Tutoriel et Réflexion - Travail, retrouver l'équilibre
Après deux années de télétravail, de disparition de postes ou de collègues, j’ai peu à peu changer complètement ma manière de m’organiser et de trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Évidemment, ce billet ne concerne surtout qu’une partie des personnes qui travaillent, … mais pas que. Car le télétravail en deviendrait presque un privilège apparu avec la crise SARS-CoV2. Mais les estimations divergent entre le potentiel d’emplois “télé-travaillables”, la réalité du terrain, et le pourcentage de ceux qui ont pu le mettre en place. Ceux qui ne télétravaillent pas sont confrontés à un isolement vis à vis des travailleurs à distance. Il faut donc prendre en compte tout cela de chaque côté et ne plus fonctionner comme avant.
Aménager son poste de travail
C’est très souvent le cœur du problème. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une pièce où s’isoler et avec un bureau, un bon fauteuil ergonomique. D’où la nécessité pour certains d’utiliser des espaces en location. C’est bien l’essentiel de trouver déjà le lieu. J’avais commencé par la table du salon mais ce n’était guère confortable, même avec un support pour surélever le pc portable, un clavier et une souris. J’ai trouvé un très bon petit bureau et le coin de pièce qui va bien. J’ai aussi vu la nécessité d’avoir une alimentation universelle de PC, au cas où ça lâche. J’ai rajouté un tableau en liège pour punaiser des notes, mais aussi des photos plus personnelles pour ne que ça soit trop triste. Il me sert d’ailleurs pour des actions personnelles. Un petit fauteuil ergonomique pas des plus cher mais qui me convient bien, et hop je suis prêt. Sur l’aspect fauteuil, c’est vraiment beaucoup de n’importe quoi dans les grandes enseignes. Notamment sur les hauteurs de réglage, les tailles d’assises, la stabilité, et la hauteur de dossier. Il existe des boutiques pro qui font du déstockage intéressant. J’y ai trouvé mon bureau par exemple à presque moitié prix. Avec l’aide financière concédée par ma boite, ça fait un investissement très faible, mais là aussi l’inégalité règne.
Et lorsque l’on revient sur site, la plupart des grosses sociétés sont passées au bureau partagé. J’ai déjà écrit sur les méfaits de ce système. Autant vous dire que ça ne me donne absolument pas envie de revenir sur site. Mais comme j’ai une activité plus technique dans un local dédié, c’est plus là bas que je vais m’installer et notamment parce que j’ai préparé ce que j’ai à faire sur site. Mettre de la peinture colorée et un baby-foot (sic) ne suffit pas à donner envie de poser ses fesses dans des alignements de bureaux sinistres, qu’on se le dise. J’ai vu récemment que Brigitte Macron avait confondu hôpital et entreprise…Désolé, le nerf de la guerre, c’est le salaire et les postes, ce qu’on a du mal à avoir !
Organiser son temps
Du côté du télétravailleur que je suis pour 60 à 75% du temps, il m’a fallu m’organiser. Déjà, je suis un lève tôt, contrairement à beaucoup de collègues. Mais ça me permet d’être en contact avec les équipes du matin, plutôt que du soir, choix qui m’est personnel. J’aime le calme du matin pour me consacrer à quelques formations, à organiser ma journée, à utiliser l’énergie apportée par un bon petit déjeuner avec un bon café…ou thé selon l’envie. Souvent, je retrouve des mails envoyés tardivement la veille et ça me permet d’utiliser cette période calme pour m’y consacrer.
Ensuite, quand je parle d’organiser sa journée, c’est une action qui se fait souvent en fin de semaine précédente. Il y a des réunions, que j’essaie de limiter en nombre et en temps. Le format demi-heure a enfin réussi à s’imposer mais pas toujours pour de bonnes raisons. Il y a surtout des actions à réaliser qui ont pu être décidées durant les réunions précédentes. Je crée donc, dans mon agenda, des petites “réunions” avec moi même pour traiter ces sujets durant mes prochains jours de travail. Cela peut parfois être d’organiser une réunion, d’envoyer des mails un peu plus compliqués et cela prendra très peu de temps. Mais ainsi je n’oublie rien.
