Musique - Ghost - Skeletá (2025)

** Déjà le sixième album studio pour ce groupe-concept suédois qui a réussi à concilier d’improbables extrèmes au point de devenir un phénomène.**

Est-ce le meilleur album pour découvrir le groupe ? Non, pas plus que ce n’est l’album de la maturité ou du retour au source. Juste une continuation d’un concept ouvertement anti-religieux et fun. Car il ne faut pas prendre toute l’imagerie de Ghost au premier degré non plus, pas plus qu’on ne prend les films d’horreur pour quelque chose de sérieux. Car le chanteur est l’anti-pape, une figure sataniste caricaturale ui permet au groupe de développer un univers et une scénographie à l’avenant. D’abord baptisé Papa Emeritus, I à V et même Cardinal Copia le temps d’une tournée, le leader reste aussi mystérieux que les membres de Kiss l’étaient à leur début, ou que les Daft Punk aujourd’hui. On en est donc au 5 ou 6ème anti-pape. C’est donc un groupe très scénique dont la musique reste d’une efficacité très pop pour les refrains mais avec un fond de sonorités metal et hard-rock. C’est cette efficacité qui les a fait basculer les frontières du metal habituel….tout en s’assurant des critiques virulentes des puristes du satanisme qui n’ont pas gouté les emprunts du groupe.

Image

Donc c’est armé d’un peu de second degré, d’autodérision et d’ouverture d’esprit que j’écoute cet album. Et j’avoue qu’il a tourné un petit moment avant cette chronique. C’est agréable à écouter, mais sans que ça me provoue trop d’envie de faire tourner un titre ou deux en boucle. Après une intro enfantine qui exciterai un prêtre défroqué, on entre dans un morceau plutôt pop en voix claire avec juste ce u’il faut de guitare et de batterie pour ne pas tomber dans le syrupeux. Mais cela aurait pu être d’un grupe glam des années 80 aussi…le solo me faisant penser curieusement aux voisins de WigWam. Pas de quoi tirer une larme pourtant, quand on passe au plus heavy “Lachryma”. Du déjà entendu dans le genre certes avec là encore un coté un peu rétro, surtout pour le refrain catchy façon hard US, comme aurait pu le faire un Alice Cooper période “Trash”. Le single “Satanized” est suffisament radiophonique pour passer sur les radios rocks françaises, c’est dire. Des choeurs dans le refrain, une rupture de rythme, une imagerie accrocheuse, un son de guitare bien tranchant et ça fonctionne totalement pour rester dans la tête. On rentre dans quelque chose de plus intimiste avec “Guiding Lights”, balade dégoulinante d’angelots et de bons sentiments. Que ça doit être tout mimi dans les concerts à se prendre dans les bras et renier Belzebuth. J’ai eu peur d’y rester au début de “De Profundis Borealis” mais heureusement ça envoie enfin du lourd que cela soit rythmiquement et sur le refrain bien accrocheur à souhait. De jolies envolées de guirare en fond pour y répondre et ça vous réveille le démon qui sommeillait.

Car mine de rien, il faut ça à mi-album, même si le format ne veut plus dire grand chose à l’ère du streaming. Deuxième signle potentiel avec ce “Cenotaph” au riff classique et au refrain encore bien senti. On pourrait oublier que le groupe se veut pseudo-satanique pour se souvenir des meilleurs moments du hard-rock des années 80. Sans doute pour réunir et séduire petits et grands et les enroler dans l’armée du démon, ha ha … En plus le solo est quelquechose de si caricatural qu’on voit bien cela chez …Europe, par exemple. Du fun, je vous dit. “Missilia Amori” est plus fin 80 début 90 dans son style avec un refrain aussi catchy que le riff qui bient derrière. Un petit synthé très new wave finit de séduire les plus pop. Alors quand on enchaîne avec la marque du démon et sa rythmique plus martiale, ça colle bien à l’ambiance. Un refrain encore magistral pour être repris par les disciples des premiers rangs. On se prosterne devant notre Papa Emeritus. Pour le coté sombre, on pouvait espérer avec “Umbra”….mais les synthés très 80s vous emmène plus coté permanente du coiffeur. On s’attend presque à voir débarquer un Motley Crüe avant que le couple ne commence vraiment. Notre anti-pape a encore le chic pour ce mélange envoutant qui fait appel à nos plus bas instincts de hardos mélodique. Et il nous termine avec la ballade “Excelsis” pour nous absoudre de tous nos péchés de gentillesse…Argh, c’est trop dur de résister !

Au final, c’est un album qui paraîtra bien plus pop que tous les précédents, à l’image de ce qui avait été composé pour le film sorti en 2023. Et pourtant c’est diaboliquement efficace, presque comme un Stock Aitken Waterman des années 80. Cela fait appel à notre mémoire musical pour les plus anciens d’entre nous ou leurs enfants qui ont du subir nos disques. Et en même temps c’est tellement bien fichu niveau scénographie qu’on ne peut que sourire et chanter. “Come with me to the Holy Land” dit la chanson finale…or to the damned pop land ! Virage pop définitif ou pour mieux nous préparer à un enième nouveau Papa Emeritus ?

Le Single video


Ecrit le : 15/07/2025
Categorie : musique
Tags : musique,pop,metal,2020s

Commentaires : par Mastodon ou E-Mail.