Voilà un album que je n’avais pas prévu et son auteur l’a un peu précipité. Car Ronnie Atkins, chanteur de Pretty Maids, est atteint d’un cancer du poumon incurable. Voilà qui pousse à sortir un projet solo et à dire ce que l’on a sur le coeur.

Je tiens Ronnie Atkins pour un des tous meilleurs chanteurs de sa génération, autant à l’aise dans le registre Heavy-Metal que Hard-Rock ou même pop. J’ai déjà eu l’occasion de parler de son groupe, injustement méconnu par beaucoup. Et sans surprise, cet album solo est très proche de ce que fait habituellement Pretty Maids. Notre ami danois (Paul Christensen de son vrai nom) est un des membres fondateurs avec Ken Hammer, le line-up ayant changé au fil du temps. Et comme le dit le chanteur :

“To be honest, I initially had no intention to do a solo album to begin with, but for various reasons and in particularly my own personal health situation I finally decided to have a crack at it,”

*Pour être honnête, je n’avais initialement pas l’intention de faire un album solo, mais pour plusieurs raisons et en particulier ma situation de santé personnelle, j’ai finalement décider de me lancer”

Il en ressort un album où le chanteur met beaucoup de son énergie communicative, toujours aussi à l’aise vocalement, malgré l’age. C’est beaucoup moins metal globalement, plus mélodique, avec l’efficacité des productions nordiques dans les refrains. On retrouve Chris Laney (Pretty Maids entre autres) pour une bonne part des instruments, et quelques musiciens d’autres groupes nordiques comme Allan Sorensen (Royal Hunt), Pontus Egberg (King Diamond), entre autres.

Je ne vais pas mentir, ce n’est pas l’originalité qui est la force première d’un album mais c’est un disque que l’on écoute avec plaisir. Beaucoup de (power) balades, c’est vrai, même s’il y a parfois une rythmique appuyée (forcément, production Pretty Maids). Le single “One shot” dit tout :

“One shot, One life, One chance to throw the dice, And we can’t waste another day no…”

L’émotion est palpable. D’autres titres sont hélas plus passables. J’apprécie la positivité de “Real” et l’énergie de “Scorpio” qui entament l’album avec un bon gimmick de clavier. Des claviers très présents d’ailleurs. Il y a bien quelques artifices un peu inutiles comme les claps et clameurs de “Subjugated”. Il y a la partie acoustique qui va bien dans un “Frequency of love” plutôt banal, tout comme l’est “Miles Away”, malgré l’énergie communicative de notre chanteur. Ronnie rappelle qu’il fait du Metal dans l’envolée de “Before the rise of an empire”, excellemment produit. On en aurait rêvé sur scène…Les fans de Pretty Maids ne seront pas dépaysés par “Picture Yourself” qui met tous les bons ingrédients.

“I Prophesize”, une bonne power balade de plus, appuie sa rythmique. Mais je ne peux m’empêcher de penser au problème que j’avais rencontré avec les albums solos de Brian May de Queen, ou même au solo de Freddie Mercury. On a l’impression qu’il manque un ingrédient quelque part pour que ça soit du très bon. Oh, je n’en veux pas à Ronnie, mais j’aurai espéré un “couronnement” pour une carrière bien remplie. J’ai déjà une impression de nostalgie sur ce titre. Un peu moins sur “One by one” avec son intro très heavy. Quelle voix ! On termine par “When Dreams are not enough”, et qu’importe la qualité du titre, on ne peut ressentir que de la tristesse avec une telle balade. Je n’ose vous retranscrire les paroles ici…

C’est toujours difficile de chroniquer un album “testament” car je le ressens comme ça. On peut toujours espérer jusqu’au bout c’est sûr et au moment où je chronique cela, Ronnie est encore des nôtres. Il faut prendre en compte le contexte (qui m’en rappelle d’autres…) et rien ne pourra jamais enlever cela de sa musique. Ronnie nous manquera quand il ne sera plus. Cet album tournera quelques temps dans mon lecteur.

En video : One Shot

And tonight we roam in paradise

A higher love so beautified

When one is all and all is one

Like the essence of a fairy tale

The kind of love that couldn’t fail

The journey that has just begun