BD - Full Metal Alchemist de Hiromu Arakawa (2001-2010)

Je n’ai jamais été trop Shōnen, malgré l’age où j’ai découvert les Mangas et le fait que je sois un garçon. Cela m’a fait raté quelques classiques de l’époque et après, comme cette œuvre majeure du genre.

La couverture des volumes ne m’attirait pas et me donnait la promesse de combats à chaque volume. Pas vraiment ma tasse de thé…Pourtant, certains indices auraient du me mettre la puce à l’oreille. Déjà c’est UNE mangaka et ça change souvent beaucoup de chose. Ensuite, si les premiers chapitres laissent penser à un parcours initiatique, le récit devient plus complexe dans un univers flirtant avec beaucoup de genres. Et puis on voit le style de l’autrice changer, s’améliorer au point d’atteindre le top du genre. Il m’a fallu l’émission Blockbusters (RIP…snif) de cet été pour me convaincre.

Car Arakawa Hiromu n’avait rien pour la destiner à devenir Mangaka, sinon se sortir de son environnement rural par le dessin. Si elle commence à être publiée en 1999 à 26 ans, elle est déjà prolifique et entame cette série en 2001. On peut voir encore un dessin très inspiré de l’école Tezuka, d’Akira Toriyama et qui hésite encore dans le style. Mais il y a déjà un univers, celui du pays d’Amestris où l’on fait la connaissance d’Edward et Alphonse (Ed et Al) Elric, des adolescents qui ont la particularité d’être des alchimistes (Alchemist). Ils pratiquent donc la transmutation d’objets et matières, ce qui implique des règles. Ces règles, ils les ont bafouées très jeunes pour faire revivre leur mère décédée…et l’ont payé l’un par un bras et une jambe, remplacés par de la mécanique (automail), et l’autre en “habitant” de son âme une grosse armure. Leur but est donc de trouver un moyen de découvrir un moyen de faire revenir leur mère ou au moins de retrouver l’apparence d’Al. Ed est surnomé le “Full Metal Alchemist” à cause de cela et est le plus jeune alchimiste du pays. On voit donc qu’on a du fantastique et un peu de cyberpunk et science-fiction. Mais il faut y ajouter la dystopie d’Amestris, dominé par les militaires…les deux frères étant aussi dans l’armée. A la tête de ce pays et de cette dictature militaire, il y a le terrible et mystérieux King Bradley. Mais est-ce vraiment lui qui dirige tout cela ?

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Au fil des 27 volumes de l’édition française, on va voir nos frangins évoluer et croiser une belle galerie de personnages, amis ou ennemis. Chaque personnage a une part sombre et une part plus acceptable, même nos héros. Mais en plus d’Amestris, il y a les relations avec les pays voisins et une guerre passée contre Ishbal, dont on apprend peu à peu qu’elle a été un … génocide. Il se trouve par ailleurs qu’Arakawa est une passionnée d’histoire, celle de la Chine et du Japon notamment. Il paraît donc assez probable que cela lui ait inspiré ce récit sombre. J’y vois un peu du Japon d’Hiro Ito et des massacres des militaires de cette époque, tout autant que d’autres conflits (on a des inspirations orientales, européennes dans le dessin, et puis le nom de Fuhrer, hum). Ce dessin, justement s’affirme et devient plus tranchant au bout de deux ou trois volumes. Il y a des parties réalistes pour les déplacements, des parties plus humoristiques pour certains dialogues caricaturaux et puis il y a des combats, pas si nombreux au début mais qui s’étendent vite sur quelques pages. Là aussi le trait devient plus vif, acquière du mouvement et du dynamisme. On en prend plein les yeux pour retranscrire la violence et la puissance de ces combats qui font s’écrouler les immeubles ou se soulever les sol comme un séisme.

L’intrigue principale met du temps à se construire et oublie peu à peu le parcours initiatique si typique du style Shōnen. On est face à des complots, des ennemis de plus en plus terribles, le tout agrémenté de flash-back qui permettent de construire chaque personnage, même secondaire. Mais le talent scénaristique permet de faire passer cela sans lourdeur. On verse quand même quelques larmes sur les personnages les plus attachants qu’elle peut faire disparaître ou faire souffrir, à moins qu’elle ne montre une autre facette inattendue. Chaque volume fait 4 chapitres mais elle s’arrange pour laisser un beau cliffhanger sur le dernier, dès fois qu’on s’ennuie un peu et qu’on veuille arrêter la série. C’est bien simple, je l’ai dévoré très vite jusque vers le 13ème tome. Après, j’ai senti un peu de ralentissement, dû aussi au besoin de rajouter un peu de matière au récit et à la complexité parfois presque excessive, du moins pour un lectorat adolescent. Car on aborde des choix presque philosophiques avec ce qu’implique l’Alchimie dans l’équilibre des forces. Il y a également de la politique et du religieux dans ces différents peuples qui se font face, dans la structure politique de chacun. La série devient aussi plus horrifique quand on aborde les… méchants (je ne vais pas tout dévoiler, quand même).

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Comme c’est souvent le cas, pour les réfractaires à la lecture, le manga a été adapté en série…en film, donc aucune excuse, sinon de choisir la VF ou la VO. Oui, ce sont des gamins qui sont les héros mais il y a aussi des papas, des mamans et tant d’histoires entre ces personnages qu’on en trouve forcément un ou deux de plus attachant que les autres. Il y a de beaux personnages féminins puissants, surtout. Hiromi Arakawa joue d’ailleurs avec les apparences comme personne, y mettant même quelques clins d’oeils à d’autres oeuvres. Je ne regrette donc aucunement cette séance de rattrapage et ces heures passées dans le monde des Alchimistes. Car finalement, 27 volumes, c’est peu pour une série belle et bien terminée.

Un extrait de l’animévideo


Ecrit le : 05/12/2025
Categorie : bd
Tags : bd,manga,japon,2000s,fantasy,science-fiction,steampunk

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