Cinéma - La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit (2016)
Rattrapage tardif pour ce film d’animation dont la bande annonce m’avait bien fait craquer. Mais je me l’étais gardé pour plus tard, pour le bon moment …
C’est une fois de plus un film plus à destination des adultes (jeunes ou moins) que des jeunes enfants, malgré sa beauté. Une sorte de conte qui commence avec un naufragé qui échoue sur une île déserte après une tempête. Il en a vite fait le tour et s’emploie à construire des radeaux qui sont détruits par de mystérieux chocs sous-marins. Dans sa troisième tentative, il pense que c’est une tortue marine de couleur rouge qui lui fait ce mauvais tour. Pour se venger, il décide de la tuer lorsqu’elle arrive sur sa plage. Là voilà qui se transforme en femme…
Le film est d’une beauté formelle incontestable. Ce fut une des premières production Ghibli réalisée à l’étranger. Le regretté Isao Takahata en assura la direction artistique et je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a pris une bonne part dans la réussite. L’animation est détaillée, jusque dans les bruissements des feuilles de bambou, dans les mouvements souples et fluides des personnages. Les décors sont épurés, avec une économie de couleur mais toujours splendides et fascinants. Que dire de la mise en scène particulièrement intelligente dans chaque scène avec par exemple le rôle des petits crabes. Et puis il y a une musique très réussie pour couronner le tout dans cette production franco-belgo-japonaise. On la doit à Laurent Perez-del-Mar qui officia sur des films plus sociaux avec moins de maestria qu’ici.
Mais…où cela mène-t-il ? Au delà de la beauté technique du film, j’ai du mal à comprendre le sens total de cette fable. Il y a notamment un élément qui me dérange, c’est cette violence humaine (la tortue tuée) qui est, en quelque sorte, récompensée. Evidemment, après on peut y voir une parabole sur le cycle de la vie, un parallèle entre les petites tortues et l’enfant qui part, mais je trouve ça finalement trop confus. Il me manque quelque chose pour adhérer totalement à ce délicieux spectacle. Dans un monde artistique qui s’attache trop souvent plus à la forme qu’au fond, ça me dérange. Alors on va dire que je n’ai pas compris le sens profond de l’oeuvre mais vous ne regretterez pas ces 1h20 de beauté pure, pour autant.