Blog - Covid-19 et moi, épisode 5/?
Après un épisode un brin technique, je reviens à des choses plus terre à terre…pour un épisode exceptionnellement anticipé pour cause de roman feuilleton samedi prochain.
On dit souvent que c’est en période de crise que l’on reconnaît ses amis. Celle-ci est aussi l’occasion d’en retrouver, à distance. Mais je parlais récemment de ma mère qui vit dans une grande ville, une sous-préfecture, dans un quartier très classe moyenne. Quand j’y étais, il y avait 3 épiceries, un primeur, deux boulangeries, un marché, 2 bouchers, un libraire. Depuis, 3 ou 4 ans, plus d’épicerie, plus de primeur, plus de boucher, plus de libraire. Là, ils ont évidemment fermé le marché si bien qu’il n’y a plus moyen d’acheter des produits de première nécessité. Elle ne conduit pas, donc elle y va à pied pour faire plus de 2km pour un supermarché (j’ai compté avec les applications de cartographie). Au mieux il faudrait qu’elle prenne un bus, rare et bondé. Et puis évidemment, elle n’a pas trouvé ce qu’elle voulait : Rayons totalement vides parce que le ratio taille du magasin / densité de population est très défavorable. Bilan, nous payons ce que nous avons créé en privilégiant les courses en hyper/supermarché par rapport au commerce de proximité. L’autre problème est que les mesures du gouvernement sont presque contre productives car ciblées sur des très grandes villes dans des hyper-centres. Il y a pourtant des alternatives qui se font, par la solidarité de quartier. Dans un quartier de maisons individuelles, c’est plus rare. En Chine, c’est l’état via ses relais du parti qui a pris quelques mesures de bon sens pour organiser des approvisionnements. L’absence de service public dans nos villes et villages rend maintenant cela compliqué. Ce n’est pas non plus le facteur qui va faire ça ! Il faudra proposer des relais pour gérer les crises, sur la base de volontariat locaux. Et sans oublier que nos anciens, les plus touchés, n’ont pas internet … Le bon vieux porte à porte peut-être? Avec tous les faux démarcheurs et vrais escrocs, on a plutôt tendance à se méfier.
Cette période est assez incroyable et on commence à penser à cette “vie d’avant”. Nous avions prévu des choses, des voyages, des travaux etc…Pour ma part j’ai trois concerts/spectacles annulés et/ou reportés. C’est la vie.. Et puis j’envisageais aussi de faire évoluer cette satané Box internet, éventuellement passer à la fibre. Rien d’urgent finalement, tant que ça fonctionne. En ce moment, ça tourne avec le VPN de la boîte. Il y avait quelques entretiens de la maison à faire faire. Tout cela paraît tout de suite moins prioritaire. Mais par contre, nous avons rangé, du vrai ménage de printemps. Le problème c’est que ce n’est pas franchement le moment de jeter avec des éboueurs qui sont débordés. C’est le moment de laver, récurer. En plus ça fait faire du sport. Souvenez vous de Karaté kid, amis des années 80 !
Pourtant,si l’hôpital avait eu tous les moyens, est-ce que cela aurait changé l’issue de cette crise ? D’autres exemples dans le monde avec des systèmes de santé robustes montrent surtout une mortalité nettement en baisse (il faudrait d’ailleurs faire en % de la population), une diminution des cas mais un impact tout de même conséquent sur la vie des gens mais à un degré moindre (grâce à de bonnes habitudes, du matériel présent pour se protège), … et sur l’économie. Ah l’économie, nouvelle déesse de nos vie ! Darmanin doit avoir une statue pour prier dans sa chambre. C’est lorsque j’ai entendu mon big boss m’expliquer que je suis maintenant en chômage partiel que je me suis dit qu’il y a un problème quelque part dans leur tête. Je vous fais un résumé : Donc si on arrête de travailler, ce n’est pas bien car il faut prévoir le redémarrage et les projets de l’année prochaine. Mais en même temps (attention, gimmick) il faut protéger les personnes. On a tout prévu grâce à la médecine du travail (qu’on ne voit quasi jamais depuis 3 ans puisque restriction de personnel et augmentation des périodicités de visite), même les choses qu’on n’a toujours pas. (à tel point que des usines sont fermées). Mais en même temps il ne faut pas trop dépenser car on perd des milliards par mois, faute de ventes. donc on suit ça au jour le jour et on arbitre en haut lieu (là où ils ne savent pas vraiment ce qu’il se passe sur le terrain). Mais en même temps il faut