Géopolitique - La guerre n'a jamais de règles
Avec le conflit ukrainien, les mauvais réflexes de l’information reviennent. L’information immédiate nous pousse aussi à réagir à chaud et à un “manichéisme”, d’autant que techniquement le conflit est sur notre continent (dont les frontières fluctuent politiquement, sportivement, culturellement, cf Chypre, Arménie, Turquie, Azerbaïdjan, Géorgie, Israël). Mais on oublie aussi que malgré les grands discours, la guerre n’a jamais de règles, sinon celles du vainqueur.
Après la seconde guerre mondiale, on pouvait penser que les conventions de Genève allaient pouvoir enfin s’appliquer et fixer des limites à l’horreur de la guerre. C’était oublier que ces textes écrits en 1864, puis 1909 et 1929, ne s’étaient de fait pas appliqués sur les précédents conflits. En 1949, on écrivait une nouvelle version que la guerre froide mettra à mal. Et les ajouts de 1977 et 2005 n’y feront finalement pas grand chose. Les règles sont toujours bafouées, par vainqueurs et vaincus et l’on ne condamne pénalement que les vaincus.
Alors c’est vrai que, à titre personnel, je ne pensais pas que Poutine irait aussi loin dans sa logique de restauration de la grande Russie et de protection de l’espace russe, même si j’avais en mémoire la boucherie Tchétchène (environ 175000 morts dont au moins les deux tiers sur la période Poutine). Comme Michel Goya, je voyais cette entreprise comme stupide militairement et stratégiquement et je crains que l’avenir le prouve. On pourra revenir longtemps sur ce rendez-vous manqué entre Europe et Russie après la chute de l’URSS et qui a beaucoup contribué à la situation actuelle et à la création du “monstre”. Reste qu’aujourd’hui, c’est la guerre dans un pays que l’on voit aujourd’hui comme ami et qui a été synonyme de désastre nucléaire avec Tchernobyl. Je vois des jeunes partir “à la guerre” avec le sourire et l’enthousiasme qui était présent dans d’autres conflits mondiaux. J’en vois d’autres, souvent plus âgés, mobilisés ou volontaires avec la peur au ventre. Je ne peux m’empêcher de penser à mon arrière grand-père mort en 1915 ou à ce que mon grand-père me racontait de 1940 et de ce qui suivit aussi. A mon modeste niveau, je fais aussi appel à mon expérience du service militaire en compagnie de combat pour me rappeler de ce qu’est la guerre moderne. J’ai été formé à détruire des chars avec diverses armes allant de la mine (dont celles officiellement interdites) au lance-roquette. J’ai connu brièvement le froid, l’humidité, l’angoisse de l’assaut d’un objectif, l’attente de l’attaque et le sentiment d’être observé. Sauf que pour moi l’enjeu n’était pas la mort. J’ai tiré de nuit et de jour avec des armes de guerre jusqu’à 600 mètres. On ne se rend pas assez compte de ce qu’est cette distance, de ce petit point à l’horizon qui sera blessé ou tué par une balle tellement plus puissante que celle d’un fusil de chasse. J’ai même utilisé toutes les protections contre les armes bactériologiques et chimiques, comme si on croyait vraiment que cela avait disparu. Et puis on nous a bien dit de ne pas tirer sur les parachutistes ennemis qui descendent mais qui croit vraiment que cette convention serait appliquée lorsque l’on a vu ses amis et camarades se faire tuer à ses cotés. Et on parlait aussi du coût humain de la conquête de bâtiments, villages ou ville et le fait que le conquérant doit avoir au minimum 4 fois plus d’hommes.
Alors à chaque fois on redécouvre que la guerre ne tue pas que des militaires. Déjà qu’en temps de paix, les quelques militaires tombés en mission ont droit à un hommage quasi individuel, avec même parfois passage aux Invalides pour nous français. En temps de guerre, point de tout cela, quand cela se chiffre par dizaines puis centaines par jour, en n’espérant pas plus. S’ajoute à cela les frappes massives et les fameux dégâts collatéraux des frappes “chirurgicales”. Ce terme est apparu surtout lors de la première guerre du golfe de la part des USA qui avaient été critiquées par le recours aux bombardements massifs et au Napalm lors de la guerre du Vietnam (notez encore l’emploi d’armes illégales) et tous les conflits précédents. C’était un argument marketing dont on a vite vu le mensonge surtout quand cela est filmé (cf affaire Manning). La 2ème guerre du Golfe, basée sur un mensonge américain, fera officiellement 77000 morts, plus de 200 000 selon des ONG si on compte les conséquences de la déstabilisation, quand la première faisait déjà 5000 civils tués (10 fois plus selon un avocat qui a étudié le sujet) et sans doute plus de 100 000 morts militaires. Le bombardement de l’OTAN au Kosovo/en Serbie fera 600 victimes civiles dont … 300 Kosovars qu’il était supposé protéger. Nous sommes bien loin des villes allemandes rasées par les bombardements alliés, ou même des villes françaises (Le Havre par exemple avec ses 5 000 morts, 80 000 sans-abris sur 160 000 habitants). Marioupol, Kharkiv et autres Kyiv ne seront que d’autres villes martyres de plus, sous les bombes ou par manques de ressources.
