Musique - Véronique Sanson - La Seine Musicale 2025
C’est donc à Boulogne-Billancourt, que j’ai pu enfin voir en live Véronique Sanson, artiste majeure de la chanson française. Après des problèmes d’addiction, de santé, la voilà à 76 ans pour peut-être la dernière tournée ?
Pourquoi elle ? Tout simplement parce que c’est une des seules à savoir faire groover le français. Entre Pop, Rock et Jazz, ses chansons ont traversé les années 70, 80, 90 surtout avec une somme de hits impressionnante. Elle a eu une vie aussi rock’n roll que son répertoire, sinon plus. Et en plus nous sommes un peu “voisins”, donc ça crée des liens. Je n’avais pas révisé avant d’y aller et pourtant je me suis aperçu que je connaissais encore certaines paroles par coeur. Mais parlons un peu du contexte. C’était la première fois dans cette salle datant de 2017 et située sur l’île Seguin, lieu historique de l’usine Renault, fourguée à des promoteurs et milliardaire par la mafia UMP des Hauts de Seine. Ici c’est Bouygues qui sont coupables de la réalisation de ce truc tout en longueur et sans âme. Il faisait nuit, évidemment et rien n’indiquait la nature du concert du soir. Un comble ! La salle est plutôt bien équipée acoustiquement mais dans un ton sinistre. Les sièges sont fins, peu confortables et presque aussi serrés que ceux de l’Olympia. Comme toujours les toilettes sont mal positionnées, mal foutues, sous équipées. Pas d’espace merchandising, des espaces restaurations à des prix prohibitifs, ou servant des coupettes de champagne sponsorisées. On est loin du standard du Palais des Congrès par exemple. Le public avait plutôt 60 ans de moyenne d’age avec quand même quelques enfants, jeunes adultes ici et là. J’étais plutôt inquiet après avoir visionné la dernière tournée et les dernières prestations télévisuelles. Si les aigus ne sont naturellement plus là, le vibrato se faisait plus hésitant…En attendant, nous avons droit à une bande son très jazzy où je reconnais un Herbie Hancock, par exemple.

Il est un peu plus de vingt heures quand un homme arrive seul sur seine avec une guitare folk. Il se présente et oui, c’est bien lui, Christopher Stills, le fils de Véronique et Stephen Stills (Stills, Nash and Young, etc…). Il commence par nous parler de la Californie dans une chanson en anglais dans une salle plutôt froide et peu anglophone. Bonne voix, même si moins timbrée que ses parents, bon jeu de guitare, c’est sympa. Il nous présente alors sa fille Sarenne avant d’attaquer le hit de Joni Mitchell, “Free man in Paris”, que j’adore. Il nous rappelle aussi que la chanson parle d’un certain David Geffen, ami de Joni…Sa fille fait surtout les harmonies, assez timidement encore. Il fait un de ses titres ensuite avec une Gibson Firebird bleu pâle du plus bel effet. Et il nous fait aussi une reprise étonnante de “Eleanor Rigby”, titre que j’aime aussi particulièrement, à l’électro-acoustique. Il faut dire qu’il a à peu près mon age…comme le temps file. Et justement, il y a ainsi un entracte de 10 minutes avant le véritable début du concert. La Salle n’est pas chauffée pour un sou par cette première partie mais elle est bien pleine avec du mouvement.


A près de 21h, les musiciens s’installent et les lumières se mettent en place. Véronique Sanson arrive tranquillement par la droite en marchant et entonne une chanson qui remercie son public, “J’ai eu envie de vous revoir”…Étonnant de commencer par cela mais au moins nous sommes rassurés : Elle marche sans claudiquer, elle a une voix stable et puissante, elle est souriante, heureuse de voir une telle salle pleine pour le troisième soir ici. Elle continue sur “C’est long, c’est court” et aucun doute, il va y avoir du groove ce soir. Elle n’a rien perdu de sa verve au piano et avec elle on a une sacrée brochette de musiciens et de choristes. Un guitariste (Basile Leroux) qui la suit depuis un paquet d’année (ainsi que Eddy Mitchell, Goldman, Higelin…), un bassiste du même tonneau (Dominique Bertram), un batteur, un percussionniste, un clavier, deux choristes…et un trio de cuivre qui a fait son entrée et assure l’ambiance et quelques chorégraphies avec leurs instruments rutilant. Si le décor semble triste et minimaliste au début, il s’éclaire peu à peu en différentes couleurs, soulignant l’orchestre par des virgules lumineuses. Rien d’exubérant mais ça correspond plutôt bien à cette ambiance. Le son est bon, même si l’arrangeur a du s’endormir un peu trop sur le potard de la basse au début. Déjà Christopher Stills avait fait deux fois la remarque…Le public se réveille, applaudit en rythme, la machine est lancée. Elle nous prévient qu’elle en a un peu marre d’entendre toujours les même titres à la radio et qu’elle va proposer des chansons moins connues. C’est toujours intéressant, notamment pour rappeler qu’elle est autrice compositrice.