faire des essais parce que c’est pour l’avenir. Mais pas avec plus de 4 personnes en interaction pas trop proche. Sauf si c’est en roulant et là c’est deux avec le deuxième à l’arrière en diagonale donc avec une ceinture qui ne protège pas. Oui mais bon… (finalement, la mesure sera annulée) Ah oui, les prestataires ne viennent pas car ils coûtent trop cher. Sauf que sans eux on ne sait plus bosser. Donc si on sait plus bosser on ne vient pas, donc chômage partiel. Et ceux qui n’avaient affaire qu’à des prestataires et qu’on a forcé à venir se retrouvent sans rien donc maintenant chômage technique. Mais il faut quand même continuer même quand il n’y a plus rien pour bosser, sauf quand on dit de ne pas venir. On sera créatif (oui, on va inventer des résultats qu’on n’a pas, sans doute…). Je vous passe les exemples cités qui existaient déjà depuis des années mais que personne n’utilisait. Bilan, on ne sait pas à la fin qui vient, qui ne vient pas, quand et pourquoi. Ceux d’en dessous se démerderont en demandant des arbitrages à ceux d’au dessus et ainsi de suite. (ça a mis 3 jours à se décider)
Alors après on a le reste de l’économie française, celle qui est indispensable, celle des anciens damnés de la terre, les invisibles ou ceux que l’on montrait du doigt (ce que l’on fera à nouveau, lorsque le naturel reviendra au galop). Là, pas de quartier, on impose, on demande des dons aux gens, du volontariat. Aux gens mais pas tous quand même, faut pas déconner…Ailleurs dans le monde cela s’est fait aussi dans des conditions différentes pour ce qui est de l’alimentation, des transports, des habitudes d’hygiène, du civisme mais aussi de l’autoritarisme. D’où les demandes de certains à ce mode de gouvernement. On a juste bêtement oublié que l’on ne sait plus rien faire puisqu’on a vendu, délocalisé tous les moyens de production de ce qui est indispensable. Quand j’alertais déjà dans mon domaine très spécifique il y a 10 ans, ce n’était qu’une partie visible de l’iceberg de toutes les compétences techniques et de production que l’on a perdu. Je n’ai entendu aucun discours humble de la part des dirigeants qui ont commis indirectement ces véritables crimes (car oui, cela a créé des morts au final). Une chaîne de production ça ne se fait pas comme ça en claquant des doigts, surtout pour des produits touchant à l’hygiène, à la santé (gels, masques, respirateurs, par exemple). Contrairement au mensonge des autorités de santé qui retournent aujourd’hui leur veste, il y a différents types de masques avec différents filtres, gramages, stérilisations… On a ici, un mois mini pour une petite chaîne de 50 personnes pour fabriquer à l’arrache un truc bien plus basique que le respirateur habituel. Ils arriveront bien après le pic de la crise. Là aussi, pas d’humilité sur le manque de réactivité dont Nous avons fait preuve. Avec des si on mettrait Paris en bouteille mais cette bouteille ne protégerait pas de tout. L’hôpital n’est qu’une partie de notre problème et avec tous les moyens du monde, tous les masques du monde, nous aurions quand même été obligé de restreindre nos activités, ne pas se déplacer et annuler les vacances, faire du télétravail, même si cela aurait pu être plus concentré sur des zones. Attention à éviter tout triomphalisme hâtif pour ces pays montrés comme modèle. Hong-Kong prépare la seconde vague. Le Japon est en plein dedans. La Chine continentale l’a passé. Les pays d’Asie du sud-est n’ont pas encore subi trop de dégâts malgré des mesures précoces et, là aussi, autoritaires.(je suis particulièrement le cas vietnamien) Et puis surtout il y aura l’impact économique, plus durable et mortifère encore. Notre interdépendance aux autres économies est incontestable mais devra être contestée. Il y a bien-sûr les touristes qui ne viennent plus dans des pays qui vivent beaucoup de cela mais il y a aussi les commandes qui ne sont plus faites ou difficilement expédiées. Cela touchera les populations les plus fragiles. On pourrait dire qu’il suffit simplement de tout savoir produire localement dans le futur, de se replier sur soi. Pas si simple quand tout simplement cela aurait des conséquences sur notre pouvoir d’achat, nos habitudes. Relisons peut-être la crise mondiale de 1929 et ses conséquences pour ne pas recréer le chaos qui a suivi. Nous avions rayé tout cela dans les années 80-90, sûrs de nous, construisant notre chaos.