Bataille vers Mentana - Lionel-Noel Royer (1890)
Mais il faut rajouter en Irak, comme pour l’agent-orange au Vietnam (qui crée toujours aujourd’hui malformations ou décès d’enfants), les conséquences de l’utilisation par les USA de munitions à l’uranium appauvri (jusqu’à 800 tonnes). Impossible de dénombrer les victimes mais l’Irak a le record mondial du nombre de leucémies et cancers. Surprise, en Libye, intervention illégale du point de vue droit international, des munitions à l’uranium appauvri furent aussi utilisées. Et évidemment, les bombardement tout aussi illégaux de l’OTAN sur la Serbie font état des même conséquences, même chez des militaires ayant manipulés ces armes. Ce type d’armes se rencontre maintenant dans de nombreuses armées du globe et on découvrira les dégats en Ukraine. On en retrouve donc en Palestine, au Liban, vraisemblablement au Yemen, etc… Si chez les vétérans US de la guerre du golfe on approche de 60% d’invalides, imaginons les millions de morts civils dans les années suivant les conflits, pire encore que les champs de mines. Et tout cela en violation de toutes les conventions de Genève, là encore. Et s’ajoute à tous ces drames les famines dues à la destruction de l’agriculture. Cette fois en Ukraine, on parle du retour des armes à sous-munitions, côté russe, largement utilisées par les USA au Vietnam, mais conservées par russes ou syriens aujourd’hui (un accord de 2008 en supprima l’utilisation mais n’est toujours pas signé par les USA). Et on peut y ajouter les armes bacteriologiques et chimiques, dont les armées du monde conservent une expertise sans oser l’utiliser comme récemment en Syrie, et l’arme nucléaire tactique (frappe “limitée” localement).
Parmi les victimes civiles, Les femmes et les enfants sont particulièrement visées. Si aujourd’hui dans le conflit ukrainien, elles sont forcées à l’exil, laissant maris, enfants, frères au front, ce n’est pas toujours le cas. Prostitution forcée et viol sont monnaie courante dans les conflits, même récents et en cours. Et après la guerre, les enfants issus de ces viols sont souvent rejetés. Les enfants sont aussi utilisés comme soldats, enrôlés de force dans d’horribles chantage à la mort. D’autres enfants n’ont d’autres choix d’avenir que la guerre, sous le joug d’un camp ou d’un autre. Tous les enfants touchés par la guerre gardent des traumatismes durables. Et même parmi les populations déplacées par les guerres, les femmes sont aussi victimes de réseaux de prostitution, ou violées par des passeurs. Ces victimes ne sont bien sûr jamais comptabilisées dans les bilans des conflits. Tout juste sait-on que pour la prise de Nankin en 1937, il y eut entre 8000 et 20000 viols. On parle déjà de cas de viols en Ukraine évidemment. Aucun camp ne sera épargné, j’en ai peur.