Ensuite, il y a justement le travail préalable aux réunions à venir. Je suis malheureusement trop seul à les préparer consciencieusement et parfois cela pousse à la procrastination, à force de voir des gens venir les mains et les neurones dans les poches. Je me laisse aussi du temps la veille pour préparer une grosse réunion importante, surtout si je dois l’animer. Cela peut consister en la préparation des documents utiles, des liens internes, des supports de présentation, etc…Mon planning de la semaine est agrémenté de couleurs qui me permettent de visualiser en un clin d’œil ces périodes. Mes réunions avec moi-même évitent d’être débordé par des réunions impromptues et souvent peu nécessaires. Je les mets en “privé” puisque nous travaillons en agenda partagé. Il faut pourtant rester flexible et pouvoir décaler, redimensionner tout cela. De prime abord, je peux apparaître peu joignable mais j’ai aussi “sanctuariser” des jours pour un type d’activité, notamment le retour sur site.
Revenir sur site
Pour moi, revenir travailler sur site, ce n’est pas du tout faire la même activité que les autres jours. Outre le fait que j’ai des manips à faire avec du matériel de mesure ou autres, il y a des actions à voir avec les différentes personnes, collègues, collaborateurs, hiérarchiques, extérieures. Je mets donc là aussi les sujets que je dois traiter dans ces plages avec éventuellement les rendes-vous qui vont avec. Par exemple, cela peut être des problèmes de terrain à voir avec les différents intervenants pour comprendre ce qui se passe. Je ne vais pas attendre d’être sur site pour faire les outils informatiques dont j’aurais besoin. Je viens pour faire, pour partager, pour discuter en montrant ou en ayant des démonstrations de ce que je dois voir.
Et puis il ne faut pas négliger que le retour sur site est aussi un moment de convivialité donc d’échanges qui vont un peu plus loin que le simple boulot. C’est voir comment se portent les personnes, parler aussi d’autre chose. Alors évidemment, j’en connais qui sont doués pour donner l’impression de s’intéresser aux gens sans en penser un traître mot, surtout dans les moments où ils ont besoin d’eux. Et puis il y a aussi l’inverse …
Le télétravailleur, vu par la première ligne? Danish Artists in Rome par Constantin Hansen - 1837
La première ligne
La difficulté du télé-travail c’est son inégalité. Il y en a qui détestent ça déjà, parce qu’ils se sentent seuls (et souvent dans la vie aussi), qu’ils n’ont pas le bon environnement. Il y en a qui ne peuvent pas télétravailler, surtout. On a parlé de “première ligne” et elle n’a pas été reconnue financièrement durant la crise virale. Le danger de tout cela c’est que le télé-travailleur apparaît comme un privilégié injoignable, qu’on ne voit jamais. L’échange de mail n’est clairement pas suffisant. J’essaie de prendre comme habitude d’avoir des échanger téléphoniques réguliers avec les moyens internes (téléphone, teams (grrrr) en audio voire en visio). Régulier c’est au moins 2 fois par semaine, en plus du jour sur site. Mais là encore, pas évident puisque tout le monde n’emporte pas son moyen de communication toute la journée avec soi. Et puis il faut montrer aussi ce que l’on fait et prioriser ses réponses pour ceux qui sont dans l’action. Ça veut dire répondre vite, rappeler vite, même s’il peut arriver que cela ne soit qu’une fausse alerte.
