Emotions mécaniques - La Panoz LMP01 (1999)

Nouvelle rubrique pour une passion qui ne me quitte pas depuis l’enfance, même si aujourd’hui c’est un peu contradictoire avec d’autres engagements. Car je vais parler d’émotions autour de l’automobile, que cela soit en course, en collection ou simplement ce qui a provoqué la passion.

Et je commence par l’une des voitures les plus déraisonnables qui soit, la Panoz Esperante et sa petite sœur. C’est un mythe, une personnalité dans les voitures de courses. A l’heure du réchauffement climatique, c’est vraiment l’opposé complet. A savoir une sorte de Dragster qui fait beaucoup de bruit (pour rien diront les mauvaises langues). On l’a surnommé la Batmobile à l’époque pour son physique hors norme. Et je l’ai vu (et entendu) rouler (des mécaniques, hé hé) aux 24h du Mans 1999. Les photos ci-dessous sont les miennes (en argentique). Elle affrontait à l’époque la première Audi prototype (ils gagnaient l’année suivante), la BMW gagnante mais aussi une éphémère Cadillac et un autre mythe, la Toyota GT-One, quand les Mercedes CLK GTR s’envolaient dans les Hunaudières.

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Revenons un peu sur l’histoire. Panoz c’est la marque de Donald Panoz (et son fils Don), un chef d’entreprise qui fit fortune dans l’industrie pharmaceutique (Mylan puis Elan). Il a investi dans un petit constructeur en difficulté (Costin) pour relancer un roadster au moteur déjà surdimensionné. Et pour faire connaître sa marque mais aussi pour le plaisir, il lance donc la Panoz Esperante GTR-1. Il existait une véhicule de série, l’Esperante, à l’allure paisible avec un gros V8 de 305ch. Mais rien à voir avec l’Esperante conçu dès 1996 avec Reynard Motorsport, un constructeur anglais de chassis de monoplaces. Sauf que Don Panoz n’a pas voulu d’un prototype qui ressemblait aux autres. Il a voulu une personnalité très américaine. Et ça commence par le positionnement du moteur, à l’avant. Et c’est la raison de cet immense capot largement ouvert pour ventiler ce gros bébé à 8 cylindres. 6 litres de cylindrée, rien que ça, pour environ 600 mustangs. Une origine Ford mais une préparation Roush, un spécialiste du domaine…Puis ensuite la filiale Elan Motorsport.

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Aussi incroyable que ça puisse paraître, c’était une GT, donc il devait y avoir une version route. Enfin deux mais elles sont restées chez Panoz. C’était un peu le même genre de chose que les LMGT1 pour les Mercedes CLK-GTR et Porsche GT1 de l’époque. Cette réglementation ne fera pas long feu, laissant la place aux vrais prototypes (BMW, Audi). C’était une version couverte alors que les prototypes étaient des roadsters. Elle n’aura donc vécu que 3 ans sous cette forme, laissant la place à une cousine, la Panoz LMP01. C’est elle que j’ai vu dans une de ses premières courses, comme si c’était une Esperante sans toit. J’ai encore en mémoire le bruit tonitruant qu’elle faisait en sortant des stands du Mans ou en passant dans la ligne droite. Panoz avait eu du succès dans sa catégorie GT avant et avait remporté le “Petit LeMans” aux USA en 1998 (8ème au général). L’Esperante sera championne de sa catégorie, un peu esseulée dans le championnat américain IMSA, alors qu’elle marquait le pas sur les campagnes internationales. La LMP01 avait donc un cockpit décalé sur le coté, bien plus que les autres prototypes et toujours ce long capot avec moteur avant, très au centre. C’était un handicap sur certaines pistes mais elle ne s’en sortait pas si mal dans les premières années. Elle gagna le championnat américain d’Endurance, faute de concurrence (seul BMW lui fit de l’ombre mais rata 2 courses, laissant le titre pour 2 points). Les Ferrari 333SP étaient déjà trop anciennes, tandis que les Ryley & Scott de … Reynard n’eurent pas tant de succès en dehors des USA. Après 2000, elle n’était plus dans les podiums, trustés par les Audi.

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Il y a eu une version hybride de l’Esperante en 1998 qui ne donnera jamais rien. Panoz avait aussi la société Elan Motorsport qui continua à développer des prototypes de course, comme pour G-Force. Panoz participa aussi à une autre voiture improbable, la Deltawing badgée Nissan qui ne fit guère parler d’elle par son palmarès mais plus par sa forme. C’était en effet un ancien de Panoz qui porta cette voiture en forme de triangle avec un moteur avant, encore. Pour les fans, on voit la Panoz dans cette bouse de film qu’est Michel Vaillant. Au Mans, j’étais en face de la sortie des stands pendant l’essentiel de la course et on savait vite quand elle en ressortait. Mais ce qui me reste, c’est ce bruit et ces vibrations symboles d’un autre temps, d’un rêve d’enfant. Un rêve peu raisonnable, qui fait croire à tord que le bruit fait partie du plaisir alors que l’on peut aussi déconstruire cette idée par un joli sifflement de rotors de moteurs électriques. La Panoz était peut-être le dernier dinosaure de son espèce, comme la Dodge Viper l’était juste un peu avant en série. Mais ça c’est une autre histoire.

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Ecrit le : 19/02/2022
Categorie : automobile
Tags : automobile,souvenirs,course,LeMans

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