Réflexion - Mon Monde d'Après
Printemps 2020, nous étions confinés pour quelques semaines. L’humain polluait enfin de 20 à 30% moins. Les animaux reprenaient des territoires pour vivre paisiblement. Et puis tout a repris, et même encore pire. Le monde d’après dont on révait n’a pas été pour cette fois. Et pourtant, ça nous a changé, enfin…Moi.
Le Travail
C’est en effet la chose qui a le plus changé chez moi. Je travaille la majeure partie du temps chez moi. Alors je manque clairement d’activité physique comme celle qui consistait à passer d’un local de travail à l’autre en montant et descendant des marches, ou aller de ma voiture ou du train au lieu de travail. Mais en contre partie, j’ai moins de déplacement justement (je vais y revenir). Mon travail d’ailleurs a beaucoup changé puisque l’automobile fait moins d’essais polluants du fait du passage à l’électrique. J’avais largement anticipé pour mon domaine avec une orientation électrique aussi sur toutes les mesures. Mais il y a encore beaucoup à faire et je vois que beaucoup de mes collègues restent nostalgiques du pétrole, du moteur qui vibre et fait du bruit. Pour ma part, je ne regrette pas de ne plus entrer dans une cabine d’essai qui pue l’essence et l’huile, couverte de gras. Maintenant, il faut juste gérer le risque électrique, faire attention aux fuites de liquide de refroidissement (car ça chauffe aussi, l’électrique).
Mon monde d’après, c’est celui où tu prépares chez toi les “déplacements” que tu vas faire sur le site. C’est celu où tu te crées des moments dans ton emploi du temps où tu travailles sur un sujet avec toi même. C’est celui où tu travailles mieux en partageant des documents. C’est celui où tu dois trouver comment garder le lien avec les différents interlocuteurs dont certains restent sur site et n’auront jamais de télétravail. C’est celui où tu trouves des méthodes pour toi pour réaliser tout ce qu’on te demande en même temps dans tes différentes missions. Car c’est aussi un monde où il y a plus de boulot pour moins de personnes, en ce moment, car toujours on tire sur la corde…jusqu’à ce qu’elle se casse ?
Les Déplacements
J’ai fait le bilan de ce que j’ai consommé comme carburant cette année passée. En dehors de la période où j’allais tous les jours ou presque chez un veto éloigné, je ne prends la voiture qu’une fois par semaine et encore. J’ai eu des mois où je n’ai pas fait de plein. Déjà que je suis autour de 4,9-5,1l/100 avec ma vieille hybride de 15 ans, mais là c’est vraiment pour aller voir la famille ou faire des courses de choses lourdes. Je préfère maintenant faire un peu de marche à pied et prendre directement ce qu’il y a à coté (j’y viens aussi plus tard). Le problème avec ce virus, c’est que je n’aime plus du tout la promiscuité avec les autres êtres humains dans les transports. D’autant qu’on va toujours avoir un petit malin qui ne met pas son masque ou le met mal, voire justifie cela parce qu’il passe un appel au téléphone. Bref, j’évite les transports en commun parisien. Et puis pour le reste, je regrette vraiment cette période du confinement où il n’y avait plus personne sur les routes. Je pense que j’utilise un peu plus le GPS pour éviter les zones de bouchon, anticiper dans mes déplacements et je reste toujours dans la zone optimale de consommation de mon véhicule, soit le plus souvent en dessous de 110km/h…J’ai envisagé le vélo aussi pour certaines choses mais il y a quelques soucis avec ça dans la ville, j’en reparlerai dans un prochain article.
Die JungFrau - Gustav Klimt - 1913
Les Vacances
En dehors de tout souci de santé ou de chat, j’avoue que je ne vois plus vraiment les vacances pareils. Oh, bien sûr, je rêve encore de retourner en Asie du Sud-est mais tout ça m’a quelque peu refroidi. Et puis l’avion, etc, c’est long, polluant et puis il y a plein de monde autour (d’ailleurs un collègue est revenu contaminé de son dernier voyage, parce qu’à Roissy c’est n’importe quoi!). De toute façon, la prochaine destination lointaine est européenne ou presque mais dans quelques années. Les vacances sont surtout un moment de pause, de calme et donc si possible sans avoir mes congénères autour. J’ai ce luxe de pouvoir être en décalage alors je ne m’en prive pas avec madame de profiter des lieux en France quand ils sont désertés par les touristes et autres vacanciers. Ça commence à se savoir chez les retraités, quand même. Non, les vacances à la maison ça marche aussi avec l’occasion de profiter des alentours dans le calme, quand tout le monde est parti. Déjà que j’adorais Paris au mois d’août avant. En fait, ça n’a pas changé grand chose pour moi finalement, j’étais déjà décalé. Pour les autres, peut-être puisque la France redécouvre la France.
