BD - Asura's Verdict de Utsugi Unohana (2025)
J’ai hésité à parler de ce manga récent mais son sujet est plus qu’intéressant à l’époque où les réseaux sociaux se substituent aux juges et jurés.
En effet, le sujet est sensible dans ce Seinen mettant en scène des adolescents dans un lycée. “Seulement faire de bonnes actions.” Asura suit les enseignements de sa défunte mère et s’efforce toujours de faire le bien dans la vie. Peu importe combien il est harcelé, il continue avec un sourire, croyant fermement que les malfaiteurs recevront un châtiment divin. Jusqu’à ce qu’un jour, un vieil homme inquiétant lui offre une clé qui peut ouvrir les portes de l’enfer. Il se retrouve avec un terrible pouvoir entre les mains : Condamner à l’enfer les personnes qui font du mal aux autres autour de lui.

Comme on peut le voir sur la couverture du premier tome (il y en a 2 pour l’instant), Asura a le visage de l’innocence. Certains diront aussi qu’il a une tête à claque à rabâcher son mantra et croire que un jour, justice sera faite. L’auteur ne lui épargne rien. Il prend des coups, est harcelé, racketté, comme d’autres petits camarades par les plus grands, ces “graines de voyous”. Mais on va jusqu’à l’horreur dans ce premier tome qui ne s’adresse pas à de jeunes adolescents. Les “méchants” ne se contentent pas d’arracher des pattes à des insectes…Avec ce scénario, on ne peut penser qu’à une forme de vengeance ou justice divine, si l’on veut. C’est exactement comme cela que l’on “pense” collectivement lorsqu’un drame, un meurtre arrive dans l’actualité. On désigne trop vite un coupable, on pense à la loi du talion, la peine de mort ou des peines très très sévères, au moins. Sauf que nous ne sommes pas juristes, avocats ou juges, ne connaissons pas les tenants et les aboutissants, avons une vision biaisée par des médias avides de buzz, de sang.
Ici, nous sommes témoins des violences et il ne semble pas y avoir de circonstances atténuantes. Mais le pouvoir de vie et de mort est donné à un… Enfant ! Il a beau avoir le visage de l’innocence, on voit qu’au deuxième tome, il peut agir avec précipitation. Car le deuxième tome aborde le sujet des violences conjugales. Nous sommes aussi dans un cas que l’on pourrait juger extrême mais qui est bien plus courant qu’on ne le pense. La paranoïa de la mère de famille est compréhensible face à ce manipulateur pervers et violent. Heureusement, l’auteur a introduit un personnage dans ce second tome et qui peut justement prendre le contrepied de “l’innocent” Asura. On pouvait craindre que le manga tourne au massacre de tous les criminels et individus violents, tueurs potentiels que le héros rencontrerait. Dans un Japon qui est parfois si intransigeant avec les criminels, on peut craindre toute dérive.
Le récit s’inscrit aussi dans cette société actuelle qui diffuse vite des images volées, des fake news, des nudes fabriqués. C’est abordé aussi dans le premier tome et je peux largement imaginer que cela sera le cas ensuite dans d’autres rencontres. A ce stade, je trouve le sujet intéressant mais difficile. Je ne connais pas l’auteur donc aucun moyen de savoir comment la série, publiée en anglais aussi sur MangaPlus par Shueisha, va évoluer. Je peux avoir à modifier un peu l’article dans le futur, on ne sait jamais. Dans le contexte actuel, pas sûr qu’un éditeur français se risque à la traduction. Je trouve pourtant le support intéressant pour parler de ce sujet, de nos réactions épidermiques et irréfléchis à tous les faits divers. Et puis la peine de mort dont, rappelons-le, l’opinion publique était contre l’abolition le 9 octobre 1981, reste un sujet remis sur le tapis par les chaînes d’information continue et médias de droite. Nous ne sommes pas Dieu ni le Diable justement. L’auteur montre parfois trop brièvement les conséquences des actes d’Asura. A suivre…
