à un mouvement séparatiste dans la région de Pattani, qui fait encore près de 100 morts par an. Aux Philippines, le pays est confronté à plusieurs rébellions, comme les musulmans de la région du Mindanao ou les communistes de l’île de Samar, mais la situation va vers l’appaisement. En Arménie et Azerbaijan au Haut-Karabakh ce sont encore près de 400 morts. Dans le Caucase russec’est la résurgence du conflit Tchétchène qui continue comme en Ossétie ou Ingouchie avec plus de 200 morts par an, sur fond de religion. En Chine, les Ouighour continuent de se révolter au Xinjiang, ainsi que les tibétains dans les provinces du sud dans lesquelles le Tibet est divisé. Il faut aussi noter le conflit territorial des îles Senkaku avec le Japon. La blessure de la perte de Taïwann’est pas non plus refermée, loin de là, surtout si la petite ile se retrouve un jour lâchée par ses alliés. Un front durable s’installe entre Etats-unis et Chine qui se matérialise aujourd’hui par une guerre économique. La Chine joue la carte du soft power avec le gigantesque projet de la route de la soie. Mais c’est aussi l’accès aux gisements pétroliers du sud de l’Asie qui sont convoités par les deux puissances.

Amérique du Sud

La situation de ce continent s’envenime en 2019. Le Venezuelaest toujours en quasi guerre civile (avec quelques influences extérieures, sans doute, le pays étant un grand producteur pétrolier) avec criminalité et pauvreté. Les migrations de population touchent les pays frontaliers dont la Colombie. Pour l’instant l’accueil est encore bon, et le régime Colombien ne sombre pas dans le nationalisme.Au Pérou,la guerre civile avec le sentier lumineux continue de faire quelques morts. Au Brésil, le gouvernement autoritaire de Bolsonaro peut déboucher sur des révoltes ou des conflits locaux entre les autochtones et les colonisateurs de la forêt. Car derrière les incendies, c’est la possession du territoire qui est en jeu. Au Chili, la présidence de droite est remise en cause dans un pays où l’héritage de l’ultralibéralisme de Pinochet est encore fort; De quoi nourrir une possible guerre civile.

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Les Horreurs de la Guerre de Peter Paul Rubens (1637) - Wikimedia

Amérique centrale et du nord

La Guerre Civile au Mexique, liée à la drogue fait toujours plus de 6000 morts par an. Les changements de gouvernement ne changent pas la situation de certaines régions du nord. On pourrait aussi rajouter les morts des tueries de masse aux Etats-unis car elles sont aussi meurtrières que des guerres civiles, sans que l’ennemi soit identifié ou toujours terroriste. La situation du Honduras reste fragile avec un pouvoir vu comme corrompu et un pays parmi les plus violents du continent.

Arctique

Des conflits teritoriaux liés à l’exploitation des gisements offshore se sont faits jour avec la fonte de la calotte glaciaire, surtout entre Russie et USA, mais aussi Norvège et Canada. On a même vu Donald Trump s’intéresser au Groenland…Et pas que pour y installer un golf.

Europe

Le conflit continue en Ukrainedans le Donbass, et la Crimée russe n’est pas reconnue internationalement à l’unanimité. Mais depuis l’arrivée du nouveau président Ukrainien, on semble s’orienter vers une stabilisation, à défaut de réconciliation. Je n’oublie toujours pas la situation des populations roms en Hongrie, Bulgarie et Roumanie. Quant au Kosovoet la** Macédoine**, les nationalismes exacerbés autour n’ont heureusement pas déclenché d’explosion.

Si les conflits persistent, le nombre de morts a pourtant tendance à diminuer depuis trois ans. Mais bon nombre de situations restent explosives. La fin de la guerre froide a été une période d’accalmie mais les terrorismes actuels en sont les héritiers. La guerre froide nouvelle pourrait aussi être entre Chine et USA ce qui influence l’Afrique et l’Asie, tandis que les USA reprennent la main en Amérique du sud, créant peut-être une poudrière pour demain. Cette fois, le volet économique de cette guerre froide ne dégénérera peut-être pas en conflit armé mais peut influer sur des déplacements de populations qui créent des tensions dans les pays accueillants, l’Europe n’étant pas la première destination, souvenons-nous en. Mais de plus en plus, ce sont les inégalités qui créent des conflits et guerres civiles, alors que l’on nous abreuve d’indicateurs disant que la situation économique des pays pauvres progresse.**


Ecrit le : 26/10/2019
Categorie : geopolitique
Tags : Geopolitique,guerre

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