Je vais encore jouer contre mon camps (encore que…) mais savez-vous ce qu’est le E-fuel ? Un truc habilement nommé pour que ça rappelle électrique, technologie, écologie…Mais derrière ça, c’est encore un moyen de reculer pour mieux sauter, dans le mur du réchauffement climatique.

Le saviez-vous, les Formule 1 rouleront avec ces nouveaux carburants en 2025 ou 26. Alors attention, il faut relativiser ce que l’on met dans ce terme. Ici, ce sont des bio-carburants, soient des carburants produits à partir de matériaux organiques non fossiles. C’est oublier que l’Indycar, formule monoplace aux USA, utilise déjà l’éthanol renouvelable. Les E-fuel regroupent donc déjà une catégorie de carburants très hétéroclytes, les bio-carburants :

• De l’huile
• De l’alcool
• Du gaz produit à partir de méthaniseur, biomasse etc…
• Des carburants à base d’algues

A cela on ajoute :

• l’hydrogène
• le méthane (voir plus haut)
• le butane,…

Oui, vous avez bien lu, des carburants qui sont avec des hydrocarbures. Sauf qu’ils ne sont pas puisés dans le sol, officiellement, mais fabriqués par synthèse avec de l’électricité. C’est le E de E-fuel.

Et là vous sentez l’arnaque car personne ne précise d’où vient l’électricité. Mais forcément, il y a un petit souci de rendement. Admettons que ce soit de l’électricité issue du renouvelable (je vous imagine en train de faire le tri des électrons…), quel est le gain par rapport à l’exploitation directe d’un stockage d’énergie électrique ? Et bien c’est le problème de la densité énergétique qui a amené à cette solution étrange. Même si on multiplie les transformations, c’est parce que nous pouvons avoir des densités intéressantes sur d’autres formes de carburant par rapport à des batteries. Il est très loin, le bilan de puit jusqu’à l’échappement…bien caché au fond d’un rapport de lobyyiste. En fait le truc ce n’est pas le densité énergétique, évidemment, c’est de pouvoir utiliser des équipements existants avec un minimum d’adaptation. Ainsi, on sait que l’on peut recycler de l’huile de friture pour certains véhicules diesels. Et bien c’est pareil. L’avantage est que le coût carbone de la construction est aussi diminué…à condition de ne pas essayer de fourguer de nouveaux véhicules E-fuel, évidemment. On parie ?

Alors les sources de tout ça ? On voit qu’il y a déjà toute l’agriculture qui conduit à des huiles ou des alcools. Se pose la question de la concurrence des terres agricoles avec la production de denrées pour les humains… ou les animaux éventuellement. Forcément, dans une économie capitaliste, on va vers le plus rentable économiquement. Si le cours augmente pour ces denrées, hop, au revoir le pommier, le cacaotier ou le champ de laitue. On oubliera les quelques consommations de carbone pour transporter tout ça. N’oubliez pas, on transforme avec de l’électricité triée sur le volet. Idem pour la biomasse, les méthaniseur ou même les carburants à base d’algues. Ah si seulement c’était de l’algue verte produite à cause des résidus de l’élevage de porc..Zut, encore raté. Donc après, magie, le GPL devient un E-fuel, ça fait plus moderne !

Et puis il y a l’Hydrogène habilement converti au E-Fuel. Normalement, on le produit par la transformation d’hydrocarbures comme le méthane, le charbon. Mais on a aussi la production par électrolyse de l’eau avec de l’électricité. Mieux, mais pas du tout rentable en terme de rendement énergétique. Aujourd’hui c’est moins de 0,1% de la production d’hydrogène…Allez faire le tri, là encore. Alors on a mis de jolies couleurs pour différencier les modes de production mais pour l’instant, c’est totalement minoritaire d’avoir un E-Hydrogène. On y rajoutera de la production par fermentation, encore très expérimentale. Mais contrairement aux autres E-fuel, l’hydrogène ne rejette pas de particules, de résidus carbonés, etc…

Car l’autre problème de ces E-Fuels ou carburants de synthèse, c’est qu’ils ont des émissions de polluants non négligeables. On me répondra que pour certains, c’est moins qu’un hydrocarbure classique mais ce n’est pas non plus dans le même rapport que pour un véhicule électrique quand on compte la production d’électricité. Tout compris, les rendements des E-fuels sont très mauvais et ne vont certainement pas résoudre la pollution des transports en particules (la norme Euro 7, très combattue par les constructeurs, en inclut de nouvelles), CO, CO2, NOx.

On oppose ces E-fuels à l’utopie du tout électrique parce qu’il serait impossible de produire assez d’électricité pour l’équivalent du parc automobile actuel converti à l’électrique. Déjà, il ne sera pas converti en totalité d’un coup de baguette magique et son coût prohibitif va faire changer des habitudes, accentuant aussi des inégalités. Une utopie c’est de croire que l’on fera pareil qu’avant dans notre consommation. Mais faire croire que l’E-fuel va permettre de contourner cette difficulté est un mensonge car en se basant lui-même sur l’électrique avec de mauvais rendements, il accentue le phénomène. Mais que ne ferait-on pas croire à quelques politiques par ce lobbying visant aussi à garder des gisements d’emplois … L’éternel chantage à l’emploi des lobbies industriels.

Quand on voit Engie, Total et Air Liquide parler avec des louanges d’une même voix sur les E-fuels, il y a de quoi s’inquiéter. Autant que quand l’industrie automobile allemande le fait, incapable de renouveler son modèle économique premium vis à vis des concurrents chinois qui commencent à leur tailler des croupières sur beaucoup de marchés. Enfin …c’est pas si simple dans le groupe VW. A suivre ?

Un petit Metallica pour la route ?