Moulin de la galette à Montmartre par Maurice Utrillo (galerie Bailly)
Le chaos mène à la folie et ce confinement peut en créer. Il y a des violences, estimées en hausse de 30 à 40% dans les couples, les ménages. Mais je me surprend maintenant à avoir de curieux réflexes lorsque, par exemple, je vois des gens à l’écran se serrer dans le bras pour se congratuler. On rigolait avoir des gens qui censuraient les baisers de cinéma à Bollywood (cela est du passé, d’ailleurs) mais il y a des aspects culturels à prendre en compte. Les latins sont dits tactiles, chaleureux. Cela changera peut-être. Je parlais aussi du retour de l’hygiaphone. Est-ce que l’on va vraiment démonter toutes nos plaques de plexiglas montées à la hâte ? Pour les prochaines grippes et gastros, il y aura des questions à se poser. Une génération, comme celle de 1919, sera marquée par cet événement. A force de n’entendre qu’un sujet tout le temps, l’angoisse est pesante pour les adultes, marquantes pour les plus jeunes. Je pense même que les masques tissus tels qu’on le voit couramment en Asie, vont devenir un accessoire de mode, à force. Ma mère s’est mise à s’en fabriquer (oui, ça occupe quand on est seul..). La folie, c’est aussi cette habitude d’avoir toujours un peu plus de denrées non périssables chez soi, “au cas où”. On prenait les survivalistes pour des fous. Ils le sont moins maintenant. Comme quoi, la folie n’est souvent que s’écarter de la convention.
Attention, un paragraphe technique que tu as le droit de sauter
Et des conventions, des standards, j’en ai cherché dans les modes de communication. J’avais parlé de Whatsapp. J’ai interrogé mes camarades du forum de Cyrille et même les libristes font des concessions face à la réalité. Naturellement, on se dirige vers l’outil le plus utilisé. Ce n’est pas sans poser de problème pour s’échanger des document quand on t’envoie du Word mal maîtrisé et que tu n’as qu’un Ubuntu avec Libre Office. La messagerie instantanée et la vidéoconférence ont trouvés des standards aujourd’hui. Il y a 10 ans, on aurait répondu Skype. aujourd’hui on dit Whatsapp en occident, on dit Wechat ou QQ en Chine, on répondra autre chose en Inde, en Russie, comme si le monde avait du mal à communiquer. Là où il y aurait pu avoir un standard imposé par la W3C, chacun y va de sa technologie, de ses serveurs, ses outils, … ses surveillances. J’ai regardé au niveau des fonctionnalités et ça se vaut pour les basiques. Hangout de Google me semble délaissé et manque de clarté ou de réactivité pour savoir ce qui passe ou pas.* Skype* me semble aujourd’hui trop complexe et trop sérieux depuis l’orientation “entreprise” prise par Microsoft (un produit différent). Il y a d’ailleurs une version “light” en développement. Par contre ils ont amélioré la qualité de transmission depuis la reprise de cette boîte qui saturait. Reste le cas Signal, produit méconnu du grand public, en dehors des fans de Edward Snowden, austère mais sécuritaire (signal et edward !). J’ai connu aussi Viber qui marche bien dans les pays de l’est. Franchement, sur la qualité et les fonctionnalités, je ne peux les départager car c’est le réseau mobile qui fait le boulot localement. Donc naturellement, je choisirai aussi celui où j’ai le plus de contacts, si j’en avais besoin.
Voilà le bilan…ce n’est pas brillant
J’avais utilisé Nextcloud Talk par le passé mais là aussi on est dans un produit qui est limité, austère et ne réunira pas les générations. Ça a son importance ce côté fun, glamour, ces petits à côté comme les emoticones, les gif animés, … Moins si c’est pour suivre un cours en vidéo-conférence mais tout de même. Reste que ces outils sont exclusivement mobiles, puisque les versions PC font appel au wifi et à la connexion du smartphone sur l’outil. Il n’y a qu’Hangout qui existe en Web et Skype en application PC. Je cherche donc toujours le Graal, que je ne trouverai pas. J’ai mis Signal pour l’instant, dès fois que je parvienne à convaincre quelqu’un de l’utiliser. Evidemment, pour appeler ma mère en visioconférence, ce n’est pas gagné non plus tant que je n’ai pas fait l’installation moi même sur la tablette. Ah oui, un petit problème quand même, il faut une carte sim pour activer le numéro. Finalement le bon vieux Skype n’est peut-être pas si has-been pour une certaine catégorie de la population. : Mes contacts l’ont désinstallé !
