Culture - La revue 2025 ep.3
En général, le troisième trimestre est beaucoup marqué par des lectures de l’été, quelques films du moment, du dépaysement et des envies de changement. Est-ce le cas encore cette année? A vous de me le dire?
Cinéma - Série
- Délocalisés de Ali et Redouane Bougheraba (2025) : Le pitch était intéressant pour ce film de et avec le comique marseillais Redouane Bougheraba. Mais plutôt que les vannes, il enfile surtout les clichés comme les perles pour cette comédie vaguement sociale. Un ouvrier à qui on propose un contrat en Inde pour garder son job, on a déjà vu. Un peu de racisme anti-indien au début pour montrer l’évolution du personnage et une histoire de couple au milieu de tout ça. Un humour très régressif qui fonctionne par moment, malgré des problèmes de rythme. Il ne fera pas oublier Fernandel dans le registre marseillais, c’est sûr. Mais ce n’est pas le ratage attendu non plus avec quelques scènes sympa. EVITABLE.
- The Program de Stephen Frears (2015) : Le film retrace le parcours de Lance Armstrong et se concentre sur sa période dopage. Normalement il est basé sur une enquête de David Walsch et Pierre Ballester mais Frears a oublié de citer la partie française de l’enquête mais il montre l’omerta de ce milieu, les conflits d’intérêts mais aussi cette volonté de toujours aller plus loin, de repousser la performance humaine. C’est le cas chez le Dr Ferrari même si Frears fait aussi du cinéma avec un casting haut de gamme. Cela fait se poser des questions sur ce qu’un sportif est prêt à faire pour gagner. J’ai fait du sport pour des sensations, pas pour la victoire à tout prix, au point de s’autodétruire…Lance Armstrong reste encore dans un monde de performance, même en dehors du sport. EDIFIANT.
- City of Darkness de Soi Cheang (2024) : Un film Hong-kongais à l’heure chinoise, mais qui parle du Hong-Kong des années 70-80, des triades. Autant dire que c’est violent, c’est dynamique, ça bastonne bien avec en guest, Sammo Hung!!! Superbe photo qui rend le glauque sublime. Car c’est l’histoire d’un réfugié qui se réfugie à Kowloon, une cité dans la cité où prospèrent les gangs et les trafics. Ca défouraille et ça bastonne comme au bon vieux temps des films hong-kongais mais je n’ai pu m’empếcher de repensers aux pointures du genre. FIDÈLE AU STYLE.
- Doux Jésus de Frederic Quiring (2025) : Une petite comédie autour de la religion qui essaie de lorgner sur Sister act…avec moins d’ambition. Le casting fonctionne avec Marylou Berry et Isabelle Nanty et quelques bons seconds rôles pour cette histoire de nonne qui veut découvrir le monde 20 ans après son entrée dans les ordres. Un petit mystère en fil rouge pour ce qui tourne au road movie et on ne s’ennuie pas, sans que ça soit inoubliable. REGARDABLE.
- Les Schtroumpfs, le film de Chris Miller (2025) : J’avais été déçu par le premier film et revoilà nos sympathiques petits êtres bleus cette année. Je suis mitigé car on voit les efforts pour moderniser, pour toucher un public adulte et un public enfant, pour en dire un peu plus sur la Schtroumpfette. Il y a les habituelles scènes d’action survitaminées, roller-coaster etc. L’animation et les décors ne sont pas mauvais. Les chansons sont ratés par contre. On ne s’ennuie pas, mais ce n’est pas vraiment comme les dessins animés des années 80 qui visaient un public plus jeune. De là à dénigrer le film pour un coté woke, les haters s’en chargent…ACCEPTABLE.
- Superman de James Gunn (2025) : Et voilà un enième reboot ou plutôt une suite avec une nouvelle équipe dont le réalisateur des Gardiens de la galaxie. Je n’accroche pas aux acteurs principaux, je trouve le Justice Gang un peu ridicule et j’ai parfois l’impression de voir les Gardiens de la …. terre 4 puisqu’on emploie les mêmes recettes avec même des personnages qui rappellent ceux de l’autre licence. Mais Lex Luthor est particulièrement cruel, et chauve surtout. Une fois de plus, on a du combat à rallonge où l’on détruit tout et ça donne un film plutôt long qu’on aurait pu réduire à 1h30. MOYEN.