La Consommation
Je ne fais clairement plus mes courses pareil. Je vais bien plus dans les magasins de proximité et je vais moins encore qu’avant dans les supermarchés. Mais en contre partie aussi, je ne fais plus de kilomètres pour aller dans un magasin qui pourrait vendre ce que je cherche quand je peux faire cela de chez moi en ligne. Bilan, plus de livraisons, plus de cartons chez moi, plus de poubelle de recyclables pleine (et l’agglomération a tout divisé par deux, sans évoluer avec son temps. Là dessus, il faudrait aussi que les éboueurs évoluent pour inverser la tendance entre recyclables et non recyclables (1 tournée / 2 tournées par semaine). Le monde d’après est celui de la livraison, avec le risque de faire venir de plus en plus loin les choses. Quoique quand on y réfléchit, nous n’avions pas toujours l’information avant non plus dans ce que nous achetions, à part quand on regardait la boite. Et puis j’ai aussi dématérialisé beaucoup de choses, tendance déjà prise avant. A rester plus chez soi, on a moins envie de s’encombrer. J’ai aussi prévu des solutions en cas de panne d’un élément essentiel. J’essaie plus de réparer moi même en m’étant doté des bons outils pour ça. La dernière fois que j’ai eu un truc à réparer, c’était aussi 80km à faire parce que des réparateurs “agréés”, ça reste limité à moins d’une dizaine pour … la France. Et on devient plus casanier à ne plus aller dans les magasins comme but de sortie. Aussi parce que l’on pense inconsciemment à ce qu’il y a …
Le Risque
Il est devenu presque une seconde nature…Surtout celui de contamination. Pas au point de ne plus dormir, de faire des cauchemars mais tout de même. J’ai toujours deux masques, du gel. Je passe mon temps à me laver les mains mais plus consciencieusement et avec des produits qui ne m’abîment pas trop la peau. Déjà qu’au boulot le protocole est presque aussi strict qu’un service d’urgence et plus qu’un EHPAD. C’est le risque qui revient souvent après avoir touché un objet après quelqu’un, quand on se retrouve dans une foule. C’est le risque comme je l’ai dit dans les transports. C’est le risque tout le temps et en même temps au bout d’un moment on se dit aussi qu’on va toujours bien quand même, qu’on pourrait peut-être lever le pied. Certains le font…Je n’arrive pas à m’y résoudre et avec les cycles de contamination, je crois que j’ai raison, surtout avec l’emballement Omicron. Tenez dans mon travail aussi ils voulaient alléger et puis hop, ça repart à la hausse, l’OMS qui s’affole. Et on finit par y repenser, par tout nettoyer une fois, deux fois, dix fois par jour. Le risque c’est aussi que l’on regarde ailleurs que notre petit monde proche, maintenant.
La Conscience du monde
Pour moi, j’ai l’impression que cette pandémie m’a fait encore plus prendre conscience de l’appartenance à un même monde. C’est assez paradoxale quand protectionnisme et xénophobie remontent dans notre pays. Et c’est d’autant plus paradoxale que tout le monde a joué solo dans la vaccination, même si l’Europe a essayé de jouer collectif en interne avec le résultat que l’on connaît. Mais aujourd’hui la mondialisation est toujours là et est même repartie de plus belle. Il n’y a qu’à voir l’encombrement de containers pour Noël. Il y a bien des années que je ne joue plus le jeu de la surenchère pour ces fêtes, que cela soit dans les cadeaux ou la nourriture. Donc cela n’a rien changé dans mon approche. Juste que nous avons maintenant un sujet commun qui réunit les êtres humains sur cette planète… Parce que curieusement, l’autre sujet du Réchauffement climatique a rencontré moins de succès, si ce n’est aussi dans les promesses. Et puis les murs continuent de prospérer, aussi bien que les mesures aux frontières pour empêcher des “virussés” de rentrer.
Il se trouve que je connais aussi ce qu’il se passe en Chine, à Pékin notamment. On connaît déjà le “fichage numérique” mais nous n’avons bientôt plus grand chose à y envier. Reste qu’il y a des contrôle quotidiens, que ce soit de la température ou du test type antigénique. Il y a des isolements drastiques au moindre doute. Il y a aussi un problème dans la reconnaissance mutuelle des vaccins entre les pays, dont ceux provenant de Chine, de Russie, de Cuba etc… La conscience du monde c’est encore et toujours la peur de l’autre, se barricader, et accuser toujours et encore. Qu’importe la provenance de cette pandémie au final. Je me souviens juste que dans les voyages en Asie, je voyais souvent des personnes porter des masques, même dans les périodes de mousson où c’est assez insupportable. Nous avions un regard moqueur…Le monde a changé, nous a mis un peu plus dans la même merde que nous avons contribué à construire par nos mauvais comportements, ne serait-ce que par l’élevage intensif et la destruction de la faune sauvage. Cette conscience du monde animale, nous ne l’avons toujours pas.
Et celui que j’aimerai
Mon monde d’après n’a rien de celui que je voudrais. Si j’apprécie de travailler chez moi, j’aimerai pouvoir circuler en toute sécurité avec un deux roue non motorisé, pouvoir avoir de la flexibilité dans les transports quand je ne suis pas dans une grande ville mais sans jongler dans des abonnements, modes de paiement. Je n’ai, par exemple, toujours pas vu de modification lorsque je vais en province ou en banlieue. J’aimerai que les produits soient moins aseptisés et recopiés les uns sur les autres dans des rayons trop grands. J’aimerai mieux connaître la provenance de tout, la composition de manière plus claire, que les emballages soient moins multipliés et polluants et en même temps que le vrac ne me ramène pas des larves de mites alimentaires. J’aimerai évidemment qu’il y ait moins de monde partout mais ça, ce n’est pas possible, même si SARS-CoV2 fait un high-score. On ne peut quand même pas souhaiter la mort de son prochain ! Ok, alors Mort aux cons ? argh, je me sens défaillir. Alors quand même, dans ce monde d’aujourd’hui, j’ai vu quelques nouvelles espèces aux endroits où je vais mais je soupçonne que cela soit dû un peu plus aux changements climatiques qu’au reste. Et j’aimerai qu’on comprenne qu’il va faloir le partager un peu mieux, ce monde et pas seulement entre humains.
Bande son : Fool’s garden