Musique - The Essential Dolly Parton (2005)

En France, on regarde Dolly Parton avec condescendance, nous arrêtant souvent sur son physique et son look country. C’est pourtant une des chanteuses les plus influentes de la seconde moitié du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui où elle a pris sa retraite. Alors une compilation est recommandée pour mieux l’appréhender?

Il n’y a pas trop de 30 titres pour bien plus d’années de carrière ! Si officiellement elle commence à chanter en 1957, il faut attendre son départ vers Nashville à 18 ans en 1964, pour que cette native du Tennessee fasse réellement carrière. Mais à cette époque, il y a très très peu de femmes qui font de la country, genre marqué par le sexisme comme tant d’autres à l’époque. Elle commence donc par accompagner Porter Wagoner, une célébrité télévisuelle et de la musique country de l’époque. De choriste elle passe au duo avec Wagoner mais n’arrive pas à faire sa place en temps que soliste. Il lui faut attendre 1967 pour qu’un premier album sorte à son nom avec le single “Dumb Blonde”, qui ouvre aussi cette compilation. Car déjà Dolly Parton a adopté un look ravageur, qu’elle dit elle même inspirée de certaines prostituées alors qu’elle est très très loin de ces moeurs. D’ailleurs il faut souligner qu’elle restera toujours fidèle à son mari Carl Dean, un entrepreneur, jusqu’à la mort de celui-ci en 2025, chose si rare dans ce métier. Dans Dumb Blonde, justement, elle prend le contre-pied des apparences et parle de l’émancipation d’une femme, un thème qui lui est cher et qui fait aussi écho à l’émancipation d’avec Wagoner ui reste difficile. Elle vole réellement de ses propres ailes en 1973, signant le célèbre “I Will Always love you” repris par Whitney Houston avec un autre sens.

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Mais entre temps, elle enregistre en solo le magnifique “Just because I’m a woman”… Faut-il vous faire un dessin pour comprendre le sens ? Elle s’interroge en effet sur ce que l’on tolère comme aventures aux hommes et pas aux femmes. Elle aborde aussi un style plus Blue Grass dans ses enregistrements de l’époque encore très marqués par la country. Elle ne deviendra pas la reine de la country pour rien, bien avant une certaine Taylor Swift qui ne serait peut-être rien sans le parcours de Dolly. Elle n’enregistre pas que ses propres compositions non plus, comme la reprise de Jimmie Rodgers (une des grandes figures de la country des années 20-30), “Mule Skinner Blues”. Mais son premier gros hit, c’est “Joshua”, chanson au texte magnifique dont l’instrumentation rappelle la voie de chemin de fer dont elle parle. Mais j’avoue ma préférence pour le splendide “Coat of many colors” où elle parle d’une famille pauvre qui fait appel à ses propres souvenirs. Le rythme est moins enlevé pour accentuer cette mélancholie et mettre en avant le texte, se rapprochant ainsi de la folk musique. Elle est alors au top avec des textes aussi profonds que celui de “Touch your woman”, encore sur le thème de la relation homme-femme. Pour “My Tennesse Mountain home” elle met même la maison de son enfance sur la pochette du disque, le titre étant autobiographique.

En 1974, elle continue aussi avec des hits comme le sublime “Jolene”, repris récemment par Beyonce. Mais rien ne vaut l’original qui parle d’une femme blessée par les infidélités d’un homme et qui s’adresse à sa rivale..mais d’une manière qui peut surprendre. Malgré la séparation du duo avec Wagoner, elle ne s’empêche une dernière collaboration comme “Don’t stop loving me” dans cette année d’émancipation artistique. “Love is like a butterfly” a une forte influence folk et aurait pu être chantée par une Joan Baez par exemple, tant Dolly Parton est à l’aide dans les aigus. C’est aussi que Dolly Parton évolue musicalement pour ne pas se contenter de la country. Elle devient une chanteuse Populaire et pop, tout simplement. Les fans de Led Zeppelin seront interpelé par “The Seeker”, qui semble avoir pris un raccourci vers le ciel, via les escaliers…Dolly Parton commence aussi à rêver d’autre chose que la simple musique. Avec des titres très pop comme “Here you come again” elle devient une star nationale et même un peu plus. Sauf qu’il n’est pas d’elle…Elle s’essaye même à la disco avec “Two Doors down”, produit par Gary Klein (Johnny Cash, Barbra Streisand, Donna Summer…) sur une compo de Dolly. Elle chante d’ailleurs un titre de Donna Summer, le très beau “Starting over again”. Le cinéma lui ouvre une petite porte avec “9 to 5” dont elle compose le titre. Mais elle ne percera pas dans ce milieu et on la verra un peu aussi à la télévision dans les années 80. Alors elle revient un peu aux fondamentaux dans les années 80, comme avec “Heartbreak express”. J’ai une attention particulière pour “Island in the stream” gros hit en duo avec Kenny Rogers

Elle reprend quelques autres titres comme “Save The last dance for me” de Mort Schuman en 1983 mais elle ne s’exporte plus guère. Il faut dire qu’elle a beaucoup d’autres activités entre ses marques de nourritures et le caritatif avec sa fondation Dollywood qui a mis en place un programme de distribution de livres. 100 millions de livres ont ainsi été distribués aux USA et Canada par l’entremise de ses relais locaux. Elle sait bien que c’est l’éducation qui a permis aussi de la sortir de sa condition, elle qui met suffisamment en avant les textes dans ses compositions. Alors si aujourd’hui elle ne s’occupe plus que de sa “marque”, elle a servi de modèles à bien des chanteuses qui lui rendent souvent des hommages appuyés. Ses plus de 3000 chansons n’ont pas fini de repasser en radio, streaming ou reprises. Elle aura même fait un sacré album de duos rock avec la crème des chanteurs et chanteuses du genre. A l’heure du choix d’un clip, je suis partagé…

Ma chanson fétichevideo

ou un remix de Jolenevideo


Ecrit le : 16/09/2025
Categorie : musique
Tags : musique,country,pop,1960s,1970s,1980s,usa

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