- Elio de Molina, Sharafian et Shi (2025) : C’est le dernier Pixar en date et cela parle d’un enfant qui a du mal à s’intégrer après le deuil de ses parents. Recueilli par sa tante, militaire scientifique (autobiographie d’un des scénaristes). Il est fasciné par la vie extra-terrestre et répond à un message supposé extra-terrestre. La réalisation est colorée et inventive, quand le scénario reste globalement banal…Cela parle d’absence, de deuil ce qui n’est pas des plus réjouissant, le héros n’étant pas toujours sympathique non plus. Mais on est touché par l’histoire en tant qu’adulte, et par les seconds rôles extra-terrestres en tant qu’enfant. Un Pixar MOYEN tout de même.
- Spy de Paul Feig (2015) : Un film d’espionnage à tendance parodique emmené par une figure récente du Saturday Night Live, je suis preneur. Après il faut aimer Melissa McCarthy et ce type d’humour, avec de gros clins d’oeil à James Bond évidemment. Des méchants très méchants, de beaux décors touristiques, et ça fonctionne plutôt bien, même en version doublée, ce qui n’est pas toujours le cas. Evidemment, on se doute de la fin, même avec quelques trahisons. Un BON DIVERTISSEMENT.
Lectures
- Wild West de Gloris et Lamontagne (2020-2025) : Cette série de BD nous emmène au far-west en compagnie de Wild Bill Hicock et Calamity Jane, notamment. Sous la plume et l’encre de Jacques Lamontagne, cette série western a de la gueule. Les personnages se croisent comme dans la réalité et aussi comme dans la légende, le récit de Thierry Gloris essayant de trouver son propre chemin. Un dessin plutôt réaliste sans être trop cru, même si ce monde est violent et sans pitié. Certains des personnages pourront d’ailleurs rappelé quelques acteurs célèbres et ça enjolive peut-être trop les choses. DÉPAYSANT.
- Le Rêve du Tchnernoblog de Melody (2025) : L’histoire de ce cosaque durant la révolution russe m’intéressait. La couverture m’intriguait avec cet immense robot. Mais voilà, ce n’est pas qu’une rencontre de l’histoire avec le fantastique et la science-fiction. Le dessin m’a perdu dans la première partie de ce roman graphique / manga. Car on ne peut nier les liens avec la culture japonaise dans ce dessin moderne. Mais la dessinatrice-autrice hésite trop dans le style, parfois détaillé et très coloré, parfois brouillon et taillé à la serpe, ou le scénario qui manque d’homogénéité. J’ai faillir abandonner … INEGAL.
- Yoko Tsuno 28 Le temple des immortels de Roger Leloup (2017) : Je trouvais que la série se perdait un peu, et cet album le confirme avec un histoire mêlant encore les vinéens, les personnages secondaires, les légendes celtiques et …le magicien d’Oz en quelque sorte. Le dessin reste fidèle mais ça en devient presque problématique car ça ne fait pas album de 2017 tout en étant pas complètement rétro. Et Yoko elle même se retrouve un peu baladée dans cette histoire trop complexe pour une cinquantaine de pages. Allez, plus que trois albums…et FIN.
- La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, Fred Bernard, Benjamin Flao (2023) : C’est l’adaptation en BD du best seller de Peter Wohlleben, un forestier et biologiste allemand qui nous parle du comportement des arbres, de leur vie et de tout ce que l’on ignore, fascinés que nous sommes par tout ce qui va vite. Il s’en passe des choses à coté de nous et c’est passionnant. J’ai repensé depuis quelque temps ma façon de voir les arbres et comment ils tentent de cohabiter avec nous qui sommes si violents et utilitaristes. Voilà une très belle introduction à ce monde fascinant et qui parle de toutes les interactions entre arbres, plantes, insectes, oiseaux, mammifères pour que la nature trouve son équilibre. Alors que l’on parle de la filière bois en tension, on ferait bien de comprendre tout le mal que l’on fait en imaginant de manière simpliste que arbre=énergie renouvelable. INDISPENSABLE.