Les guerres n’ont pas de règles et pourtant servent à retracer des frontières. Il est rare que les frontières dictées par la force soient bien acceptées par les populations. La blessure du Kosovo est loin d’être refermée, pas plus que celle de la Bosnie et son curieux consensus sur la gouvernance. En Turquie, on voit que la perte de frontière maritime au profit de la Grèce est aussi sujet de controverses, tout comme le Kashmire entre Inde et Pakistan, et j’en passe… Il faudrait se pencher ouvertement sur les conditions de tracé de celles de l’Ukraine et les accords signés alors par un Eltsine peut-être pas si lucide, sur fond de corruption généralisée et d’aides économiques. La situation était alors plus que critique avec une industrie en déliquescence, une agriculture désorganisée et des armes nucléaires qui menaçaient d’être vendues au plus offrant. Le tracé reste proche des revendications du début du 20ème siècle, laissant quelques territoires à Pologne et Belarus. La Crimée fut rattachée à l’Ukraine (dont les frontières remontent à la révolution russe) seulement en 1954 avant de revenir dans les conditions que l’on sait à la Russie. Mais le nationalisme ukrainien est fort depuis très longtemps et Staline s’y cassa les dents, malgré famines et massacres. Des déplacements de population forcés changèrent alors les choses. Bref, on peut remonter à loisir à la date qui arrange chacun des belligérants pour définir la bonne frontière. Et même la proportion des populations russophones ou non ne serait pas forcément un bon indicateur puisque se développe ou pas un sentiment d’appartenance à une nation. Le conflit aura la conséquences de cristalliser un peu plus le clivage entre russophones et non russophones, ou devrait-on dire russophiles ou non (et bientôt “Poutinophile”). Les accords de Minsk ont montré une mauvaise volonté des deux camps d’aboutir à la paix et aucune volonté des pays négociateurs pour faire aboutir ces accords. Le même type de problème existe aussi en Moldavie avec la Transnistrie, sachant que ce pays était intégré aussi à l’URSS. Dans le conflit ukrainien, la position plus ou moins neutre de négociateur manque aujourd’hui clairement et pourtant Chine, Inde, Turquie ou Israël(qui bafoue aussi d’autres règles en frappant ses ennemis ailleurs) se préparent à ce rôle inédit, à moins que d’autres BRICS retrouvent le chemin vers la démocratie et l’ouverture.
Car dans les guerres viennent s’ajouter les jeux d’alliances. C’est par cela que des guerres devinrent mondiales après un attentat (1914-1918) mais il y a eu aussi des revirements ou des trahisons. Ainsi le pacte germano-soviétique ne dura pas dans la deuxième guerre mondiale tandis que les états européens laissaient les Sudètes être envahis et signèrent les accords de Munich, trahissant les promesses passées. Aujourd’hui, on observe des demandes d’adhésion à l’Union Européenne et éventuellement à l’OTAN qui pourraient aussi enclencher des jeux d’alliance s’ils avaient des réponses positives. En tout cas, c’est ce qu’espèrent les candidats à l’entrée, avec un risque d’escalade. On peut y ajouter que seulement deux pays européens disposent de la dissuasion nucléaire (et avec le sacrifice, comme pour les autres pays atomiques, de soldats, de populations algériennes et polynésiennes pour la France) et que la Turquie est membre de l’OTAN depuis 1952 par mesure de “containment” tout en essayant aujourd’hui d’avoir une position entre neutralité et ingérence vis à vis des conflits à sa périphérie. Il devient alors difficilement prévisible de savoir quel effet domino sera enclenché, d’autant que les politiques US sont fluctuantes en fonction des mandats : Trump dénonça les accords nucléaires et de non-prolifération. Biden ne veut pas s’engager dans des conflits pouvant durer. Qui sait ce que fera le ou la prochaine présidente. S’ajoute aussi le fait que l’ennemi de mon ennemi devient mon ami du moment. On a beaucoup fermé les yeux sur la corruption endémique de la classe dirigeante ukrainienne post révolution orange (Tymochenko, Porochenko … et même Zelensky selon le Guardian). Les opposants à Poutine ont des amitiés parfois douteuses (nationalistes, homophobes, etc…) et le réalisme du pouvoir transforme parfois des prix nobel de la paix (Birmanie, Éthiopie) dans les guerres civiles.
Petit rappel des conflits que l’on ignore
La guerre n’a pas de règles mais elle crée toujours des réfugiés (et non des migrants, terme fourre-tout qui nous arrange bien pour rejeter tout le monde aux frontières et dans la mer) et déplace des populations avec toujours les même images de longues files de personnes, de véhicules, heureusement pas toujours bombardées. Et dans ces conditions l’accueil des voisins n’est pas toujours à la hauteur de la situation. Nous mettrons ainsi dans des camps sordides les réfugiés espagnols (pourtant blancs et catholiques) et les harkis en France où la mort continua de roder. Nous voyons aujourd’hui que nous sommes, soit-disant prêt à accueillir ces réfugiés ukrainiens blanc, catholiques ou orthodoxes, quand par ailleurs nous rechignons sur les irakiens, syriens, yéménites, érythréens, afghans, victimes eux-aussi des mêmes maux. Mais les étudiants et travailleurs étrangers en Ukraine sont refoulés par la police ukrainienne, et peu aidés aussi par leurs ambassades. Là encore, la couleur de peau semble le critère de tri parmi ces malheureux. Nous retrouvons encore tous les critères de l’ethnocentrisme habituel qui nous fait avoir plus de peine pour celui qui nous “ressemble”. Il est aussi à parier que l’“enthousiasme” des pays voisins à accueillir les ukrainiens ne tardera pas à retomber quand les camps déborderont, quand cela posera des problèmes de nourriture, de travail, etc… Et que ressurgira la xénophobie comme cela se voit aussi partout dans le monde dans de telles situation. La crise ukrainienne créera-t-elle enfin une unité européenne sur ce sujet, comme elle semble créer enfin une unité sur la diplomatie et la défense ? Rien n’est moins sûr car les intérêts économiques restent encore bien hétérogènes sur le moyen terme. Et puis il faut aussi évoquer le regard que peuvent avoir tous les autres réfugiés en attente aux portes de l’Europe face à cela. Il y aura du ressentiment évidemment, tout ce qui peut créer des conflits, des émeutes et je pense notamment à la Grèce si fragile économiquement qui supporte environ 1,2 millions de réfugiés soit plus de 10% de sa population quand la Pologne en est déjà à 3% et la Moldavie à 10% également après 15 jours de guerre.