Elle enchaîne d’abord les titres au piano puis se lève pour céder la place à un de ses choristes (Mehdi Benjelloun) qui prendra aussi la guitare acoustique à un autre moment. Elle est en confiance avec cette troupe qui l’accompagnait déjà sur la tournée Hasta Luego qui ne m’avait pas époustouflé sur l’enregistrement du Dôme de Paris. Au moins, elle ne triche pas…Mais là elle est parfaitement au rendez-vous. Il y a bien quelques blancs …où elle nous rappelle que nous sommes un peu trop silencieux. Évidemment, la salle se réveille plus bruyamment aux premières notes de Vancouver, où elle est à nouveau au piano. C’est encore une fois magistral pour ce classique. Les titres passent si vite avec cette qualité de groove inimitable. On pourrait croire qu’elle chante en Anglais mais non, c’est bien le Français qu’elle fait sonner comme aucune autre (Berger, Nougaro, Jonasz, Sheller, Higelin peut être pour les hommes?). Et soudain des spectateurs se lèvent et foncent sur le devant de la scène. Ah oui, c’est “chanson sur une drôle de vie” et cela semble comme une tradition de la faire avec le public debout au plus près. D’ailleurs les musiciens font signe de venir. Oh ce n’est pas un concert de rock mais ça y ressemble déjà un peu plus. Les téléphones sortent hélas un peu plus pour immortaliser l’instant. J’ai moi même fait ce que j’ai pu dans la vidéo plus bas. Je préfère vivre le concert et ne pas m’embarrasser d’un matériel plus adapté. Tout le monde a le sourire, saute et applaudit. Il était temps…Elle enchaîne sur “Bernard’s song”, qu’on connaît plus pour son refrain “il n’est de nulle paaaAaaaaarrr” … Oui, tout le monde chante maintenant, même si cela reste un peu timide. Autour de nous, ça se lève et ça esquisse quelques pas de danse. Voilà “Rien que de l’eau”, succès des années 90 au son un peu différent du reste du répertoire du soir….Et quoi ? c’est déjà fini ?



Mais non, c’est l’heure d’un premier au-revoir où elle laisse ses musiciens terminer par des soli, puis un salut..Une petite coupure et là voilà qui revient pour un titre à la guitare, “On m’attend là bas”, où Christopher Stills la rejoint aussi avec sa Firebird. C’est rock et ce titre date de 74 pourtant…L’ambiance est maintenant au top. Et cette fois les musiciens partent pour la laisser seule au piano avec deux spots. elle sera rejointe par sa petite fille un peu plus tard pour Ma Révérence mais que faire face à un tel monstre de la chanson pour exister. Véronique sourit, blague et le poids des années semble loin maintenant…Pas de quoi tirer la révérence justement ? Alors elle nous invite à chanter sur Bahia. Christopher la rejoint aussi et c’est donc en famille qu’ils entonnent ce titre lui aussi classique. La salle se réveille enfin pour les chœurs. Elle s’amuse au Piano, surjouant un peu pour rigoler et insuffler encore ce rythme imparable. Quelle tristesse de voir le trio se lever encore pour saluer. Ils quittent la salle par la droite dans un dernier pas de danse. Cela a semblé trop court, plus court sans doute que les années passées mais l’énergie était là, plus homogène, plus qualitative et c’est bien ce qui compte. Le public sort avec le sourire, plutôt satisfait et c’est ce qui compte. J’ai bien en tête d’autres titres mais c’était déjà bien comme cela pour une artiste à la si longue carrière. Elle a parlé brièvement d’une chute passée. C’est aujourd’hui oublié. Elle a rendu aussi hommage à Violaine, sa sœur qui l’a soutenu particulièrement dans les mauvaises périodes. Je n’ai même pas regardé si la tournée continuait en 2026…Ah oui, plus qu’une date cette semaine. Pour la suite, sa drôle de vie nous le dira…



La Setlist était donc la suivante :
- J’ai eu envie de vous revoir
- C’est long, c’est court
- Mi-maître, mi-esclave
- Étrange comédie
- Doux dehors, fou dedans
- Juste pour toi
- Vancouver
- Le désir
- Le temps est assassin
- Chanson sur une drôle de vie
- Bernard’s Song (Il n’est de nulle part)
- Rien que de l’eau
Rappel : - On m’attend là-bas
- Visiteur et voyageur
- Ma révérence
- Bahia