- CLOVD I - La Dame de Bika de Florent Maudoux : Univers post-apocalyptique avec un mystérieux héros qui fait ici la rencontre de deux guerrières qui tentent de préserver le savoir… et l’imaginaire. Beaucoup de clins d’oeil à la pop culture, que ce soient les jeux de rôle, les films de star-wars, le seigneur des anneaux, le transperceneige, …. Tout ça dans un style qui mèle les influences entre Comic books US, Manga et Heroic fantasy européenne. Ce premier volume est très réussi pour présenter un univers où les maraudeurs succèdent aux bikers à la Madmax comme ennemis. On ne sait pas dire où ça nous conduira dans un spin-off d’autres séries du même auteur, sachant qu’il a déjà ouvert quelques portes ici. A SUIVRE.
- The plain salary man turned out to be a hero de Ghost Mikawa, Yuki Imano, Akira Yuki et Raika Mizuiro (2025) : Un manga diffusé par Shueisha sur la plateforme Manga-plus et qui s’adresse clairement au Salary-man japonais un peu frustré, tant c’est caricatural. Un univers fantasy ou des monstres sont dans des donjons que viennent visiter les joueurs dans un monde virtuel, un héros salarié discrt de 40 ans qui a une nièce qui vit chez lui. Toutes les femmes ont des attributs surdimensionnés au possible et se retrouvent dans des poses les mettant en valeur. Forcément, ça vient en top liste des lectures (je vous conseille les commentaires très premiers degrés…) mais ça ne va pas plus loin que la caricature et l’envie du lecteur d’être ce héros très discret. Il a même des gestes un peu déplacés. BASIQUE.
- Les heures fragiles de Virigine Grimaldi (2025) : Un livre qui n’est pas si feel-good mais qui est efficace, déjà chroniqué en détail.
- Sakamoto Days de Yuto Suzuki (2024) : Série manga en cours qui parle d’un ancien assassin virtuose qui veut vivre une vie de famille tranquille. Mais ça ne se passe pas comme prévu… Car évidemment les anciens collègues et commanditaires ne l’entendent pas ainsi, mais le personnage est si sympathique qu’il se crée lui même une famille. Le fil rouge de la série arrive au cours du 2ème volume et prend le temps d’installer les différents protagonistes. L’histoire principale démarre plutôt au 4 ou 5ème volume. Cela passe bien grâce à l’humour et l’autodérision du héros ce qui évite d’avoir trop de combats et rends l’histoire attachante. Toutefois, lorsque l’histoire principale commence vraiment les combats sont plus présents avec même une phase à la BattleRoyale un peu répétitive. Les assassins deviennent des sortes de super-héros poseurs (avec du style!) A SUIVRE. On en est déjà à plus de 25 volumes…
- La Venise des Louves de Wellenstein et Contarini (2024) : Un one shot se passant à Venise dans un univers de Fantasy des plus coloré. Des êtres mutants, des pouvoirs surnaturels, de jolies héroïnes aux pouvoirs différents et complémentaires mais une histoire qui aurait mérité un plus long déroulement tant on passe du coq à l’âne. Même pour le dessin, on passe du très beau, au franchement laid sur certaines cases d’une même planche. DOMMAGE.
- Em Silencio de Adeline Casier (2025) : L’histoire vraie du grand père de l’autrice qui a fuit le régime de Salazar était intéressante, car on voit tous les sacrifices et dangers que bravent tous les réfugiés…et ce qu’ils subissent en arrivant. Le problème est pûrement dans le style de dessin, noir et blanc aux traits appuyés. Cela passe très bien pour certaines planches mais c’est plus compliqué pour d’autres. C’est homogène dans le trait, un vrai parti-pris stylistique mais qui peut rebutter aussi et faire passer à coté d’une belle histoire dont l’autrice avoue qu’elle a du crééer quelques moments oubliés ou inconnus. SANS CONCESSION.
