Musique - Morcheeba - Escape the Chaos (2025)
Le temps n’a parfois pas de prise sur certains artistes. Cela fait 30 ans que ce groupe existe, plus de 25 ans que je les écoute et le plaisir est intact.
Pourtant j’étais plutôt inquiet quand le trio formé par les frères Godfrey et Skye Edwards est devenu duo. Il y a bien eu la période 2005-2010 sans Skye mais elle était remplacée. Il faut dire que Paul étant parti en 2014, le groupe s’appelait momentanément Skye and Ross…Mais finalement ils ont trouvé un accord et les voilà repartis à 2 pour quelques albums et donc s’échapper du chaos?

On retrouve bien le style DownTempo typique de Morcheeba mais cela fait quelques années qu’on ressent bien le côté soul électronique avec toujours des influences hip-hop qui mettent si bien en valeur la voix de Skye. Dès les premières notes de “Call for love”, je me retrouve en terrain connu, me remémorant un “Fragments of Freedom”, entre autres excellents albums du combo de Londres. Ce petit voile sur la voie de Skye n’a pris aucune ride. Le duo signe tous les titres mais a le renfort du fils de Skye sur quelques morceaux à la batterie, ou encore le mari de Skye à la basse. La production reste assurée par Ross Godfrey ce qui assure forcément une cohérence avec le son Morcheeba. Commencer un album par un single, ça marche bien…Mais le deuxième titre, “Elephant clouds” reste très bon, juste un peu moins catchy. C’est toujours une douce caresse soul. Autre single mais très différent, “Peace of me” a le renfort du rappeur Oscar Worldpeace. On a un petit coté Massive Attack, autre chantre du style Trip-hop si difficile à définir. C’est très électro, plus rugueux sur les parties rappées. Et en 4 morceaux, on a les singles de l’album avec le plus doux “We live and die” qui fait preuve d’un brin de nostalgie positive sur ces petits moments de vie. La guitare de Ross est bien mise en avant sur les envolées de Skye.
Mais il ne faut pas croire que tout est dans le début de l’album. Il y a de belles mélodies simples comme “Far we come” qu’on ne peut s’empêcher de mettre en replay pour ce sentiment d’apaisement que ça apporte. Alors oui ça rappelle un peu d’autres morceaux du groupe (Paul Godfrey trouvait qu’il se répétait…) mais le refrain est si bon qu’on ne se prive pas. Et les morceaux s’enchaînent sans trouver vraiment de faiblesse. Et pourtant ce n’est pas du copier coller d’une recette. Par exemple “Bleeding Out” a une rythmique plus electro-funky et des envolées plus aiguës pour Skye. “Cooler Heads” est très minimaliste dans son intro au synthé et ses notes de charango (le retour…pour ceux qui connaissent l’album du même nom). Il y a souvent eu des intermèdes instrumentaux comme cela. “Hold It down” aurait pu faire aussi un excellent single tant l’air reste dans la tête. On a même droit à des airs de Bossa Nova sur “Dead to me” pour le dépaysement. La femme de Ross, Amanda Zamolo vient aussi faire un featuring sur Pareidolia. Alors lorsqu’arrive le dernier morceau, pas de tristesse car on n’a qu’une envie : Rappuyer sur Play pour une boucle infinie et se laisser aller dans l’univers musical et doux de Morcheeba.
Décidément hors des modes et indémodable, Morcheeba poursuit sa route contre vents et marées. Il fallait aussi que la co-leader du groupe assure toujours autant vocalement et se sente à l’unisson avec la musique. Je signe tout de suite pour un douxième opus.