Quand je parle de sécurité, je parle du respect des données utilisateurs, du RGPD, etc.. Mais aujourd’hui, on commence, au regard de la gestion coréenne par exemple, à regarder la nécessité du pistage des individus. Si on base cela sur le volontariat comme quelques startups débiles, on n’aura strictement aucune donnée valable. La seule méthodologie pour avoir un résultat réside donc dans … la surveillance de masse. Big brother est déjà dans le smartphone mais le droit nous en protège encore. Enfin presque quand on voit ce que Google fait avec la geolocalisation des utilisateurs. Comme je disais, c’est dans les moments de crise que l’acceptabilité du pire est la meilleure. D’un autre côté, notre incapacité chronique à obéir au bon sens et à l’intérêt commun pousse à cet autoritarisme. Déjà dans cette situation, nous avons vu des abus policiers de toute sorte, notamment vis à vis des plus pauvres, des quartiers défavorisés avec l’éternel délit de faciès. Si le terrorisme a déjà affecté quelques libertés, c’est encore une étape supplémentaire dans cette dérive. Le problème est surtout une impression de passe-droits qui persiste. Il n’y a qu’à m’expliquer par exemple comment des personnes peuvent rejoindre ou revenir de leur résidence secondaire durant cette période comme on l’a vu , ou même aller à Marseille parce qu’on y diagnostiquerait la positivité au Covid-19. Il faudra réaliser que les désobéissances à des petites règles peu contraignantes peuvent en provoquer des bien plus liberticides ensuite.
#onsesouviendra
Avec ce samedi qui sera consacré à la suite du roman-feuilleton, je vais pouvoir aussi continuer à écrire cette aventure d’anticipation technologique. Même si j’avais la trame de mon récit à peu près construite, il ne fait aucun doute que cette actualité aura une influence sur mon histoire. Déjà qu’il va falloir se taper plusieurs journaux de confinement à la rentrée, vous imaginez les téléfilms qui seront inspirés de cette période et ensuite les films. Les scénaristes doivent avoir largement le temps de peaufiner les scénarios. Je suis même étonné de ne pas voir trop vu de jeux autour du Covid-19. Vous avez d’ailleurs vu que je me suis remis à jouer sur le mobile. J’ai abandonné enfin Final Fantasy Brave Exvius pour me remettre à des classiques du mobile dans de courtes sessions. Pas plus d’un niveau de jeu mais pas d’arrêt avant d’avoir fini le niveau, ce qui logiquement risque de prolonger mes sessions au fil de ma progression. Il y en a certains que je trouve vraiment trop faciles quand d’autres sont vraiment sortis d’esprits plus tordus que le mien. Ce sont quand même des sorties d’il y a plus de 4 ans et ça ne vieillit pas. J’ai même l’impression qu’il n’y a pas eu de gros hit depuis un moment, tout le monde étant dans ses petites habitudes avec les Fortnite, les Clash of… etc. Le hit du moment c’est Animal Crossing sur Switch, comme si c’était nouveau après toutes les version quasi identiques. Et ça se vend, c’est ça le plus dingue ! Un jeu pour les confinés ou on se retrouve en fait confiné dans un petit village à faire toujours à peu près la même chose. Une mise en abyme.
Petit à petit, nous entrons dans cette nouvelle routine. Mes chats se sont habitués à me voir tous les jours à toute heure, surtout qu’il me reste des jours de congés. Madame a ses rituels, moi aussi. Je commence plus tôt pour profiter du calme du matin, et finir ainsi plus tôt pour tenter parfois une sortie dans un magasin en dehors des heures de pointe, renouveler une ordonnance, etc… Et dire que pour se moquer de nous, la nature n’a fait que nous afficher un soleil radieux. Nous aurons vraiment eu le meilleur du pire !