- Une femme dans la course de Morizur et Gwen (2025) : Cette fiction au format double album s’inspire des pionnières du Marathon, épreuve interdite aux femmes jusqu’en 1972, et olympiques seulement depuis 1984, dont j’ai le souvenir ému. Joli dessin, bon scénario pour suivre Christine de son plus jeune age jusqu’à son troisième age. Il était peut-être inutile de tomber dans la caricature sportive=lesbienne. C’est justement la liberté d’être soi et libre de son corps qui compte avant tout…Notamment dans cette belle histoire. A LIRE.
- Émotive: Voyages à bord du vaisseau mental de Sandrine Martin (2023) : Voilà une BD qui pourrait être classée en développement personnel. En effet, l’autrice part sur ce thème mais l’adapte à sa sauce avec un personnage sans doute un peu autobiographique. C’est intéressant, drôle, touchant mais … trop long pour certains passages ce qui tue un peu le rythme. Le style est original mais manque de renouvellement ou de détail sur certaines planches. Reste le fond qui est franchement intéressant et mérite une lecture. MITIGE.
- Le Secret des Secret de Dan Brown (2025) : C’est la grosse sortie internationale de la rentrée. Une sorte de blockbuster du livre avec toujours Robert Langdon. Cette fois nous partons à Prague pour parler Conscience, Expériences de mort imminente dans une course-poursuite avec des espions, un méchant mystérieux et évidemment quelques énigmes historiques. Dan Brown use de ses recettes habituelles et devient un peu caricatural. Il flirte ici avec la science-fiction, prenant quelques raccourcis qui fragilisent parfois son édifice. Mais le but est de noyer le lecteur dans des références qu’il n’ira pas vérifier pour l’embarquer dans une sorte de film d’action livresque. EFFICACE mais REPETITIF.
Musiques et Sons
- Driving to glory de Status Quo (2025) : Non, ce n’est toujours pas le prochain album de ce groupe qu’on n’attendait plus avec une nouveauté mais un moyen pour eux de lancer une tournée 2025-2026… Ils ont juste remastérisé d’anciens titres, pas forcément les plus connus mais on a juste ce qu’ils savent faire : Du Boogie Rock. Album dispensable qui permet quand même de se remettre dans l’ambiance puisqu’on attend un nouvel album courant de l’année ou l’année prochaine pour les septuagénaires. Le Rock, ça CONSERVE !
- Skeleta de Ghost (2025) : Chroniqué en détail, un album un peu plus pop pour le groupe suédois.
- La vie Moderne de La Grande Sophie (2023) : Porté par le single du même nom, le dernier album en date de La Grande Sophie nous parle … de la vie. Forcément générationnel, ses textes font mouche sur des mélodies épurées dans son style habituel. Quelques bons titres à retenir dans un album qui sort parfois du traditionnel guitare voix. Les fans sont ravis… et je parlerai bientôt d’une autre de ses oeuvres.
Jeux vidéo
- Daddy Long Legs sur Android : J’avais joué à ce jeu il y a quelques années je pense et je suis retombé dessus. Un principe tout simple : faire marché une sorte d’humanoïde aux fines et longues jambes et à l’équilibre instable. Une part de hasard et une autre de physique pour un jeu de challenge où l’on essaie de trouver des techniques pour se dépasser…enfin dépasser son score et battre les ami(e)s. SYMPA.
- Eye of the Beholder sur Commodore 64 : Ce jeu aurait eu toute sa place dans la rubrique retrogaming mais voilà, il est sorti plus de 30 ans après l’original sur Amiga, Atari ST…sur le bon vieux C64. Un dungeon crawler des plus classiques que des fans se sont amusés à refaire complètement avec les graphismes proches des originaux de l’époque. Au delà du challenge technique (qui montre la vivacité de cette plateforme aujourd’hui), on retrouve la recette classique du RPG de donjon, avec 4 aventuriers, des labyrinthes, des monstres, des allers-retours pour faire progresser son équipe. IMPRESSIONNANT.