Les effets de bords sont légions surtout quand il semble plus facile de “donner” des armes aux belligérants que d’envoyer de la nourriture, des vêtements à des villes encerclées. Comment interpréter du point de vue russe ces livraisons d’armes ? Est-ce de fait une participation à la guerre ou pas ? Nous nous sommes posés les mêmes questions avec la guerre au Yemen (au moins 400 000 morts dont une moitié de civils), en fermant les yeux et nous bouchant les narines sur les exactions des alliés saoudiens, notamment sur les populations civiles. Les rebelles Houthis (soutenus par l’Iran) n’ont pas toujours fait mieux mais avec de moindres moyens et le support Iranien. Officiellement, les livraisons ont été arrêtées mais le circuit des ventes d’armes est toujours très opaque, comme peut l’être aussi la “grande muette”. On parle aujourd’hui d’armes pour se défendre mais une arme sert aussi à attaquer et surtout peut se retrouver dispersée après un conflit. Nous l’avons vu notamment dans la chute de la Libye qui alimenta ensuite le reste du Sahel. Qui peut dire aussi de ce qu’il adviendra de l’Ukraine dans quelques mois ou années selon la suite du conflit et des autres pays frontaliers de la Russie plus à l’est jusqu’en Asie centrale. Le Kazakhstan semblait bien fragile il y a quelques mois avec là encore un danger d’extension régionale. Nous avons oublié complètement l’Afghanistan, laissée à sa situation humanitaire critique mais les talibans ont leurs propres frontières, tout comme l’E.I avait les siennes. Et d’ailleurs les russes retrouvent les missiles Stinger qui précipitèrent peu à peu leur départ d’Afghanistan, malgré l’absence d’aviation afghane. Sur le long terme, l’Ukraine sera un bourbier aussi meurtrier que Vietnam ou Afghanistan du fait de l’aspiration à la liberté.
La guerre n’a pas plus de règles quand elle devient “cyber” et met en lumière toutes les fragilités de notre monde numérique. Il est maintenant reconnu que la Russie a développé particulièrement cette arme à travers piratages et attaques de sites ou bien encore diffusions de fausses informations aux effets plus ou moins ravageurs. La fermeture des chaînes RT en Europe n’est qu’une faible réponse et toute guerre comprend son lot d’intox de chaque coté. Ainsi a-t-on pu entendre des relents de Koweït (attaques de nurseries) du coté Ukrainien pour tenter d’obtenir une réplique militaire occidentale. Mais cette fois c’est devenu réel et par bombardement. Ce qui est bien réel, c’est le risque d’extension du conflit sur les réseaux ce qui peut nous toucher dans le quotidien, en temps qu’individu et dans les entreprises ou institutions. Pas de règles quand cela touchera des hôpitaux, des centrales d’énergie etc… On peut imaginer des répliques provenant d’individus faisant un peu trop de zèles aussi. On peut imaginer que les systèmes de paiement dont on a privé les russes, devenir des cibles, etc…Et l’on verra se propager encore plus d’infox car nous adorons toujours être abreuvés d’information par nos différents médias, réseaux sociaux compris. Pas plus tard que cette semaine, j’entendais tout et n’importe quoi dans les discussions.
