Cinéma - Dark Waters de Todd Haynes (2020)
Le film qui vous fera changer de poêle ? Mouais, pas terrible comme punchline..
Et pourtant, on va parler Teflon ou plutôt pollution généralisée au Teflon dans ce film hollywoodien mais militant. A noter qu’il est produit par l’acteur star du film, Mark Ruffalo, accessoirement proche de certaines causes environnementales. L’histoire ?
C’est une histoire vraie dont les personnages existent ou ont existé. Dupont et le composée APFO – C8, autrement appelé plus poétiquement Acide Perfluorooctanoïque, sert à fabriquer le teflon, ce que l’on retrouve sur des poêles, des tapis, des rubans pour la plomberie et autres traitements de surface. On en rejette partout comme produit fini mais déjà lors de la fabrication. C’est le sujet principal du film mais ce n’est pas seulement ça. Ca reste en nous, ça crée des cancers à haute dose. Ça se retrouve même dans la chaîne alimentaire pourtant éloignée de ce polymère. Le classement dans les polluants persistant date seulement de 2019…quand il y avait une connaissance d’effets néfastes dès les années 60.
« En 1999, Robert Bilott est avocat à Cincinnati au sein de l’influent cabinet Taft, Stettinius & Hollister, spécialité dans la défense des entreprises de l’industrie chimique. Wilbur Tennant, un fermier de Parkersburg en Virginie-Occidentale, prend alors contact avec lui. Le fermier, qui connait la grand-mère de Robert, l’implore de l’aider : son troupeau de vaches a été décimé et les animaux encore en vie présentent des lourdes séquelles. Son exploitation est située juste à côté du site Dry Run, appartenant à l’entreprise de produits chimiques DuPont. D’abord réticent, Robert Bilott accepte l’affaire, contre l’avis de quasiment tous ses proches. Il va peu à peu découvrir que toute la population locale est touchée. En effet, l’eau est polluée, notamment par la présence de PFOA utilisé pour des produits de la marque Téflon. Durant plusieurs années, il va tout tenter, quitte à mettre de côté sa carrière et sa famille. »
Le film est donc informatif de ce point de vue là sans sombrer dans des termes trop techniques. Plus que ce cas, il traite aussi des possibilités des grands groupes industriels de mentir par omission, de manipuler l’opinion et d’échapper à toute condamnation. Si DuPont a eu une des plus fortes amendes jamais enregistrée à l’époque, c’était dérisoire par rapport aux bénéfices générés. L’avocat héros du film étant au départ du côté des industries chimiques, connaît toutes les ficelles légales pour déjouer les plaintes…Mais pas l’inverse.
Comme c’est une histoire vraie et un biopic, il n’y a aucun suspens sur l’issue finale. Il faut donc maintenir le spectateur en haleine par d’autres artifices comme des faiblesses chez nos héros, l’attente de résultats d’enquête, etc…Cela fonctionne plutôt bien. J’ai plus de réserve sur le choix d’une photo exagérément grise bleutée en extérieur ou carrément jaune lorsque le héros est chez lui ou à son bureau. Cette opposition couleur froide / couleur chaude est trop caricaturale. Ruffalo est crédible dans ce monde de requin même si sa moue et ses mimiques me semblent superflues. Pour Todd Haynes, j’avais aimé son Velvet goldmine, je le trouve presque scolaire ici. Malgré cela , pour l’histoire, le film mérite un détour.