BD - War of the adults de Kappy et Masaaki Tsuzuki (2025)

La dystopie est un genre à la mode…On se demande pourquoi. Cette nouvelle série pas encore traduite ou éditée en volumes aborde le genre comme un Shōnen adulte plutôt…réaliste.

Tout commence pourtant par le plan habituel de l’adolescent rebelle qui a été marqué par la mort de son père et passe son temps à se battre. Jusqu’au jour où il se fait renverser par un camion pour sauver un chat. Un coma de 15 ans et le revoilà à redécouvrir le Japon transformé… par son accident. Car un politicien était là ce jour là et a trouvé le prétexte du carnet de note du garçon pour prendre le pouvoir et imposer des caméras partout, que plus personne n’ait rien à cacher et qu’on sache tout sur tout le monde. OK, le début est un peu capillotracté mais la société décrite ensuite ressemble trait pour trait à celle qui s’installe… ou existe dans un pays voisin. Tout le monde filme tout le monde pour un rien et détourne les images pour faire passer des idées égocentriques, devenir célèbre, avoir des likes. On a une sorte de profil social avec des points et des rangs permettant de faciliter les accès aux meilleurs places aux concerts, restaurants, etc… Et pour ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang, il y a des camps de rééducation en dehors du pays. Ah oui, le but est d’avoir des points pour être “Adulte”, ce qui permet notamment à des jeunes de l’être avant la majorité…mais à des adultes de ne plus être considéré comme cela. Effrayant ? Moi je dirais qu’on est à deux doigt de cela si on laisse le pouvoir à certains ici même en Europe.

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Ce manga qui en est à peine au 4ème volume ou équivalent détourne ainsi l’idée que la surveillance ce n’est rien si on n’a rien à cacher. Évidemment, tout le monde a quelque chose à cacher ou peut fauter. Mais cela montre surtout la manière de détourner le système avec des mauvais comportements non repérables par cette sorte de réseau de surveillance à intelligence artificielle. Notre héros, Yutaro est vite abordé par un journaliste de tabloïd qui lutte à sa manière contre ce système. Lui même est prêt aussi à des chantages et piège ainsi cet adolescent qui redécouvre un monde qu’il ne maîtrise plus. 15 ans plus tôt, il n’y avait pas de smartphones aussi puissants, pas ces millions de caméras, pas les réseaux sociaux et streaming. Oui, c’est aussi allé très vite dans ce sens mais on ne s’en rend plus compte.

Le dessin de Masaaki Tsuzuki est dans la veine réaliste du manga, reproduisant un Tokyo actuel avec juste… l’ajout de caméra. Car les auteurs ont bien pris le parti de donner la date : 2025 ! Je ne sais pas comment le Japon a évolué sur la surveillance mais avec des conservateurs toujours très forts au pouvoir, il y a tout lieu de penser qu’une bascule sécuritaire pourrait se faire, toujours masquée par les bons sentiments. Qui pourrait critiquer le fait d’être honnête et prévenant avec son prochain? Et le manga de commencer aussi par montrer les bons cotés pour nous faire adhérer à cette société. Ainsi plus besoin de CV pour l’embauche quand le profiling du système de surveillance suffit. Mais le petit chantage au jugement par un client dans un restaurant suffit à montrer la dérive, surtout quand il note plutôt en fonction du physique des serveuses. On est bien dans ce Japon du patriarcat…

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Comment va évoluer l’histoire ? On a bien le fil route du démantèlement de ce système de surveillance mais on se doute aussi qu’il y aura les recette habituelle d’un genre visant adolescents et jeunes adultes. Le politicien est ambitieux et prêt à tout dans sa vision de mégalomane. Le fait de vouloir être adulte est le sujet initial donc il y a parcours initiatique, travail, autonomie, etc… Mais on se rapproche du genre Seinen par l’aspect politique qui rappelle aussi un titre comme Sanctuary. Sachant que l’ouvrage commence par une dédicace à tous les garçons et filles de cette nation. A suivre…ou à surveiller !


Ecrit le : 06/10/2025
Categorie : bd
Tags : manga,japon,dystopie,anticipation,2020s

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