Série du passé - Nestor Burma (1991-2003)
Son interprète nous a quitté il y a deux ans et a marqué le personnage créé par Léo Malet. C’est le détective privé à la française et avec lui tout une imagerie très rétro.
Détective parisien à la gouaille prononcé, le personnage de Léo Malet est déjà un séducteur dans les bouquins, un peu fouteur de merde. C’est une sorte de Philip Marlowe made in Paris qu’avait créé l’auteur dans les années 40 et qui eut près de 35 ans de carrière…littéraire (sans parler des adaptations de Tardi). Il prit sa vraie dimension dans l’après guerre où son langage fleuri et ses manières un peu à l’américaine faisaient mouche comme roman de gare, alors que justement les aventures du héros se passent avant guerre, au début. Il est même sous l’occupation allemande avant de trouver d’autres aventures plus contemporaines. Il fallait lui trouver un acteur à la hauteur et avec son image de crooner un peu dandy, Guy Marchand collait plutôt bien au personnage. Il eut d’autres interprètes pourtant (même Michel Serrault et Michel Galabru) mais celui qui colle au plus près à l’image c’est celui de cette série un peu décalée dans les années 90. C’est un peu comme les Brigades du Tigre pour les années 70… Mais après tout, les films de gangsters bien parigots étaient régulièrement rediffusés.
La série garde évidemment le nom de l’agence de détective de Burma : Fiat Lux. Il est aussi fauché que le héros des livres…et son auteur. Il aime aussi les jeux de mots et se moquer de ses interlocuteurs, surtout les policiers. Et il a une secrétaire plutôt sexy dont la relation reste trouble, entre femme, amante ou confidente. Et la série recycle aussi le commissaire Florimond Faroux (Malet a le chic pour les noms…). Il fallait là toute la bonhommie de Pierre Tornade, présent sur les 6 premières saisons. D’ailleurs, je considère qu’après la saison 6, la série s’essouffle en essayant de renouveler son casting. Il y a également un inspecteur souffre-douleur pour accentuer le ridicule de la police, et un indic-adjoint, Zavater, qui reste là aussi très identifié à Michel Fortin, dont on connaît bien la voix comme doubleur. Pour la secrétaire Hélène Chatelain, il faut croire que la série les usait car on a vu se succéder Sophie Broustal, Natacha Lindinger, Géraldine Cotté, Jeanne Savary dans le rôle. Enfin, le dernier personnage est la voiture de Burma, une Peugeot 504 cabriolet bleu marine du plus bel effet.
Si certains épisodes sont inspirés des épisodes écrits par Léo Malet, comme le héros est passé dans l’époque contemporaine, il a fallu adapter très largement. Mais cela reste fidèle à l’esprit des livres qui avaient, de toute façon, pris un petit coup de vieux. Burma se retrouve soit avec des clients, et surtout des clientes qui créent des problèmes, ou se retrouve au mauvais endroit, presque suspect des meurtres qu’il essaie d’élucider. Hélène Chatelain peste toujours sur les comptes de Fiat Lux et Zavater se déguise parfois pour s’infiltrer comme indic. Mais surtout il y a de joli(e)s seconds rôles, autant pour les hommes, que pour les femmes, souvent fatales ou en détresse. On retrouvera ainsi Jean-Claude Dreyfus, Bernie Bonvoisin, Michel Muller, Charlotte Valandrey, Elisa Tovaty, Tonya Kinzinger, Natacha Amal, Jean-Pierre Castaldi, Pascal Greggory, Jacques Francois. Il y a beaucoup des acteurs du monde du théatre parisien de cette période avec quelques jeunes acteurs et actrices en devenir.
Alors bien sûr nous sommes dans un Paris un peu fantasmé, pas tout à fait contemporain. Le personnage de Burma est plutôt macho, souvent goujat avec sa secrétaire dont la relation a peut-être inspiré James Bond et MoneyPenny ? J’ai plus de souvenirs des premières saisons que des saisons 7 et 8 où Elisa Servier (dans le rôle du commissaire Niel) ne parvient ni à faire oublier Pierre Tornade et Patrick Guillemin, ni à remplacer la secrétaire de Burma dans son cœur. Il faut croire que Burma se complaît dans une vision plutôt passéiste, dans le cliché du détective solitaire, de l’homme à femme. Plus vraiment dans l’air du temps, dirait-on ? Et justement, il y a beaucoup d’autodérision dans le jeu de Guy Marchand ce qui empêche de prendre tout ça au premier degré. C’était bon comme un vieux film noir et blanc, malgré parfois des intrigues un peu courtes ou téléphonées. Pour tout dire, ça m’a fait lire les livres de Malet que j’ai pu trouvé, et lire aussi les BD de Tardi. Mais aujourd’hui je ne regarde plus ça avec le même oeil, surtout avec au moins une rediffusion. Je ne suis pas nostalgique de cela mais il y a encore un petit charme qui opère. Celui du personnage ou de Guy Marchand ?