Littérature - Le Diable sur les épaules de Christian Carayon (2013)
J’avais envie d’un bon polar atypique et j’ai trouvé mon bonheur dans cet ouvrage d’un auteur français pas encore professionnel (oui, il est prof…). Mais ça ne se voit vraiment pas.
L’histoire ? Au cours de l’année 1924, un village isolé des montagnes tarnaises et menacé d’extinction est le théâtre de plusieurs assassinats atroces. Déjà les langues se délient et certaines superstitions ressortent… Malgré tout, la jeune institutrice Camille refuse de céder à ces croyances d’un autre âge et appelle à la rescousse son ami d’enfance Martial, détective amateur à ses heures.
L’histoire a fonctionné avec moi pour plusieurs raisons. Tout d’abord il y a un lien avec la première guerre mondiale et un soldat disparu qui reviendrait hanter les lieux. Une pointe de surnaturel, donc. Ensuite ça se passe dans le Tarn mais ça me rappelle des coins de mon enfance ou liés à mon histoire familiale, non loin de là. On passe aussi par Luchon, que je connais bien, donc je me sens en terrain connu. Christian Carayon écrit bien, trouvant le juste équilibre entre la description historique et géographique, la présentation des personnages, nombreux dans ce village et son intrigue bien sûr. La promo du livre parle de Simenon ou d’Hitchcock ? Sans aller jusque là, il n’y a pas l’austérité que je ressens chez Simenon ou le talent d’Hitchcock pour faire de choses simples des chefs d’oeuvres.
Sans mentir, j’ai eu l’intuition au tiers du livre du véritable meurtrier, sans en trouver le stratagème. Mais justement le défaut du livre c’est d’avoir vraiment trop compliqué le modus operandi au point que cela soit capilo-tracté par moment (échange des tenues dans scène finale, par exemple… je n’ai rien dit :p ). Le coup des fausses pistes c’est trop voyant à un moment dans le genre du « whodunit ». Donc en vieux routier, je cherche ailleurs. Mais il faut avouer qu’il amène particulièrement bien son affaire, sa série de meurtre, l’aspect vengeance d’un autre crime particulièrement sordide. L’environnement historique est cohérent. On s’y croit. Je reste plus circonspect sur les techniques d’enquête et des légistes de l’époque. Nous sommes en 1924 tout de même. Mais comme les personnages sont attachants, ou détestables, on se laisse avoir.
Un très bon polar donc, pour les amateurs du genre, avec lequel on passe de bonnes heures d’angoisse dans ce village perdu et moribond, cette campagne qui vit le remembrement avant l’heure. « Page turner » plutôt dans le haut du panier, c’était le premier ouvrage de cet agrégé d’histoire de Mazamet qu’il me tarde de retrouver pour avoir confirmation de son talent.