Car une guerre est depuis longtemps l’objet de propagande et de désinformation. Pour l’assaillant, c’est minimiser les pertes, grossir les gains en renversant parfois les rôles d’agresseur et d’agressé. Pour celui qui est attaqué et acculé, c’est grossir les pertes civiles, tout en glorifiant les petites victoires pour gonfler le moral. Dans le cas Russo-Ukrainien, on insiste évidemment plus sur ces dégâts collatéraux pour les ukrainiens comme on voyait il y a encore peu la même chose de la part de l’Irak de Saddam Hussein, de la Palestine, et même du Kosovo. Avec la censure coté russe et le départ des médias du pays, il est encore plus difficile de connaître la vérité du terrain. On connait par ailleurs la doctrine militaire russe pour l’avoir vue en action en Syrie, en Tchétchénie, Géorgie ou Aghanistan. C’est le temps et les enquêtes d’après conflits qui ont pu démontré la vérité. Idem pour la minimisation des pertes militaires comme on le vit en Afghanistan ou au Vietnam. Les familles touchées finissent forcément par faire surgir la vérité à travers la chape de plomb de la censure. Aussi doit-on toujours prendre avec retenue toutes les informations qui circulent sur des chaînes poussées à faire dans le sensationnel. J’ai ainsi vu les mêmes images d’une manifestation pacifiste ukrainienne repoussée par des russes commentées par “Tir d’un obus et rafales de mitrailleuse” ou “tir d’une grenade et rafale de mitraillette”. La deuxième phrase était la bonne au vue des images, du souffle, du son. Dans les deux cas, les civils ukrainiens étaient aussi courageux d’agir ainsi. Ukrainiens, qui de notre point de vue, ont gagné la guerre médiatique…pour l’instant. Si un jour le rapport de force s’inverse, il faudra aussi regarder ce qu’il se passera pour les populations russophones.
Et puis aujourd’hui, nous avons vu des satellites être détruits dans l’espace il y a quelques mois par la Russie (les siens). Maintenant cela prend un autre sens. La guerre peut devenir aussi spatiale. Bien sûr, la station spatiale internationale (mais pas celle de la Chine) est dépendante de la Russie jusqu’à présent. Cela va recomposer aussi la conquête spatiale en cours vers Mars ou la Lune. Mais pour le reste, il pourrait très bien y avoir des actions dans l’espace. Alors il n’y aurait plus de GPS, de diffusion par satellite des informations et nous n’y sommes pas prêts. Certains services attendaient des lancements en Russie d’ailleurs. L’armée de l’espace voulue par certains candidats à la présidentielle paraît bien opportune aujourd’hui. Reste à savoir comment, pour quoi et s’il ne faudrait pas aussi des accords internationaux comme autrefois sur le nucléaire…qui lui aussi a besoin de nouveaux accords. Car dans l’espace, personne ne vous entend, dit-on.
En terme d’accords, la guerre commerciale n’en a pas vraiment besoin. On l’a vu mise en place très rapidement mais cela s’est fait d’un point de vue occidental, sans décision de l’ONU, veto russe au conseil de sécurité oblige. Blocus ou Embargo, ce type de guerre est la plupart du temps en dehors de tout droit international, pour ne pas dire dans l’illégalité complète. Ainsi l’embargo économique de Cuba par les USA depuis 1962 et avant la crise des missiles, est-il condamné 18 fois par l’ONU et a toujours cours puisque Trump qualifiait les cubains de terroristes et que Biden n’y a rien changé après une embellie durant le mandat Obama. Idem pour l’Iran sur fond de nucléaire où les USA exercent une pression sur les sociétés commerçant avec ce pays à travers des sanctions financières. Seul l’embargo sur les armes a été mis en place avec l’ONU. L’efficacité des mesures reste souvent faible, touchant en premier la population la plus fragile et allant même jusqu’à renforcer l’emprise des gouvernements autoritaires sur la population (cf Iran). C’est évidemment considéré comme un acte de guerre par celui qui le subit et propice à une escalade militaire s’il ne s’accompagne pas d’une porte de sortie honorable.
L’escalade est aujourd’hui imprévisible comme ce conflit soudain n’était encore qu’une hypothèse il y a un an. On peut même se dire que tous les petits conflits périphériques n’étaient que des répétitions grandeur-nature pour un conflit plus important et que cette guerre peut redéfinir aussi de “nouvelles règles”. On parle à nouveau de troisième guerre mondiale, de dissuasion nucléaire quand dans les années 90 cela semblait derrière nous. La seule règle qui semble claire, c’est que l’humain est une espèce auto-destructrice dont personne ne se méfie assez. Et que les guerres n’ont aucune autres gagnants que ceux qui n’y participent pas. A ce titre, les USA profitent de la situation pour leur propre gaz et empêtrer un peu plus l’Europe dans ses problèmes, tandis que la Chine reste observatrice comme à son habitude. La Guerre froide non plus n’a pas de règles.
Bande son : Du métal et de la confusion