D’où l’importance d’inclure le retour sur site dans cette valorisation. Oui, ça fait une belle jambe la valorisation quand on n’a pas un sou de plus à la fin du mois. Et là, ce n’est pas faute d’avertir les hiérarchiques que ça risque de péter un jour. Mais bon, c’est un autre sujet. Je viens sur site pour aider, montrer, dépanner, orienter en premier lieu. Pas pour faire acte de présence dans un bureau sans me soucier de ce qu’il se passe autour de moi. Pour ça, autant rester chez soi… Alors après, j’ai le sentiment de faire mieux mais ce n’est pas toujours suffisant. J’ai aussi délégué et laissé les personnes s’organiser par elles-même. Ça fonctionne avec certains, pas avec d’autres qui ont besoin d’être plus dirigés et aidés. Il y a des moments où l’on aimerait aussi être présent à coté parce que sinon ça va attendre 2 ou 3 jours. Mais par rapport à la situation d’avant (une autre personne à ma place), je sens que cela va mieux, même s’il faut veiller à ne pas se reposer sur ses lauriers.
Vie personnelle
Le principal problème du télé-travail, c’est l’horaire. De nombreuses études montrent que le télé-travailleur fera plus d’horaires quand il est chez lui. Il faut tout de même se méfier car il y a de nombreux moments de coupure avec des activités personnelles. Mais combien j’en vois envoyer des mails à des heures tardives, ne pas arriver à se déconnecter. Il faut que les choses soient claires : Il y a les mêmes horaires en temps de travail et chacun doit faire l’effort de s’adapter aussi. Il peut m’arriver de faire une réunion tardive (pour moi c’est au delà de 16h), mais dans ce cas, j’aurai mis à profit un autre moment dans la journée pour ma vie personnelle. Là aussi, réunion avec moi même. J’ai aussi des livraisons ou des activités chez moi avec des entreprises extérieures.
Il est d’ailleurs très bon de se ménager des coupures dans les demi-journées. On peut aller marcher un peu, c’est bon pour la créativité et prendre du recul. On peut faire son ménage, ça défoule et ça fait se concentrer sur autre chose. Pour moi, il y a aussi les chats à s’occuper, ou une petite course à faire dans les commerces proches. Pour d’autres, c’est un enfant à s’occuper. Ce sont ces petites choses dont il n’est pas évident de toujours prévoir le temps nécessaire. J’essaie d’éviter les demi-journées avec 4h de réunion, par exemple car au final, je n’aurai pas 4h d’attention optimale. Donc, se prévoir une coupure, même pour préparer autre chose, c’est nécessaire.
Dans tout cela, tout n’est pas officiel. Il y a le fait d’avoir aussi une ligne téléphonique ou un teams qui reste ouvert durant le temps de travail. Désolé, mais il y a le répondeur, le mail pour quand je ne suis pas joignable. Il faut absolument se déconnecter aussi en dehors des horaires. Je n’utilise pas d’applications pro sur mon smartphone perso. J’ai juste accès à la messagerie si besoin mais je ne le fais que rarement et jamais après 17h (oui n’oubliez pas que je commence avec les poules).
Avec tout ça, je pense avoir un bon équilibre qui ménage à la fois le rythme de vie personnelle et familiale et l’efficacité nécessaire. Je n’ai que peu de mails en attente dans la boite pro. Je n’ai pas d’actions oubliées ou en retard, ou quasiment pas. Et je reste en même temps disponible pour les urgences en pouvant me réorganiser et en prévoyant de venir sur site à l’improviste dans les plages de temps que je laisse flexibles. Reste que tout ça, c’est pour une personne qui n’aime pas la routine. Pour celui qui aime ses habitudes, ce nouveau mode de travail n’est pas forcément adapté. Et on le sent bien dans les communications des Ressources Humaines qui utilisent la novlangue : Agilité, Polyvalence, Flexibilité. Peut-être aussi parce que l’on ne nous y prépare pas vraiment ? La preuve, pour le “retour sur site” et la sortie du mode COVID, la communication est arrivée à peine une semaine avant !
Et en musique, c’est tellement mieux de travailler : Can’t let go